Alibi.com 2, suite du plus gros succès au box-office de la désormais incontournable Bande à Fifi, cache derrière sa machine à gags infernale une comédie aussi inutile que dispensable.
Alibi.com 2 est le dernier né de La Bande à Fifi, portée par Philippe Lacheau, qui depuis ses débuts sur CANAL+ a rempli les salles de cinéma avec beaucoup, beaucoup de succès. Depuis l’hilarant (et désormais culte) Babysitting sorti en 2014 et ses 2,4 millions d’entrées, l’ascension fut fulgurante avec sa suite, le moins recommandable Babysitting 2 et ses plus de 3 millions d’entrées, dont le sommet fut atteint avec Alibi.com, premier du nom et ses 3,6 millions d’entrées. Mais Philippe Lacheau et sa bande ne se sont ensuite pas contentés de suites, étendant leur univers potache en transfigurant Tarek Boudali en réalisateur avec les succès consécutifs d’Épouse-moi mon pote et 30 jours max (qui aura aussi droit à sa suite) et sur Prime Video avec l’adaptation de LOL : qui rit sort pour Amazon.
Philippe Lacheau s’est aussi avéré plus ambitieux, en adaptant tout son amour pour le manga avec l’honnête Nicky Larson et le Parfum de Cupidon et pour les super-héros avec le récent Super-héros malgré lui, atteignant à chaque fois, et ce, peu importe les conditions sanitaires, plus d’un million de spectateurs avec lui. Alibi.com 2 a donc les épaules pour tenir tête au mastodonte Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu au box-office, mais réussit-il cependant sa mission, plus compliquée, de comédie réussie ?
Greg et gags
Alibi.com 2 semble immédiatement conscient de sa propre futilité. Greg (Philippe Lacheau) s’ennuie, et son mariage avec Flo (Élodie Fontan) sera l’occasion de rouvrir les portes son entreprise Alibi.com pour mentir sur l’identité de ses vrais parents, à savoir un père escroc (Gérard Jugnot) et une mère actrice de films de charme (Arielle Dombasle). Mais tout cela tient sur une boîte d’allumettes, et ce n’est jamais ce qui semble intéresser Philippe Lacheau et sa bande, tant le scénario co-écrit avec Julien Arruti et Pierre Dudan, ne s’encombre même plus de nous raconter la moindre histoire sans risquer de se répéter, tant cette suite s’avère surtout pensée pour déclencher des rires en cascade, comme une, parfois vaine mais quelquefois grisante, machinerie infernale à gags.
Alibi.com 2 n’est ainsi pas tant une énième comédie potache et une suite façon redite qu’une véritable expérimentation visuelle de chaque instant pour tenter de faire décrocher les mâchoires de ses spectateurs. Philippe Lacheau expliquait qu’il annotait de son scénario tous les moments où il souhaitait déclencher un rire, et c’est ce qui fait (parfois) le tour de force comme l’immense faiblesse de cet Alibi.com 2. Parce que sur le fond, rien n’est à sauver, et les pires reproches que l’on pouvait faire au cinéma de la bande nous explosent rapidement à la figure : humour franchement graveleux, parfois ringard et surtout cruellement daté, facture technique plus qu’approximative, et surtout des clichés à la pelle dont on ne cherche même plus à se moquer et qui révèlent un cruel manque d’imagination et même une certaine flemmardise.
De la suite sans les idées
Alibi.com 2 aurait ainsi pu être emballé à la va-vite il y a déjà plusieurs années, à l’heure où des faiseurs comme Max Pécas où Jean-Marie Poiré régnaient en maître sur ce type de production au ras de la ceinture. Parce que l’écriture grossière et poussive, en pilote automatique va jusqu’à parasiter certains gags qui finissent alors par tomber à plat, tant ils s’avèrent aussi attendus que rebattus. Et c’est là que même le désir de machine à gags permanente de Philippe Lacheau s’enraye : parce qu’à force de tout enchaîner à une cadence infernale, l’ensemble, censé être drôle, finit alors par épuiser et pointe un certain vide, tant le scénario semble n’en savoir rien à faire ni de ses personnages ni de ses situations, perpétuellement occupé à mettre en place la vingtaine d’autres gags qui suivent.
Avec la rapidité d’un teckel sous cocaïne, Philippe Lacheau accouche donc d’une suite finalement ratée, même lorsque tout semble réuni pour exploser dans une scène de double-mariage aussi hilarante qu’épuisante, et que tout l’ensemble tombe finalement à plat. Retombé sur la route d’un scénario aussi attendu que lourdingue, Alibi.com 2 échoue alors à peu près sur tous les plans : le fond, la forme, et surtout le rire, la bande ne parvenant jamais à le pousser jusqu’à son paroxysme. La machinerie s’efface alors et le résultat s’avère aussi cruel que décevant : derrière l’avalanche de gags, il n’y a finalement rien de bien intéressant à se mettre sous la dent, et ce, peu importe les artifices pour tenter de la cacher. Alibi.com 2, ce n’est finalement que vide et gros gags.
Alibi.com 2 est actuellement au cinéma.
Avis
Alibi.com 2 se rêverait en performance comique sans temps mort, mais se trouve rapidement freiné par son évident manque d'idées. Tous les défauts inhérents au cinéma de La Bande à Fifi explosent alors, et ne laissent rien de cette suite qui derrière sa machine à gags infernale, n'a finalement rien de neuf à proposer qu'une énième comédie potache, aussi datée que complètement dispensable.