Il y a des films qui valent le coup d’être vus, et il y a les autres. Ceux qu’on conseille à son meilleur ennemi ou à la petite nouvelle de la rédaction. C’est comme ça que j’ai eu la chance de regarder Budapest de Xavier Gens.
Quand on m’a proposé de visionner Budapest, j’ai tout de suite su que ce ne serait pas mon style de film. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n’accroche pas à l’humour beauf, celui où l’on est sensé rire d’un enchaînement de blagues sous la ceinture, qui reflètent particulièrement bien les personnages : des hommes soi-disant virils dépassés par ce qu’ils entreprennent.
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Non mais sérieusement, quel est l’intérêt de se focaliser sur ce type de mecs ? Il en court déjà plein les rues alors pas besoin, en plus, de se les coltiner à l’écran. Si je les cherche, je descends en boîte parisienne et le tour est joué ! Mais non, certains se sentent quand même obligés de créer un film entièrement dédié à cette espèce … Je vous assure, inutile de faire un zoom dessus, elle n’est pas en voie d’extinction.
Vous vous dites peut-être que j’en rajoute, que c’est parce que je suis une meuf… Oui, oui, oui, j’en suis une ! Mais qu’on soit meuf, mec, trans ou non-binaire, un film de m**** reste… un film de m****. Pas besoin de tergiverser sur le sujet.
Mais qu’est ce qu’on s’ennuie…
Je vous dépeins un peu le tableau, histoire que vous ayez quand même un petit aperçu. Imaginez-vous sur votre canapé, face à vous, votre ordi où les scènes de Budapest défilent. Plus elles avancent, plus vous sentez votre corps se dérober à votre conscience, il s’affaisse dans les coussins, vos oreilles bourdonnent, vos yeux luttent pour rester ne serait-ce qu’une seconde de plus ouverts. Par instants, vous riez – pas grâce au film, ça non – mais parce que vos nerfs lâchent.
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Alors oui, si vous cherchez des drogues, de l’alcool et des filles à moitié nues, pas de problème, on vous les sert sur un plateau. Mais même ça, Xavier Gens ne sait pas le rendre attrayant ! Et pourtant, ce n’est pas la matière première qui manque. Faut croire qu’il préfère en rester à une version ratée et sans intérêt de Very bad trip, car à quoi bon chercher l’originalité quand on peut être dans le cliché ? Alors oui, Budapest, c’est un peu le shot de trop, celui qu’on a oublié d’avoir pris mais qu’on arrive à regretter.
Aux balbutiements d’un scénario
Faudrait quand même un jour qu’on m’explique. Pourquoi les mecs ont-ils toujours un truc à prouver ? Ils cherchent quoi en montrant qu’ils en ont une plus grosse que leur voisin ? Faut redescendre un peu hein, c’est pas parce que tu t’es fait recaler à l’entrée du Castel Club que tu dois forcément trouver une idée à la noix pour montrer que t’en as dans ton calbut. Monter une agence spécialisée dans les enterrements de vie de garçon en Hongrie, c’est certain que ce n’est pas le meilleur moyen pour revaloriser un ego. Les frustrations typiquement masculines je vous le dis, elles n’ont pas grand intérêt.
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Ah et aussi, un autre truc, faut savoir se renouveler ! J’explique un principe de base : quand on se lasse déjà d’une scène à sa première occurrence, pas besoin d’en refaire trois autres dans le même lieu. Alors les tirs à la kalachnikov chez le trafiquant d’armes ou les soirées alcoolisées à la Palinka, ça va bien une fois. Retenez ça, un mauvais coup reste souvent un mauvais coup.
Ça parle pour rien dire
On dit que les filles sont de vraies pipelettes, qu’elles parlent pour ne rien dire, mais alors là, j’ai rarement entendu autant de discussions aussi inutiles et peu subtiles. Alors oui, ça blablate, et ça blablate, et ça blablate… mais il n’en ressort pas grand chose. Pour parler de cul, pas de doute, Manu Payet et Jonathan Cohen savent s’y prendre mais pour ce qui est de la finesse d’esprit ! Je n’en demande pas beaucoup, mais il serait bon d’en avoir quand même un peu. Parce que les phrases déjà toutes faites qui reflètent, encore une fois, un problème de libido, on s’en passera. Donc savoir que Jonathan Cohen a demandé à sa femme de le “branler sur les photos insta d’une meuf”, non merci.
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Quant aux blagues, laissez moi revenir rapidement sur les blagues… Je vous demande juste de visualiser cette scène : Jonathan Cohen débarque en “bad boy” – lunettes noires sur les yeux, colliers autour du cou, veste en cuir noir, chemise entre-ouverte jusqu’au nombril – avec deux femmes à ses bras et dit “Je vous présente Camélia et Jordana, Camélia Jordana”, se sentant obligé de préciser au cas où nous n’aurions pas eu le déclic pour comprendre. Pour ma part, je me passerai de commentaires.
Tout est dans le jeu
Quand tout est mauvais, il faut bien qu’un acteur se démarque. La dessus, Jonathan Cohen s’en sort à merveille ! (je dois bien lui reconnaître ça) Il est la pointe maîtresse de la beaufitude. Tout ce qu’il dit, tout ce qu’il entreprend est à l’effigie de son image : vulgaire. Pour tromper sa femme, pas de toute, il ne passe pas par quatre chemins. Par contre, quand il s’agit de dire la vérité, il est le dernier à entrer sur la piste. Tout est trop, une accumulation que rend le surjeu imbuvable. Et quand s’en mêle Monsieur Poulpe, il vaut mieux fuir ses tentacules mais attention, les ventouses sont tenaces.
Vous l’aurez compris, je ne recommande en rien Budapest et pour le voyage en Hongrie, attendez donc encore un peu.