Le Late avec Alain Chabat a dévoilé ses cinq premières émissions, l’occasion de faire le point sur ce retour tant attendu de l’ex-Nuls sur le petit écran.
Le Late avec Alain Chabat était attendu comme une sorte de messie par nombre de fans, comme de détracteurs. Il faut dire qu’au vu du triste paysage télévisuel ambiant, qui ne fait que recycler des recettes éculées entre autocélébrations morbides, buzz facile et outrancier et pastilles nostalgiques déconnectées, l’idée d’un late, format purement américain, venait apporter un peu d’air frais. Une proposition où beaucoup se sont cassés les dents mais qu’Alain Chabat, depuis sa présentation d’Objectifs Nuls, à la meilleure époque de la Grosse Émission sur Comédie, en passant par l’incontournable Burger Quiz, pouvait mener vers le haut. Exit CANAL+ et Vincent Bolloré, pour un débarquement sur TF1, pour le meilleur ?
Burger Late
Présenté en deuxième partie de soirée sur la première chaîne, souvent après un match de la très polémique Coupe du Monde organisée par le Qatar, Le Late avec Alain Chabat a débuté sous les meilleures auspices. En invitant Jean Dujardin et Jean-Pascal Zadi, l’animateur prenait brillamment les attentes à rebours puisqu’il n’était ici pas question d’exercice promotionnel. Proposant sa marque de fabrique, à savoir des parodies de spots publicitaires toujours savamment croqués, et accompagné des brillants Laters, sorte de clin d’œil aux Roots de Jimmy Fallon, la formule paraissait menée sur de bons rails, dépendant cependant fortement des invités, puisque l’actualité ne pouvait y être présentée, les émissions étant déjà enregistrées.
Entre un Jean Dujardin avec qui le feeling ne passe pas, un Jean-Pascal Zadi en grande forme, et des jeux absurdes géniaux et le groupe Wet Leg en guest musical, tout paraissait ainsi maîtrisé, avant un inévitable passage à vide. Parce que si la deuxième émission avec Jamel Debbouze et des retrouvailles aussi hilarantes (une parodie de Stars à domicile) réitérait l’exploit, le sentiment de remplissage et de répétition se fait malheureusement plus que ressentir sur les trois derniers épisodes. Par une susceptible absence de complicité avec les invités, où d’émissions moins écrites, Le Late avec Alain Chabat commencait alors à dangereusement s’essoufler.
Too late, too long ?
Si l’adage dit que les blagues les plus courtes sont souvent les meilleures, Le Late avec Alain Chabat choisit ainsi d’étirer jusqu’au malaise certaines d’entre elles, seul remplissage d’émission où le rythme manque alors cruellement. On passe alors plus du quart de l’émission sur le numéro d’un Jérôme Commandeur expert en code-barres où d’un Benoît Magimel fan d’objets absurdes du quotidien, délaissant Angèle et Monica Bellucci, venus rapidement présenter une parodie n’allant pas plus loin qu’une sympathique vignette. Heureusement alors que Catherine Ringer, infatigable bête de scène, vient exploser les cases du numéro imposé pour mener vers le haut une émission un brin longuette.
Et c’est bien là la force et aussi la faiblesse de ce nouveau format : sans actualité, seuls les invités sont responsables de la qualité du format. Moins inspiré que par le Burger Quiz, où quelques jeux sortent du lot, le sentiment de plusieurs rendez-vous manqués se font alors ressentir. Il reste cependant un ton moqueur sur sa chaîne et la paysage télévisuel actuel ainsi que l’infaillible sympathie d’Alain Chabat, offrant toujours quelques moments absurdes et hilarants. On compte sur les prochains invités, aussi nombreux que prestigieux, pour venir faire remonter une sauce qui demeure malheureusement pour le moment bien trop fade.