Companion est un thriller produit par la team de Barbare, avec un concept aguicheur : et si une sex doll dernier cri se rebellait ? Une promesse qui ne porte malheureusement pas vraiment ses fruits
Companion semble d’emblée être le style de film à twist dont raffole M. Night Shyamalan ou même le producteur Zach Gregger (derrière la jolie surprise Barbare). Pourtant ce premier long-métrage de Drew Hancock distribue ces billes dès la bande annonce : le film nous présente Iris (Sophie Thatcher), une jeune femme sans histoire follement amoureuse de son copain Josh (Jack Quaid).

Tout semble aller pour le mieux, alors que le couple est invité dans une grande demeure en pleine nature afin d’y retrouver des amis à Josh (un couple homosexuel, et un entrepreneur russe louche affublé de sa maîtresse). Malheureusement, un sanglant accident va révéler la vraie nature d’Iris : il s’agit d’un robot de compagnie dont la fonction est d’être la parfaite petite-amie de son utilisateur. Choquée par cette découverte, elle va devoir tenter de s’échapper alors que les hôtes ont un autre plan en tête…
Fleshlight simili-humaine
Bref, Companion affiche un programme excitant, même si légèrement gâché par sa promo ou même son déroulé : on sent que quelque chose déconne chez Iris lorsqu’elle arrive dans ce décor luxueux, et que le spectateur ne voit en elle qu’une amoureuse transie sans réelle personnalité. Une remarque par ci et par là plus tard, le film dévoile le pot-aux-roses de manière sur-explicative par un Josh faisant désormais office d’antagoniste.
Dès lors, Companion verse dans le survival, oscillant entre tension et comédie, tout en voulant avoir un discours moderne sur la toxicité amoureuse… le tout dans un emballage d’anticipation dans la mise en garde de l’accès aux nouvelles technologies. Un programme à plusieurs niveaux thématiques et théoriques, faisant malheureusement plus penser à un melting-pot d’influence plutôt qu’à un script parfaitement digéré.

Quelque part entre Gone Girl, Revenge et Ex Machina, Companion embrasse finalement de gros sentiers battus sans jamais réellement exploiter chacune des pistes : l’humour devient programmatique (sauf dans son climax rédempteur) et désamorce les instants de tension, la fuite du personnage est vite balayée pour garder le récit en quasi huis-clos, les accès de violence n’ont jamais l’âpreté nécessaire au choc voulu…
Companion : pot pourri de Black Mirror
De plus, Drew Hancock varie les points de vue sans proposer un réel suspense à hauteur de son personnage. Une héroïne intéressante à plus d’un titre, réagissant avant tout comme une petite amie trahie plutôt qu’un robot développant es capacités d’éveil. Ce qui nous mène quand même à quelques chouettes idées dans ce Companion… arrivant sans doute un peu tard pour être vraiment subversif.
On notera cette tablette de contrôle à distance capable de modifier la voix, la langue ou des traits physiques, comme une appli de retouche (on notera quand même la naïveté de placer un curseur augmentant ou non l’agressivité d’un robot de compagnie jusqu’au meurtre, les compagnies d’assurance doivent adorer ça dans le futur). Ou bien une confrontation renversant les pouvoirs en place, usant à bon escient de l’allure sympathique de Jack Quaid pour mieux la tordre (on ne comprend toujours pas comment dans ce futur proche n’importe quelle personne sans gros revenus est capable de s’acheter une telle sex doll).

Car même si le cast secondaire est utilisé à de fâcheuses fins de cabotinage, Companion se veut assez solide lorsqu’il s’intéresse (de manière tardive) sur la relation centrale du film, et bien sûr, sur une très bonne Sophie Thatcher. La jeune actrice prouve une nouvelle fois qu’elle est un talent émergent de la scène hollywoodienne, dans un rôle entre vulnérabilité et ludisme (on voudrait presque voir une suite vu les prémices finales).
Film qui se réveille un peu tard
Dommage qu’en voulant être dans l’ère du temps, Drew Hancock ne veuille pas jouer avec son concept, enchaînant les idées jamais réellement traitées. Reste l’évocation globale de son concept, où tel un Black Mirror le spectateur est directement confronté à sa dépendance croissante aux nouvelles technologies. Une dépendance révélant les parts les plus sombres de l’humain, mais ce ne sera pas nécessairement dans ce Companion gentiment inoffensif (malgré une fabrication carrée) qu’on y trouvera la satire diaboliquement fun vendue.
Companion sortira au cinéma le 29 janvier 2025
avis
Companion gâche les cartes de son jeu en flirtant avec divers genres et influences sans jamais imposer de point de vue singulier ni réellement exploiter ses idées créatives. Pourtant bien réelles, ces dernières parviennent un tantinet à faire illusion via une fabrication propre et son duo d'acteurs principaux engageant : pour le reste, ce simili épisode de Black Mirror fait plutôt office de coup d'épée dans l'eau !