Avec In my forest, la pianiste et compositrice Élodie Sablier nous invite à découvrir son nouvel album à travers une performance hypnotique.
In my forest est un moment à part. Nous ne connaissions pas Élodie Sablier, et nous n’imaginions d’ailleurs pas assister à un concert de piano pendant ce Festival d’Avignon ! Mais quelques secondes du teasing video ci-dessous ont suffit à nous convaincre. Il faut dire qu’en terme de capital séduction, le piano est déjà plutôt bien loti. Alors, si on lui ajoute une artiste virtuose, nous sommes bien incapables de résister…
Un voyage à dos de notes
Élodie Sablier offre une parenthèse dans le tumulte du festival. On prend place, le silence se fait, et le voyage commence… C’est une atmosphère intime qui nous enveloppe, rapidement teintée de sonorités riches, poétiques, parfois troublantes et audacieuses. Formée aux conservatoires de Lyon et de Paris, ainsi que dans une école de jazz à Valence, la pianiste plusieurs fois récompensée présente ici son quatrième album.
Et ce qui nous captive rapidement dans sa manière de jouer, c’est cette façon qu’elle a de laisser aux notes le temps d’exister, de leur octroyer de l’espace, de leur laisser la liberté de résonner. Les premières minutes du concert sont en cela assez fascinantes. C’est comme un dialogue qui s’instaure entre elle et l’instrument. D’ailleurs, elle ne joue pas seulement du piano, elle joue aussi avec le piano, laissé intégralement ouvert sur son mécanisme, s’aventurant parfois au-delà du clavier.
Une empreinte bien à elle
Il y a de l’originalité dans les créations d’Élodie Sablier. En effet, elle joue avec les rythmes, la puissance, et même la lumière qui se dégage de ses compositions. Elle crée des ruptures et parvient ainsi à susciter l’inattendu, à nous plonger dans des atmosphères à la fois surprenantes et envoûtantes.
Parfois légères et délicates, lumineuses, presque vaporeuses, parfois plus puissantes et profondes quand les notes semblent s’abattre dans un déluge duquel on n’a nulle envie de s’abriter, ses mélodies sont un ravissement. À travers elles, mais aussi à travers les mouvements du corps abandonné à la musique, la sensibilité et l’humilité de la pianiste nous parviennent sans détour.
Une mise en scène intelligente
Mais de quelle mise en scène pouvons-nous bien parler autour d’un concert au piano, vous demandez-vous sûrement ! Eh bien, après avoir passé le premier tiers du spectacle le dos tourné à son public, la jeune femme déplace ensuite son instrument pour s’installer de trois-quart pour le second tiers, et enfin dans l’autre sens pour le dernier. Cela ne semble pas grand chose, mais a directement impacté notre expérience. Laurent Provots a vu juste.
En effet, tandis qu’elle se tenait de dos, nous nous abandonnions volontiers à la musique, laissant parfois nos yeux se fermer pour mieux observer les paysages qu’elle nous dessine du bout des doigts. Ceux de ces forêts au cœur desquelles elle vit et a puisé son inspiration. Puis, lorsque ses mains et les expressions de son visage nous sont devenues visibles, plus question de fermer les yeux.
Et alors, nous ne savons plus trop nous décider entre ses mains qui dévalent parfois le clavier dans une impressionnante cascade de notes, ou son visage sur lequel les émotions s’écrivent et dessinent d’autres paysages… Car l’artiste, habitée par ses mélodies, déploie des trésors de grâce et de poésie dans sa manière de jouer. On pourrait presque ressentir l’intention posée derrière chaque note. Sa sensibilité nous émeut, jusque dans ces quelques mots échangés après le concert.
In my forest, d’Elodie Sablier, mise en scène Laurent Provots, à découvrir du 07 au 29 juillet, à 21h (relâche les lundis), au Théâtre des 3 raisins.
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Avis
C'est une expérience musicale hypnotique que nous offre Élodie Sablier, une exploration. Son jeu très instinctif et passionné nous transporte dans les décors de sa forêt aux mille nuances.