Passée discrètement sur nos radars, on s’est empressé de dévorer la première saison de Breeders, une magnifique perle britannique.
Paul et Ally sont deux jeunes parents qui s’occupent de leurs deux enfants. Une vie normale pour deux personnes normales. Produite par Sky et diffusée sur FX outre-Atlantique et Canal+ chez nous, Breeders est une co-création originale de Martin Freeman qui endosse également le premier rôle de cette comédie douce-amère so british, partiellement inspirée de sa propre expérience de jeune père. Une pépite magistrale.
Créée par Chris Addison et Simon Blackwell, respectivement réalisateur et scénariste notamment de Veep, la série reprend les craintes et les déboires parentaux de tout jeune couple dans un naturel déconcertant. 10 épisodes de 20 minutes permettent d’appréhender sur un format court, percutant, les appréhensions familiales de cadres qui tentent de faire cohabiter leur vie professionnelle et familiale chamboulée par l’éducation de tornades blondes.
Les enfants sont merveilleux
En ces temps de confinement, rien de tel que de relâcher la pression en regardant les malheurs des autres, ou du moins les aventures confinées d’une famille à laquelle on s’identifie instantanément dans un huis-clos particulièrement crédible. Parce que si certains peinent de faire l’école à la maison, Breeders montre plutôt qu’il est légitime de galérer à faire cohabiter la vie de couple, professionnelle et familiale avec l’éducation tâtonnante de ces premiers « procréateurs ». Le partage des jouets, la pause cigarette qui fait du bien ou la confrontation avec les parents fortunés, tout ici est prétexte pour asséner un regard plein de tendresse sur une vie parfaitement normale.
A ce titre, Si son compère de Sherlock excelle à transmettre des émotions complexes, qui se glissant dans des personnages magnétiques, Martin Freeman est phénoménal de réalisme. C’est dans les petites attentions qu’il trouve sa force de jeu, un hochement de tête surpris, un regard exaspéré, de quoi galvaniser Breeders de sa présence rassurante et dynamique, empathique et sincère. Un jeu humble renforcé par celui également magnifique de sa moitié, Daisy Haggard. Un duo de choc dont l’honnête performance permet d’aborder nombre de thèmes délicats, des maladies de l’enfance au deuil parental ou l’immuable éclatement des familles de classe moyenne.
Dans un cocktail d’émotions démentielles, Martin Freeman livre un de ses rôles les plus personnels pour faire de Breeders un ascenseur émotionnel délicat à ne surtout pas louper.