Alors qu’Avatar – la Voie de l’Eau est enfin disponible au cinéma, il ne faudra pas attendre aussi longtemps pour découvrir les suites (et la fin) de la saga de James Cameron. Alors retour sur ce qu’amène ce Avatar 2 dans l’univers de Pandora, et ce qui nous attend pour les prochains opus.
Prenant place en 2169, Avatar – la Voie de l’Eau voit une période prospère de 15 ans prendre fin, via le retour des humains de la RDA (Resources Development Administration). Là encore, James Cameron ancre son récit et sa cosmogonie via divers mythes, qu’ils soient hindouistes (avec la notion même d’avatar), mayas ou chrétiens (le mythe de Jonas et un individu gobé par une baleine). On pourra d’ailleurs noter ces 3 plans d’éclipse (le soleil se couchant derrière Polyphème, la géante gazeuse autour de laquelle gravite Pandora), annonciateurs de changement et de drame (dont ce plan apocalyptique du retour des humains) avant le lever de soleil final.
L’occasion d’un retour aux sources familiers auprès de la tribu Omaticaya, tout en constatant que les choses ont changé : Jake est plus mûr, et patriarche d’une grande famille recomposée. En 15 minutes à peine, Cameron introduit efficacement le groupe que l’on va suivre, à savoir Lo’ak (Britain Dalton), son frère aîné Neteyam (Jamie Flatters), la cadette Tuktirey (Trinity Bliss), la sœur adoptive Kiri (Sigourney Weaver) et l’humain adoptif Miles « Spider » Soccoro (Jack Champion). Si le scénario s’intéressera avant tout à Lo’ak et Kiri, chacun de ses personnages infuse le récit et parvient à exister.
Avatar – la Voie de l’Eau est donc un film sur l’héritage et la transmission, alors que cette nouvelle génération arriverait presque à en éclipser Jake et Neytiri. Bien sûr, ces 2 personnages restent pro-actifs, tandis que l’arc narratif des enfants Sully (tout comme la mort déchirante de Neteyam) contribue à impacter plus durement le parcours de ce couple de héros.
Avatar ou une question de point de vue
L’histoire des films Avatar n’a jamais été d’une grande complexité, mais Cameron a toujours réussi à insuffler divers niveaux de lecture et des intrications narratives plus sinueuses qu’il n’y parait. Via un regard et une sensibilité toujours aussi affutés, Big Jim montre encore une fois avec une efficacité déconcertante son aisance à jongler entre l’intime (le drama familial est central dans ce second opus) et l’épique (ou même le grandiose comme sa dernière heure de tous les superlatifs). La séquence introductive des adolescents est un bel exemple, où une impressionnante attaque de train (évocatrice d’un western classique) reste avant tout drivée par le conflit entre un père et son fils.
Au final, tout le monde apprend les uns des autres, et de manière non-manichéenne. En effet, Avatar 2 introduit de nouveaux na’vis (peu enclins à s’engager dans une guerre) et une équipe d’avatars recombinés (des clones des antagonistes décédés 15 ans plus tôt, dont la mémoire a été implantée dans de nouveaux corps tous bleus), avec à leur tête un colonel Quaritch devenu plus ambivalent et intéressant. Outre quelques parallèles évidents avec le parcours de Jake (le réveil « outstanding » en vue subjective, le pitch « we are not in Kansas anymore » ou le domptage d’Ikran), c’est avant tout l’occasion d’étoffer le personnage, plus éloigné du bad guy inflexible cette fois.
Une histoire de quête identitaire
Le fait de le faire passer de l’autre côté du miroir (en devenant un na’vi) offre une dynamique saisissante tout en interrogeant sa nature profonde. En particulier vis-à-vis du lien de parenté avec Spider (la mère de ce dernier étant une pilote décédée dans le climax du 1er film), humain se sentant na’vi mais dont l’allégeance se révèlera plus que trouble (un indice pour les prochains opus ?). Un positionnement moral et existentiel à nuance de gris, renforcé par petites touches via le rapport entre les divers protagonistes.
Neytiri sera prête à sacrifier Spider, tandis que ce dernier partage un lien affectif étroit avec Kiri, elle même en pleine quête identitaire. Un personnage fascinant proche d’Eywa, et nul doute que Cameron réserve un traitement concernant l’importance future de son personnage. De la caractérisation toujours au centre du film, et à travers des prismes universels tels que la parentalité, l’amitié, l’amour et le lien à la nature : des éléments chers à Cameron, qu’il a puisé dans sa fibre écologique et son propre vécu de père, afin d’élargir l’exploration de Pandora.
Mourir puis renaître par la Voie de l’Eau
Une autre grande réussite en lien avec tout cela, est justement l’exode des Sully, et la découverte d’un nouveau monde : le récif des Metkayina ! Exit la forêt, et bienvenue dans les fonds marins, avec là encore un sentiment de sidération comme on fait rarement au cinéma, boostée par le 60 images/secondes, la 3D et la sorcellerie globale de WETA pour nous immerger dans des séquences de contemplation pure.
Pourtant, chaque séquence est avant tout là dans un but de caractérisation et de progression des personnages: à l’instar de Jake (et du spectateur) dans Avatar, Lo’ak et sa famille sortent de leur ancien monde pour apprendre à vivre de nouveau. Une adaptation passant par des rites et marqueurs parallèles : l’apprentissage d’une nouvelle langue (le langage des signes), l’apprivoisement de nouvelles espèces (les plésiosaures Ilus apparentés aux Ikrans, tout comme le mélange d’espadon-crocodile dénommé Tsurak), l’affrontement d’un prédateur (le requin Akula faisant echo à la rencontre de Jake avec le Thanatosaure)…
La portée politico-écologique est ainsi au cœur d’Avatar – la Voie de l’Eau, en particulier vis-à-vis des Tulkuns, ces baleines dotées d’une intelligence supérieure (elles connaissent les maths, la philosophie, la musique..). La métaphore avec notre monde est plus qu’évidente, et le capitaine Mick Scoresby paiera au prix fort sa traque des Tulkuns motivée par le profit (Avatar 2 introduit par ailleurs l’Amrita, une nouvelle ressource rare censée arrêter le vieillissement cellulaire).
Une ode à Mère-Nature
Car si cette suite introduit tout un tas de designs ébouriffants pour tout fan de SF (les mechas-crabes, les nouveaux exosquelettes mobiles ou le vaisseau Leviathan), c’est bien le lien à la nature qui est toujours en ligne de mire. Outre la mort de Neteyam, on pourra d’ailleurs noter comme premier climax lacrymal celle du harponnage de Tulkun : un véritable crève-cœur émotionnel alors que le mammifère nous a été présenté comme intelligent et hyper-sensible (avec la présence de sa progéniture à ses côtés).
De ce point de vue là, Cameron s’inscrit lui aussi dans une démarche pas franchement éloignée du cinéma de Miyazaki, où la vie animale et la flore ont une valeur aussi importante que la vie humaine. Par de simples plans sur l’œil de Payakan (le Tulkun renégat ayant décidé de venger sa mère) et le bon plan, James Cameron parvient à immédiatement installer un lien émotionnel entre lui et Lo’ak, donc avec le spectateur.
Lo’ak étant par ailleurs une grande réussite du film, s’affirmant un peu plus comme le protagoniste majeur du film (c’est lui qui restitue à la fin tout l’enseignement qu’il a appris au cours de cette aventure pour sauver son père), lui qui est considéré comme l’intrus (un outcast, comme Jake avant lui mais dans une configuration totalement différente).
Nul doute que les suites nous réservera plus de choses à son sujet (il y a de grandes chances qu’il devienne lui-même le héros en supplantant son père), à l’instar de Kiri (l’occasion de saluer une Sigourney Weaver interprétant une adolescente avec une réelle aisance en terme de jeu, de posture et de diction) ou de Quaritch, sauvé in extremis par un Spider visiblement tiraillé moralement et émotionnellement (Neytiri ne l’ayant toujours pas accepté parmi les siens).
Encore 3 suites pour Avatar
Il y a quelques années, les titres d’Avatar 3 (The Seed Bearer), Avatar 4 (The Tulkun Rider) et Avatar 5 (The Quest of Eywa) avaient fuité (tout comme celui de la Voie de l’Eau), reste à savoir si les plans ont changé. On sait encore très peu de choses sur ce que nous réserve la suite, si ce n’est que le 5e épisode devrait nous montrer la Terre de manière plus prononcée (la guerre irait donc jusqu’au fief de l’humanité ?), tandis que le 4e opus (annoncé comme le plus surprenant selon Cameron lui-même) devrait se dérouler 6 ans plus tard (casting plus âgé oblige).
Avatar – la Voie de l’Eau a eu la belle idée de nous introduire à une nouvelle peuplade de na’vis (et les quelques tensions raciales et culturelles qui vont avec sont d’ailleurs rapidement évoquées), avec le peuple de l’océan arborant des caractéristiques physiologiques différentes (peu plus claire, yeux bleus, corps plus épais pour nager). Avatar 3 nous introduira à un nouveau groupe de na’vis plus belliqueux selon Cameron (« the Ash People », vivant sans doute dans une région volcanique donc), auxquels appartiendront Pey’lak (David Thewlis) et Varang (Oona Chaplin), des personnages amenés à être présents dans les 3 prochains films.
Pas de mot si nous reverrons Tonowari (Cliff Curtis) et Ronal (Kate Winslet) ainsi que leurs enfants, mais cette suite devrait également introduire Vin Diesel dans un rôle de na’vi, ainsi que Michelle Yeoh (interprétant une scientifique du nom de Karina Mogue). Quid des humains et du général Ardmore (dont la construction de leur ville-base Bridgehead avance vitesse grand V)? Réponse cette fois dans 2 ans le 18 décembre 2024 !
Un commentaire
Super récap et analyse, sincèrement bravo pour le travail!
Mais par pitié arrêtez de dire LANGAGE DES SIGNES !!!!!! c’est une langue, une LANGUE !!!! On ne dit pas langage francais ni langage occitan !! Les langues évoluent elles ont une grammaire et une syntaxe, ce sont des langues vivantes (et pas langages vivants !) En plus vous écrivez « nouvelle langue(langage des signes)! ». Par respect pour cette langue et les communautés qui l’utilisent il faut changer ça! (c est un réel combat, faut s’interesser à leur histoire pour comprendre. Tout comme il faut arreter de dire « sourd-muet », un sourd n’est pas muet dans la plupart des cas et les muets pas sourds !! Muet veut dire qu’aucun son de sort, or même si certains sourds ne parlent pas, ils font quand même des sons.)