Comme chaque année, et parce que personne à la rédac’ ne semble écouter des trucs récents, voici les coups de coeur et déceptions de Léa pour la musique de 2024.
Coups de coeur
Cowboy Carter – Beyoncé
Avec Cowboy Carter (notre critique de l’album), Beyoncé signe une excursion revendicatrice et explosive en terrain country. Cet album constitue le deuxième volet de sa trilogie Renaissance entamée 2022, et dont le premier opus se montrait bien moins percutant. Cowboy Carter expose une chanteuse en pleine vitalité et tout aussi chargée en créativité. En mêlant progressivement country, pop, RnB et rap, Cowboy Carter est un condensé de toutes les influences de la chanteuse. Elle y instille aussi les plus saillants de ses thèmes de prédilection ; l’émancipation (Blackbird), les sacrifices à effectuer pour atteindre ses rêves (16 Carriages), ou la parentalité (Protector). Avec Cowboy Carter, la diva s’est donc emparée avec brio de la country et de ses enjeux. Elle s’approprie à merveille le genre et oeuvre par la même occasion à lutter contre ses discriminations raciales encore importantes.
Hit Me Hard and Soft – Billie Eilish
Avec Hit Me Hard and Soft, Billie Filish explore tout le potentiel de sa voix prodigieuse grâce à l’exploration de nouveaux horizons instrumentaux. Les mélodies se rapprochent davantage de la pop mainstream, tout en gardant les touches singulières de son identité pop alternative. L’album propose une diversité gagnante ; Billie Eilish se trouve là où on ne l’attendait pas et fait mouche à tous les coups. Parfois provocateur (Lunch), mais toujours profondément introspectif (Bittersuite), l’opus dresse une prodigieuse cohérence dans cette diversité et ne marquera jamais de temps mort.
From Zero – Linking Park
Retour d’entre les limbes pour le groupe Linkin Park, profondément marqué par une année 2017 tragique. D’abord, le décès de son chanteur principal Chester Bennington, et puis One More Light, un album décrié par la critique pour son tournant pop. Pour son grand retour, le groupe recrute Emily Armstrong, ancienne du groupe de hard rock Dead Sara. From Zero renoue alors aux sources par des textes mêlant quête identitaire (Emptiness Machine) et rapport conflictuel à l’Autre (Over Each Other). Le tout, sur du rock affirmé et une voix aux cris tout de puissance et de rage. Le groupe ne prend pas de risque en s’inspirant grandement de la formule qui a assuré son succès ; From Zero semble être la suite spirituelle directe de Meteora, sorti en 2003. Et même si l’absence de Chester Bennington laissera toujours endeuillé, ce nouvel album a le mérite de bien honorer l’essence de Linkin Park.
Déceptions
La Légende Black, Volume 2 – Black M
Comme en 2023, Black M a livré l’un des pires albums de l’année. En effet, La Légende Black, Volume 2 succède honorablement à son grand frère, La Légende Black, Volume 1. Les paroles se veulent toujours aussi dénuées de sens et les instrumentales tout aussi datées. Un portrait d’autant plus décevant que les quelques invités comme Beendo Z ou Léa Djadja signent les meilleures performances de l’opus.
143 – Katy Perry
Katy Perry s’est fait connaître et a construit son succès sur des chansons enjouées (TGIF, Hot’n’Cold), tout en ne se refusant jamais des sujets plus provocateurs ou profonds (I kissed a girl, Chained to the rythm). Son sixième album Smile, sorti en 2020 dans la discrétion, relevait déjà d’importants signes d’essoufflement. Hélas, 143 lui emboîte le pas avec des pistes électropop éculées et répétitives, qui ne reflètent en rien l’identité fougueuse et farceuse de la chanteuse. Et les paroles, bien qu’évocatrices de certains de ses engagements comme le féminisme, ne portent pas non plus sa marque de fabrique.
Radical Optimism – Dua Lipa
Dua Lipa avait signé l’un des meilleurs albums de pop de 2020 avec Future Nostalgia. Aujourd’hui consciente qu’elle ne pourrait pas accomplir le même tour de force une seconde fois, Radical Optimism était censé être l’album d’après, celui qui introduit une nouvelle ère dans la carrière de la chanteuse. Seulement, quatre ans après Future Nostalgia, la chanteuse se trouve toujours dans une étape de transition bancale. L’opus célèbre la gloire passée en s’ouvrant sur le titre nostalgique End of an Era, mais n’introduira jamais l’ère d’après… Album des incertitudes jusque dans ses retranchements, il ne trouvera pas de réelle consistance dans ses mélodies. Les premiers titres s’accrochent au discopop qui avait conquis les foules, tandis que la suite se satisfait d’instrumentales pop sans saveur.
Pour finir sur une bonne note, on vous remet un coup de Linkin Park, Joyeux Noël !