L’art délicat du quatuor est le nouveau spectacle théâtral, musical, burlesque et chimérique du Quatuor Leonis.
L’art délicat du quatuor était un autre de nos espoirs pour cette nouvelle édition du Festival OFF. Nous avions été tellement époustouflés par leur précédent spectacle, Éclisse totale, qui nous avait valu un coup de cœur en 2017 que nous attendions impatiemment de les retrouver.
Le problème, lorsqu’on a des attentes – et plus encore quand le point de référence est si haut – c’est que l’on a inévitablement plus de chances d’être déçu que par n’importe quel autre spectacle. Et là, malheureusement, la chute s’est transformée en plongeon…
Deux spectacles, deux ambiances
On retrouve les quatre compères sur la scène d’un théâtre dans lequel ils vont se produire le soir même. Ils découvrent que le programme prévoit un temps de conférence avant le concert. Sauf qu’ils n’ont rien prévu ! Ils se lancent alors dans la préparation d’une conférence chimérique sur Schubert, au cours de laquelle nous rencontrerons quelques grands noms tels que Mozart, Beethoven, mais aussi Debussy et Chostakovich.
Lauréat de nombreux concours internationaux, le Quatuor Leonis a notamment remporté le 3ème prix du Concours International de Genève en 2006. Guillaume Antonini, Sébastien Richaud, Alphonse Dervieux et Julien Decoin sont quatre excellents musiciens, cela va sans dire. Fort sympathiques qui plus est, et dont on sent bien l’amitié et la complicité qui les unit.
Et vraiment, on avait envie de les retrouver tels que nous les avions quittés et d’être à nouveau transportés dans cet univers poétique et burlesque qui semblait n’appartenir qu’à eux. Mais la magie n’a pas opéré cette fois, et nous avons assez vite compris pourquoi. En effet, si Éclisse total était avant tout un spectacle musical, à l’inverse L’Art délicat du quatuor est avant tout une pièce de théâtre. Et, sans l’ombre d’un doute, nous préférons les musiciens aux comédiens.
Des musiciens avant tout
En effet, le jeu théâtral s’apparente davantage à du boulevard qu’à du burlesque – genre bien plus exigeant qu’il n’y paraît – et nous éloigne de la finesse à laquelle ils nous avaient habitués. Quant à l’histoire, nous avons parfois eu du mal à comprendre le sens de certaines scènes comme celle qui se déroule à la montagne, à saisir le lien entre toutes ces situations burlesques.
Et pourquoi cette agitation répétée autour du nom de Beethoven qu’il ne faut absolument pas prononcer sur scène, si c’est pour qu’ils finissent par le prononcer sans que cela ne gêne soudain plus personne ?
La mise en scène nous a également paru très brouillon. Elle manque de fluidité et se perd parfois à l’utilisation d’accessoires ou en changements de décor inutiles, comme le temps pris à élaborer une petite structure avec des bancs pour y effectuer deux petites glissades qui n’apportent strictement rien.
Musique Maestro !
Bon, pas très réjouissant tout ça… On vous rassure tout de même : on sourit et on rit de temps en temps. Mais l’on guette surtout sans cesse l’instant où l’un d’eux va s’emparer de son violon, de son violoncelle ou de son alto. Et c’est quand la lumière se tamise et que le quatuor reprend le contrôle du spectacle que notre front se décrispe et que l’on se dit que ça valait quand même le coup d’être là.
Il n’y a pas de doute : c’est dans la musique qu’ils rayonnent, et nous font vibrer ; c’est là que reviennent l’harmonie, le rythme et l’élégance. C’est là que la magie opère. Dommage que ces moments passent si vite… Ne nous reste plus qu’à guetter leur prochain spectacle, en espérant y retrouver l’enchantement égaré…
L’art délicat du quatuor, avec Guillaume Antonini, Sébastien Richaud, Alphonse Dervieux, Julien Decoin, mise en scène Jos Houben & Emily Wilson, se joue au Théâtre du Rempart, à Avignon, du 07 au 30 juillet, à 19h30 (relâche le mercredi).
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Avis
Cette aventure musicale et humaine nous a emmenés loin de là où nous pensions aller. Une autre manière toutefois de découvrir ces quatre musiciens, de les rencontrer davantage. Un spectacle divertissant, mais peut-être trop ambitieux.