Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir Zaho de Sagazan se placer au devant de la scène musicale française. Il faut dire que du haut de ses 24 ans, la chanteuse, compositrice et interprète donne tout, et ça se ressent. Son album La Symphonie des éclairs est un hymne à l’amour et à la sensibilité, des musiques électro vibrantes qui s’élèvent au-delà des nuages pour toucher en plein cœur. Ce jeudi 25 janvier, elle performait à Chaillot. Un concert électrisant !
Edit : Zaho de Sagazan a remporté quatre prix sur cinq nominations aux Victoires de la musique 2024, Chanson originale de l’année, révélation scène, révélation féminine et album de l’année.
Ce n’est pas Zaho de Sagazan qui ouvre ce spectacle, mais bien sa sœur Leïla Ka, chorégraphe et danseuse. Contrairement au concert joué la veille, son solo Pode ser laisse le pas à un quintet : Bouffées.
Sur scène, cinq danseuses se placent debout face public en ligne droite. Leurs longues robes à fleurs colorées tombant aux chevilles ont un aspect intemporel. Cinq femmes au regard rivé sur le sol respirent ensemble, en silence. Leurs mouvements au préalable lents s’accélèrent, se précisent. Elles répètent les mêmes mouvements, une boucle infinie dont il est impossible de sortir. Leur coordination est telle qu’on en perd le fil, on est hypnotisé par leurs gestes saccadés, cette surenchère d’accents, de corps qu’on oblige à bouger. La danse est rapide, leurs souffles marquent le rythme, qui ne s’arrête pas. Et elles chutent au sol, ensemble, séparément, elles chutent et se relèvent, essayant désespérément de saisir une chose qui leur échappe.
Bouffée fait partie de ces chorégraphies qui se ressentent entièrement. Une séquence de souffle et de lutte acharnée. Un combat que reprend Leïla Ka dans son spectacle Maldonne en prolongation à cette séquence. En quelques mouvements, elle parvient à faire transparaître la condition des femmes, celles qui sont obligées d’exécuter les mêmes mouvements à longueur de journée. Des gestes millimétrés dont il faut se séparer !
Place à Zaho !
Et voilà que Zaho entre sur scène, accompagnée de ses deux musiciens : Rémi et Antoine. Elle s’assoit à son piano, sa silhouette se dessine sur une lumière blanche en contre jour, enveloppée d’une fumée volatile. Un espace intime où elle peut laisser venir ses émotions et chanter. Alors les douces notes électro de “La fontaine de sang” s’élèvent, une introduction lente bercée par la mélodie au piano. Sa voix se pose et envoûte, elle ferme les yeux et respire sa musique. Dès les premières paroles, la puissance de son interprétation est totale, Zaho de Sagazan est sur scène avec nous, en elle.
Entre Zaho de Sagazan et sa musique, il n’y a pas grande différence. Toutes deux se reflètent et alternent entre délicatesse et frénésie. Cette ambivalence fait toute la force de ses compositions, et sur scène, elle est transposée dans ses gestes, dans la lumière, dans l’énergie que dégagent ses musiciens. Aller voir Zaho chanter, c’est franchir les portes de son univers qu’elle nous transmet avec toute sa sensibilité : “Je suis très sensible, je suis née comme ça, je n’arrivais pas à gérer mes émotions”. Zaho ne se cache pas, elle se livre à coeur ouvert, nous parlant d’elle, de qui elle était, de celle qu’elle est devenue.
“Laissez parler votre corps”
Tout du long, Zaho de Sagazan nous invite à lâcher prise : « N”hésitez pas à laisser parler votre corps, on est là pour ça« . Alors pas question de rester figé sur place, son énergie est communicative. Avec elle, le public s’éveille et franchit pendant quelques instants ses propres barrières, celles que chacun s’érige. Lumière rouge, stroboscopes, la cadence élevée de « Tristesse » emporte, les rythmes des percussions se répercutent sur la chanteuse, elle danse, sa gestuelle est en parfait accord avec la musique. Sa voix grave et profonde est portée par les basses, tout raisonne, tout est plus fort !
Cette fougue monte crescendo. Plus le concert avance et plus la musique électro se fait ravageuse et sombre. Zaho répète « Ne te regarde pas, lâche toi », tout en fixant droit dans les yeux son public. Elle s’approche de lui et lui parle, elle le défie et on se prend au jeu.
Zaho de Sagazan s’impose comme une nouvelle figure majeure de la musique électro. Sa sensibilité porte ses chansons et se déverse. Elle place l’art du chant et de la musique sur la plus haute marche.
Zaho de Sagazan jouera au Zénith le 13 mars prochain.
Avis
Zaho de Sagazan ne passe désormais plus inaperçue, et on sait pourquoi. Avec ses chansons françaises électros, elle parvient à mêler douceur et puissance. Elle nous transporte dans son univers qui reflète sa sensibilité, celle qu'elle ne veut plus cacher. Sur scène, elle performe dans son art et propose un concert de haut vol.
2 commentaires
Adieu , je pensais qu’avec La symphonie des eclairs vous seriez entrer dans la cour des Grands, mes trop de paroles inutiles dans trop d’interviews, et puis, cet horreur de vendre son art à une pub m’ont définitivement cassé le mystère que vous aviez en vous….
Trop banale pour un talent en sursis, dommage.
N’hésitez pas à aller à un de ses concerts : elle vous fera changer d’avis.