Fumée blanche ! Firaxis a enfin accouché de Civilization VII, plus de 8 ans après la sortie de son excellent 6e opus. Entre promesses de modernité et nécessité de conserver son identité, le pari est-il réussi ?

Civilization VII est le nouvel opus de la saga créée par l’incontournable Sid Meier, LA référence des jeux de stratégie en tour par tour de type 4X. Comment ça vous ne connaissez pas ? Mais si, vous savez, ce jeu qui vous garde dans un état semi-éveillé jusqu’à 3 heures du mat, parce que c’est sûr, dans 2 tours vous aurez pris la capitale de l’Egypte, et puis quand même, c’est la fin de la construction des Jardins Suspendus, et puis bon ce tour là c’était rapide je peux en refaire un…
Petit rappel pour les noobs du 4X : dans le jeu de Sid Meier, vous incarnez un leader à la tête d’une civilisation, prêt à tout pour régner sur le monde, que ce soit grâce à votre force militaire, à votre culture dominante, ou encore à votre avancée scientifique.

Alors que Firaxis régnait sur le genre depuis de nombreuses années, l’équipe d’Amplitude Studios a su venir titiller l’indétrônable Civilization, tout d’abord avec ses jeux Endless Space et Endless Legend, puis surtout avec le solide Humankind, sorti en 2021. Autant vous dire que le nouveau jeu de Firaxis est attendu au tournant !
Et il est assez étonnant de constater que la plus grosse nouveauté de Civilization VII se retrouve dans la structure de leur concurrent Humankind : le jeu est désormais divisé en trois âges (Antiquité, Exploration et Moderne), chaque âge apportant des possibilités différentes et des objectifs spécifiques.
De nombreux changements
La volonté des développeurs a été, de leurs aveux même, de redynamiser les parties. Civilization VII est né de ce constat (outre l’envie de capitaliser sur une franchise qui marche…) : plus de la moitié des joueurs de Civilization VI n’ont jamais fini une partie. Et il est vrai que, dans les opus précédents, la multiplication des unités et des villes dans les 50 derniers tours pouvait être assez décourageante, tant la gestion de vos villes et de votre armée devenait fastidieuse. Une grande partie des nouveautés apportées par ce nouvel opus a pour but assumé de résoudre ce problème.

Tout d’abord, la gestion de vos colonies sera simplifiée, tant que vous ne les aurez pas améliorées en villes. Adieu aussi les bâtisseurs, que vous n’aurez plus besoin de déplacer à chaque tour. Les unités militaires ont aussi été épurées : elles ne pourront plus gagner de l’expérience individuellement et seront dirigées par un commandant d’armée, seule unité à disposer d’un arbre de compétence. Les commandants viendront notamment faciliter les déplacements de vos troupes.
Bref, Firaxis cherche clairement à rendre son jeu plus accessible. Sacrilège crieront certains. De notre côté, nous sommes assez convaincus de cette évolution, qui vient alléger les tours de jeu sans ôter la profondeur stratégique de la franchise Civilization.
Trois âges, trois fois plus de plaisir !
Mais ce n’est pas tout : Civilization VII ambitionne de régler un autre écueil de ses prédécesseurs : l’effet boule de neige. La franchise a toujours été cruelle sur ce point : une avance technologique d’un concurrent en milieu de partie pouvait être assez décourageante, tellement il était impossible de le rattraper par la suite. C’est ici que la division de la partie en trois grands âges vient jouer son rôle : chaque nouvel âge peut venir relancer une partie mal engagée en lui donnant un nouveau souffle.

Tout d’abord, en choisissant une nouvelle civilisation ! Et oui, vous ne garderez pas les Ottomans de la préhistoire à l’an 2050 cette fois-ci : vous devrez changer à chaque âge. Le choix qui vous sera offert sera guidé par votre leader, par votre ancienne civilisation, mais aussi par vos choix durant l’âge précédent. Par exemple, si vous construisez 3 villes côtières durant l’âge de l’Antiquité, vous débloquerez la possibilité de choisir la civilisation des Normands lors de l’âge de l’Exploration.
Firaxis s’éloigne ici de la logique historique (coucou Tarantino) pour vous permettre de coupler n’importe quel leader avec la civilisation de votre choix. Cette nouvelle possibilité a déjà fait couler beaucoup d’encre. Nous le voyons clairement d’un œil positif : cela multiplie les possibilités de combinaisons, et donc de stratégies.
Mythe ou réalité ?
En outre, Civilization a toujours été assis entre deux chaises : la concordance historique et la liberté du joueur. En s’éloignant de la première, la franchise va dans le bon sens en s’enlevant une épine du pied : si nous voulons créer notre propre histoire avec notre propre civilisation, alors autant s’amuser en réécrivant l’histoire ! Parce que c’est fun de diriger l’Empire de Chine avec Napoléon et d’y construire les Pyramides, non ?

Autre conséquence du changement d’âge : votre empire sera en quelque sorte réinitialisé. Chaque ville (sauf la capitale) redeviendra une commune, la plupart des bâtiments de l’âge précédent deviendront moins puissants, vos guerres en cours s’arrêteront, vos unités militaires seront automatiquement améliorées pour correspondre à l’âge en cours et reviendront dans vos colonies, et le nombre de vos unités sera réduit (sauf si votre armée était déjà modeste…). Une idée intéressante pour relancer une partie, mais qu’il faudra apprendre à anticiper afin de ne pas pleurer quand vous aurez perdu la moitié de votre armée chèrement acquise !
Chaque âge apportera également ses spécificités. Par exemple, durant l’âge de l’Antiquité, il vous sera impossible de traverser les océans. Les religions n’apparaîtront qu’à l’âge de l’exploration et perdront leur utilité à l’âge moderne, alors que les archéologues feront leurs apparitions à ce moment. Ces changements iront de pair avec l’apparition des orientations d’héritage: sorte de mini-objectifs à remplir à chaque âge afin d’obtenir des bonus à l’âge suivant (par exemple, récolter un maximum de reliques avec vos archéologues à l’âge moderne).

Par ce biais, Firaxis cherche à séduire un public plus large en guidant ses joueurs bien plus qu’il n’avait pu le faire par le passé. Si l’intention est louable, nous aurions cependant aimé que les orientations d’héritage puissent varier aléatoirement, car en l’état actuel, le rythme reste assez similaire, les mêmes missions se répétant dans le même ordre et à chaque partie…
Visuellement, Civilization VII renoue avec le style plus réaliste du cinquième opus de la série. Les détails des environnements sont magnifiques et les animations des unités ou construction de bâtiments sont fluides et impressionnantes. Le développement de vos colonies sera très agréable à contempler, autant sur une vue d’ensemble qu’avec le zoom activé. La bande son de son côté est toujours au rendez-vous. Elles continuent de s’adapter selon votre choix de civilisation. Des variations bienvenues viendront ponctuer les moments décisifs de vos parties, et notamment… la guerre ! Niveau immersion, on est bien.
Une sortie précipitée ?
A vouloir trop plaire aux nouveaux joueurs, Firaxis en oublie les fans de la première heure. Et c’est principalement sur l’interface que le bas blesse. Car pour un joueur occasionnel qui joue à Civilization comme un enfant pilote un avion, en construisant telle Merveille parce qu’elle est “jolie”, pas de souci. Par contre, pour un joueur voulant comprendre un minimum les bonus apportés par les bâtiments qu’ils construisent, pourquoi par exemple cette route se crée automatiquement entre ces deux villes là et pas avec une autre, ou simplement avec une vue rapide des ressources à sa disposition, bon bah c’est la cata.
Ajouté à ça une IA aux comportements étranges voire incompréhensibles, avec une fâcheuse tendance à faire la guerre à tout bout de champ, on aurait comme un arrière goût de jouer à un jeu en accès anticipé.

Alors oui, Civilization est comme le bon vin : il ne fera que s’améliorer avec le temps. Déjà parce que Firaxis est à l’écoute de son public et a déjà publié un calendrier des mises à jour à venir pour améliorer le gameplay (et calmer les Civ-fans mécontents). Mais aussi parce que le jeu va être enrichi d’ici les prochains mois par de nombreux DLC et extensions. Maintenant, à vous de voir si vous préférez suivre l’évolution du jeu en passant à la caisse tous les trois mois, ou si vous attendez quelques années le package tout inclus à – 80 %.
Civilization VII est disponible depuis le 11 février 2025 sur PlayStation 5, Xbox Series X|S, Nintendo Switch et PC.
AVIS
Civilization VII apporte une fraîcheur agréable à une franchise déjà bien rôdée. Le jeu saura séduire les nouveaux joueurs en se rendant plus accessible, mais frustrera les plus fidèles tant l’interface semble bâclée. Malgré ce (gros) défaut, l’envie de jouer un tour de plus reste intacte, tant Civilization VII, comme ses prédécesseurs, est addictif !
- Graphismes
- Bande-sonore
- Gameplay
- Scénario
- Durée de vie