Nous sommes à nouveau au Festival International d’Animation d’Annecy : la Mecque pour tout féru d’animation et le 3e plus grand festival de cinéma au monde ! Un premier jour sous le signe d’Arcane et d’étonnants court-métrages !
Le Festival d’Annecy est placé sous le drapeau hongrois cette année, célébrant un cinéma d’animation à la voix singulière ! Pour cette édition 2025 que nous couvrons, le soleil était au beau fixe en débutant par une exposition Arcane ! Le phénomène Fortiche a clairement fait des émules à travers son succès planétaire, et cette petite exposition ouverte au public est là pour rappeler la force de frappe qu’est la série.
Rien de profondément original ceci dit, mis à part la réplique taille réelle de l’hoverboard d’Ekko et quelques statuettes de Viktor, Jinx et Vi. Pour le reste, plusieurs vidéos making-of étaient diffusées sur des écrans, et d’innombrables murs tapissés de concept arts (visibles dans The Art of Arcane) réaffirmaient le talent es artistes de Riot Games et Fortiche.
Mais le Festival d’Annecy a bien débuté le soir-même avec le traditionnel trailer d’ouverture (cette fois par la Looney Tunes), alors que la cérémonie d’ouverture affublait la réalisatrice Joanna Quinn d’un Cristal d’honneur. L’animatrice britannique spécialisée dans l’usage du crayon de couleur était donc pour voir un condensé de son étonnant travail, et remercier l’assemblée. Si vous n’êtes pas familiers avec son travail, on conseille notamment son dernier film Affairs of the Heart qui avait été nommé aux Oscars en 2022, ou bien Dreams & Desires en 2006.
Annecy 2025 : stop-motion et dingueries visuelles
Annecy arbore toujours une compétition de court-métrages, et nous avons pu en voir 5 à l’ouverture. La jeune fille qui pleurait des perles est réalisé par Chris Lavis & Maciek Szczerbowski. Spécialistes de la stop-motion, ce récit prenant des accents de conte à la Dickens nous place dans le Paris du siècle dernier, alors qu’un vieil homme raconte à une jeune fille l’histoire d’une curieuse perle en sa possession.
Un récit qui nous transporte dans le Canada du début du XIXe siècle, alors que le narrateur (alors enfant et sans le sou) espionne par un trou dans le mur sa voisine accablée par son compagnon. Les pleurs de cette dernière se changent ainsi en perles : le dilemme de ce garçon l’aimant de loin sera donc de savoir s’il doit tirer profit de cette situation, ou bien au contraire rompre ce cercle. En résulte une fable divinement animée à la main, où les set pieces regorgent de détails, jusque dans une finalité rappelant la puissance évocatrice des histoires. Vraie bonne pioche !

Vol français dominé par le rire
Dans un second temps, l’heure était à l’humour avec Carcassone-Acapulco des français Marjorie Caup & Olivier Héraud. Centré sur le vol du même nom, le pilote et son co-pilote vont devoir apprendre à gérer une situation saugrenue après que l’hôtesse de l’air les informe qu’un mystérieux homme toque à la porte.. de l’extérieur !
Là encore, cette ouverture d’Annecy 2025 est sous le signe de la stop motion avec un vrai travail sur les textures à la laine. Mais surtout, le récit se veut avant tout un grand sketch où tout est propice à éviter le sujet épineux que nos 2 pilotes pleutres ne peuvent résoudre. Une stratégie de l’évitement qui porte ses fruits devant ce vol sans turbulences, mais définitivement agréable !

Farce schizophrène
Par la suite, Theodore Ushev (habitué d’Annecy) est revenu avec La vie avec un idiot. Une histoire semblant tirer à boulets rouges sur les dictatures de tous temps, où Vladimir (un Dominique Pinon toujours aussi agréable même lorsqu’il ne s’agit que de sa voix) se voit affublé à la maison d’un fou sorti d’asile comme punition à cause de son manque apparent d’huile de coude au travail.
Un court-métrage drôle et à la finalité plus cryptique, mais au style visuel crayonné affirmé. Un caractère brouillon en somme, illustrant la schizophrénie globale du personnage. On aurait aimé que cet aspect soit plu accentué ceci dit !

La dure vie sous-marine
Et si ce n’était pas clair que la stop motion compte à Annecy, 9 Millions de couleur de Bàra Anna Stejskalova en est à nouveau la preuve via ce récit tantôt cruel, tantôt tendre. Prenant place dans les fonds marins, le court-métrage nous présente en effet Fran, une crevette voyant la vie de toutes les couleurs possibles, surtout lorsqu’elle tranche toute vie à sa guise via ses pinces mortelles.
Mais tout change lorsqu’elle rencontre Milva, un poisson aveugle. Le duo va ainsi trouver un moyen de partager l’expérience de l’autre, dans une histoire impeccablement animée, mais dont la dimension comique prend peut-être trop de place initialement. D’autant que 9 Millions de couleur tire avant tout sa force de son final, où la relation d’égal à égal des 2 comparses signifie un sacrifice partagé. Pas mal.

Star Wars Visions : Back to Black
Néanmoins, le clou du spectacle visuel de cette ouverture d’Annecy est Black, un des 9 segments de la future Saison 3 de Star Wars Visions. Mis en scène par Shinya Ohira, cet épisode de 13 minutes se situe au moment de la déflagration de la Death Star de Un Nouvel Espoir. Un instant qui dure quelques secondes, mais une quasi éternité pour le stormtrooper que l’on suit dans une bataille psychédélique absolument ahurissante techniquement.
Alors que le présent et le passé, l’ombre et la lumière, la vie et la mort se bousculent, Star Wars Visions Black s’apparente avant tout comme une expérience ++ tel un ballet de couleurs dilatant l’espace-temps. Un déluge de déflagrations, de rayons lasers et de X-Wings qui en font automatiquement un des plus singuliers de l’anthologie Star Wars Visions, mais aussi un vrai tour de force en terme d’animation !