Nicolas Winding Refn n’a jamais démérité son statut de génie de plasticien et Too Old to Die Young, sa première création de série, est là pour nous le rappeler.
Dans l’univers obscure et mystérieux de Los Angeles, un policier (Miles Teller, l’acteur de Whiplash) se transforme en un tueur à gages seulement intéressé par le meurtre des plus monstrueuses personnes qui peuplent les États-Unis. Derrière ce pitch à la Dexter, Too Old to Die Young développe une mise en scène que les mots ne suffisent pas à décrire, mais on va néanmoins essayer d’en faire ressortir deux aspects qui montrent pourquoi Nicolas Winding Refn est unique.
Comparable à Goya dans sa période des peintures noires.
Si on fait un rapprochement entre le grand peintre espagnol et le prodige danois, c’est qu’ils développent tout deux un art de la composition hors du commun et surtout, ils montrent un art de la noirceur. Ils ont cette facilité à révéler les monstres qui sommeillent autour de nous, mais aussi au plus profond de notre âme. Par sa réalisation lente, contemplative, ainsi qu’avec ses pointes de clair et obscure et ses jeux avec la lumière urbaine, Nicolas Winding Refn impose un style singulier qui pénètre l’esprit du spectateur, qui l’oblige à avoir une réaction émotive par rapport au récit – qu’elle soit négative ou positive.
Un travail sur le son qui laisse sans voix.
On ne parle jamais assez de l’importance du son dans un film. Bien entendu, la qualité de la bande sonore musicale est essentielle, or comme à son habitude, le cinéaste en a une somptueuse. Mais il faut pointer du doigt le mixage, car il nous fait presque regretter que cela soit une série et qu’on ne découvrira la suite que sur petit écran avec des enceintes faiblardes. Les bruitages de Too Old to Die Young sont splendides, complexes, puissants et on sent une attention aux moindres détails. En soi, on baigne dans une ambiance immersive qui nous empêche de regarder ailleurs. Ce sommet sonore se dévoile particulièrement lors d’une course poursuite en voiture mémorable (oui, il aime ça). Après cela, au bout de deux épisodes, on est tout simplement accro.