Good night est un huis-clos à suspense dans lequel une femme et un homme, introduit chez elle par effraction, vont passer ensemble une nuit après laquelle rien ne sera jamais plus comme avant.
C’est sur une chanson de Véronique Sanson (que nous adorons, petite confidence !), ‘Amoureuse’, que s’ouvre et se ferme Good night. Un signe sans doute. En tous cas une manière efficace de créer une atmosphère à la fois intimiste et troublante.
La pièce démarre vite. Au beau milieu de la nuit, Léa découvre la présence d’un homme, entré par effraction dans son appartement. En proie à la panique, elle se munit d’un pistolet, de menottes, et oblige l’intrus à s’attacher au lit. La nuit qui s’annonce n’a pas fini de les surprendre…
Un suspense qui n’attend pas
L’intrigue se met rapidement en place dans l’espace de cet appartement plus vrai que nature. Léa laisse à son visiteur la possibilité de s’expliquer, mais on sent bien que la vérité fait des détours, et le suspense grandit. Et tandis que l’homme se révèle peu à peu inoffensif, Léa décide d’en faire son otage. Mais en dehors de la volonté de connaître la véritable raison de sa présence, on devine qu’elle se sert de lui pour tromper sa solitude et combler le vide soudain laissé par la mort de son mari.
Leurs échanges sont d’abord emprunts d’agressivité. Puis, ils se teintent peu à peu de sympathie, voir même d’une certaine empathie, bien qu’ils prennent parfois la forme d’un interrogatoire. Le ton est à la confidence et révèle la sensibilité des personnages tandis que, dehors, des attentats font de nombreuses victimes.
Quelques petits ratés
Si nous avons passé un bon moment devant cette pièce, il y a tout de même quelques petites choses qui mériteraient selon nous d’être peaufinées. Notamment quant au personnage de Léa. En effet, on peut comprendre que, sous le coup de la colère, elle se laisse aller à des mots qui dépassent sa pensée. Mais, à certains moments, la violence de ses propos nous a semblé inutile et peu cohérente avec le contexte.
Et puis, nous avons été gênés par la manière dont certains personnages et éléments de contexte qui semblent avoir leur importance disparaissent soudain de l’histoire. Sans n’y avoir rien apporté par ailleurs, comme oubliés par l’auteur. Sans doute que le tout mériterait d’être un peu mieux ficelé et allégé de quelques lenteurs pour répondre au genre annoncé du thriller.
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On se laisse prendre au jeu
Néanmoins, Good night tient sa promesse. Sans doute grâce à son écriture très moderne, sa mise en scène réaliste, et l’humanité qui se dégage de ces deux très bons comédiens, qui nous fait nous attacher aussi bien à l’un qu’à l’autre.
On prend plaisir à les regarder jouer, on rit parfois de l’incongruité de leur relation, on s’impatiente d’un retournement de situation. Comme devant la pièce Air Moldavia – d’ailleurs jouée dans le même théâtre – nous avons eu l’impression d’être devant l’épisode d’une série, ou un téléfilm. Avec ce petit quelque chose qui nous tient en haleine et nous plonge dans l’attente du dénouement.
Le lien qui se créé entre ces deux personnages prend des directions sans cesse différentes, et on se demande bien où tout cela va les mener. Jusqu’au rebondissement final, assez admirable il faut le dire, qui donne tout à coup une perception différente de la pièce et révèle clairement le talent d’écriture de Romain Poli. Un bon moment de théâtre en somme.
Good night, de Romain Poli, avec Nouritza Emmanuelian et Romain Poli, mise en scène par Guillaume Mélanie, se joue au théâtre L’arrache-Cœur, à Avignon, du 05 au 28 juillet 2019 à 16h50. Relâche le 15 et 22.
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