Il y a 45 ans, une atroce scène de déjeuner marque l’histoire du cinéma. Depuis Alien Le Huitième Passager, l’influence de la franchise reste incontestée dans le milieu de la science-fiction horrifique. En 2024 Fede Alvarèz ajoute sa pierre à l’édifice avec Alien Romulus, nouvel opus brillant d’originalité et dirigé d’une main de maître
Avec Alien Romulus, sequel se situant chronologiquement entre les évènements d’Alien le Huitième Passager (1979) et Aliens, le Retour (1986), la franchise culte reprend un coup de neuf. Cette année, 45 ans après la sortie du film de Ridley Scott, Fede Alvarèz se réapproprie les codes de la saga et propose un film glaçant et surtout absolument génial.
Digne successeur de son illustre prédécesseur
Alien Romulus est le nouveau film d’une franchise de science-fiction déjà bien connue du grand public. L’enjeu était donc de taille pour Fede Alvarèz, réussir à se réinventer sans pour autant perdre les fans de la première heure. Sur ce point, Alien Romulus est une totale réussite. Le réalisateur incorpore très intelligemment des références aux quatre premiers films de la saga, parfois très évidentes et parfois plus subtiles. Alvarèz parvient surtout à insuffler une vraie originalité à ce nouvel opus. Le film est jalonné de preuves de l’attention portée par le réalisateur aux moindres détails constituant le cœur de l’univers d’Alien. Aussi, l’influence de H.R Giger (dessinateur de l’alien de Ridley Scott) est très visible dans le film d’Alvarèz. Et ce, notamment par des allusions à l’univers de l’artiste, univers marqué par une fusion entre le corps humain et la machine.
Évidemment, pour tout fan d’Alien, le personnage de Sigourney Weaver, actrice principale des quatre premiers films, est un incontournable. Et Alvarèz n’a pas oublié l’importance du personnage féminin pour son film. Cailee Spaeny, Ripley 2.0 dans Alien Romulus, se glisse dans les pas de son aînée, une lourde tâche qu’elle remplit haut la main. Aux côtés de Spaeny, Aileen Wu, nouveau visage dans l’industrie du cinéma, interprète Navarro, rôle dans lequel elle crève l’écran par un charisme indéniable. Et si Isabela Merced est la seule femme légèrement en retrait, le personnage de Kay porte haut les couleurs d’une féminité résolument badasse.
Une ambiance à en couper le souffle
Alien Romulus est une expérience à absolument vivre en salle obscure. L’ambiance sonore du film y est tellement importante que rien n’équivaut à la pression qu’on ressent, seul face à l’écran, accroché à notre fauteuil. Dès le début, le ton est donné. Avec une longue ouverture dans un silence complet, on comprend très vite qu’Alien Romulus ne va pas être un film pendant lequel on va beaucoup respirer. Entre vrombissement des machines et souffles pesants des différents vaisseaux, le son a une importance particulière. L’ouverture d’Alien Romulus donne l’impression de savoir où on met les pieds, ou du moins, on en a l’impression…
Si par moments, l’omniprésence de l’atmosphère sonore se discute, il faut tout de même avouer qu’elle est nécessaire. Alien Romulus nous tient en haleine jusqu’au bout. On a sans cesse l’impression que c’est bon, ça n’ira pas plus loin. Mais non. Sur ce point, autant la mise en scène que les acteurs que la bande originale nous entrainent dans un tourbillon infernal qui ne semble pas vouloir s’arrêter. De fait, on ne voit pas le temps passer et surtout, lorsque les lumières de la salle se rallument enfin, on reprend une première respiration bien nécessaire après près de deux heures en apnée.
Un casting sans faute
L’ambiance et la mise en scène léchée ne seraient évidemment rien sans un casting tout simplement exceptionnel. David Jonsson dans la peau de l’humanoïde, ou plutôt de « personne artificielle » pour reprendre les termes que le personnage affectionne, crève tout simplement l’écran. D’un calme olympien, le caractère détonne d’autant plus au milieu d’un ouragan d’événements qui ne semble pas vouloir s’arrêter. Andy est touchant, sa mimique triste nous va droit au cœur. Sur ce dernier point, il est nécessaire de constater que tous les personnages suscitent chez nous une forte empathie.
En effet, le cliché du spectateur qui ne peut s’empêcher de juger le personnage pour des actions idiotes n’existe pas dans Alien Romulus. Bjorn, joué par Spike Fearn, est le personnage typique de celui qu’on aurait envie de détester, mais on ne peut pas. Tyler, joué par Archie Renaux, penche au début dangereusement vers le classique du beau gosse un peu crétin. Mais une fois de plus, on se rend compte que ce n’est pas que ça. Les personnages sont un mille-feuille d’émotions qu’on ne découvre que très progressivement. Et si un début de frustration est susceptible de naitre, le scénario nous réassene une telle claque, qu’il nous est tout simplement impossible de ne pas compatir à ce qui leur arrive.
En tout bon sequel, Alien Romulus se situe dans une chronologie déjà explorée par les précédents cinéastes de la franchise. Pourtant, tout en établissant une filiation avec les derniers opus Alvarèz s’en éloigne aussi. De fait, Alien Romulus est un pur film de science-fiction et d’horreur, qui ne s’embarrasse pas d’origines mythologiques. Un film qui fonce avec un scénario parfaitement ficelé dans une ambiance lourde et suffocante, le tout dirigé d’une main de maître.
Alien Romulus est en salle dès le 14 août 2024.
Avis
Marqué par des choix de mise en scène franchement incroyable et une maîtrise incontestée de l’univers de la franchise, Alien Romulus est le sequel dont on avait besoin après l’échec des derniers films.