Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu était attendu au tournant comme un pari ambitieux autant financier qu’artistique pour Guillaume Canet, qui signe une adaptation aussi fade que complètement désincarnée.
Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu tente ainsi de renouveler la formule de ce qui paraît assez évidemment être notre plus grosse franchise nationale. Vendue a des centaines de millions d’exemplaires et traduites dans nombre de pays, l’œuvre d’Albert Uderzo et René Goscinny a ainsi assez évidemment pu compter sur les salles obscures pour étendre ce glorieux succès. Après les multiples adaptations animées signées des auteurs et les plus récentes, très recommandables d’Alexandre Astier et Louis Clichy, Guillaume Canet succède ainsi au franchouillard mais néanmoins fidèle Astérix et Obélix contre César de Claude Zidi (près de 9 millions d’entrées), et au culte et indétrônable Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat et ses 15 millions d’entrées.
Malheureusement, l’argent a peu à peu tourné la tête des financiers, qui ont ainsi rapidement trahi l’œuvre originale pour la muer en des machineries boursoufflées peuplées de stars, dont le succès plus modeste d’Astérix aux Jeux Olympiques (près de 7 millions d’entrées, tout de même) et de son tournage désastreux ont montré le pire de ce que pouvait proposer la franchise au cinéma. Une descente aux enfers confirmée avec Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté et ses 4 millions d’entrées, éloignant alors de près de 10 ans cette nouvelle adaptation live qu’est Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, qui fort d’un tout nouveau casting et de toujours plus de guests, ne semble avoir rien compris à l’exercice, aussi périlleux soit-il.
Potion générique
Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu propose ainsi une toute nouvelle histoire, co-écrite par Guillaume Canet et le duo ayant précédemment collaboré aux Guignols de l’info et la trilogie des Tuche, Julien Hervé et Philippe Mechelen. Et tous semblent ainsi rapidement écrasés par le poids de l’œuvre d’Albert Uderzo et René Goscinny, se contentant de proposer un patchwork aussi fade que peu inspiré de ce qui faisait le sel des aventures de nos très chers Gaulois. Mis à part quelques dialogues sur le féminisme et une plus grande place accordée aux personnages féminins (Audrey Lamy est excellente en Bonemine), Guillaume Canet ne sait jamais ainsi imprimer son adaptation d’une quelconque signature tant il semble, de plus, emballer cette immense machinerie avec une désinvolture presque manifeste.
Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, malgré son budget astronomique et l’ampleur des moyens déployés, n’est ainsi jamais la grande aventure promise, comme perpétuellement affublée d’une peur évidente pour le metteur en scène d’approfondir quoique ce soit, des nombreux guests inutiles aux superbes décors ici malheureusement réduits à une enfilade de vignettes expédiant l’ensemble à une cadence infernale. On semble ainsi assister à un projet complètement désincarné rejouant ce qui avait fait le sel des adaptations passées sans jamais ni rien ne s’approprier, et malgré de nouveaux visages, ne rien proposer de neuf. Même les blagues sonnent faux, car soit attendues où débitées à la va-vite par des acteurs campant des adolescents attardés en oubliant presque d’y apporter une quelconque tendresse.
Gaule désincarnée
Ainsi, s’il était attendu au tournant, Gilles Lellouche s’en sort avec les honneurs en succédant à l’indépassable Gérard Depardieu, en singeant, avec amour et générosité, un personnage qui demeure le seul à sonner un peu juste. Tandis que Jonathan Cohen et Ramzy Bedia lassent, au milieu d’acteurs cabotinant parfois avec une joie communicative (Vincent Cassel en César), d’autres irritent, à l’image d’une Marion Cotillard aussi abusive en Cléopâtre que réjouissante dans un second rôle inattendu. Et les guests n’apportent strictement rien, en étant de simples et inutiles figurants à un Zlatan pourtant bien introduit, se heurtant comme à l’image du film, à toutes ses ambitions pour repartir aussi rapidement qu’il était venu. La jeune Julie Chen, révélation du film et fil rouge de l’intrigue, s’avère même un peu à la peine en jouant au premier degré face à des acteurs lâchés en pleine cour de récréation.
L’on gardera pourtant les belles compositions de – M-, qui semblent habiller les images d’un autre film que cet Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu. Imprégné de l’influence d’Ennio Morricone et de Vladimir Cosma, cette réappropriation réussie incarne tout ce que n’a pas su faire Guillaume Canet avec ce pari aussi risqué que malheureusement manqué. Parce que son adaptation ne laisse aucun autre goût en bouche que celui d’un rendez-vous raté, et d’une entreprise aussi imposante que définitivement vaine, d’un metteur en scène dépassé par un projet qui ne lui ressemble définitivement pas, et auquel il ne parvient donc logiquement à ne rien apporter de neuf qu’une pâle redite, monotone et cruellement désincarnée. D’une potion magique, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu n’en est finalement qu’une générique.
Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu sort le 1er février 2023.
Avis
Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu dépasse Guillaume Canet qui ne parvient jamais à s'approprier l'œuvre d'Uderzo et Goscinny qu'en signant une adaptation aussi fade que désincarnée. Un spectacle étonnamment avare en scènes et répliques fortes qui se contente d'être une vision générique campée par des acteurs cabotinant sans jamais apporter la moindre magie et en égarant toute tendresse, à l'exception d'un Gilles Lellouche convaincant en Obélix.
2 commentaires
Pas du tout d’accord !J’étais dans une salle pleine hilare tout au long du film ,on s’est régalé, un des meilleurs films Asterix !!!
Merci quand même d’avoir lu notre critique et d’avoir partagé votre avis !