Dans Another Code les Portes de la Mémoire, Ashley va lever le voile sur les circonstances de la mort de sa mère.
Après avoir retrouvé son père sur l’île de Blood Edward, Ashley Mizuki Robins était retournée à sa vie d’adolescente. Jusqu’à ce qu’il l’invite, environ deux ans après le premier opus Mémoires Doubles, au camping de Lake Juliet. À peine arrivée sur les lieux, les révélations vont s’enchaîner pour Ashley. Elle rencontre le jeune Matthew et leurs destins vont se lier pour lever les mystères sur ce lac en apparence tranquille. Another Code les Portes de la Mémoire veut voir plus grand que son grand-frère ; plus long, plus de personnages, une intrigue plus profonde et surtout, s’affirmer comme roman graphique.
Est-ce que tu viens pour les vacances…
L’ambiance dégagée par ce camping presque idyllique se veut plus légère que celle du manoir glauque de son prédécesseur. Ce soft agrandit son casting en introduisant de nombreux personnages secondaires. Les adolescents deviendront vite amis avec Ashley, tandis que les adultes l’aideront dans sa quête de vérité. Initialement sorti en 2009 sur Wii, certains de ses aspects traduisent l’ambiance de l’époque. Ainsi, Ashley et ses amis se passionnent pour le rock dans la mouvance du phénomène Camp Rock. Et l’une des comparses, Élisabeth, rappellera étrangement la vilaine Veronica de Grand Galop… Une toile de fond un peu vieillie, mais qui fera à coup sûr ressurgir quelques bons souvenirs !
Les graphismes du soft accusent aussi l’âge avancé de la Switch. Ses capacités ne lui permettent pas de retranscrire correctement l’ambiance du camping. Les paysages extérieurs écopent de textures baveuses et rudimentaires et les intérieurs se montrent sombres et fades. Alors que Mémoires Doubles arrivait de la DS, ce nouvel opus pouvait compter sur la puissance d’une console de salon comme la Wii. Force est alors de constater que nous avons perdu au change ! La version Wii comporte beaucoup plus de détails, comme des parterres de fleurs ou des ornements sur les bâtiments.
Passé sombre et présent compliqué
De son côté, l’histoire se calque toujours sur celle de l’aventure originelle. Another Code les Portes de la Mémoire déploie une intrigue prenante, en soulevant des enjeux intéressants et en se ponctuant de moments d’émotions puissantes. Le passé d’Ashley finit de se dévoiler en développant des théories attrayantes sur la mémoire et les capacités du cerveau. Ainsi, chaque lieu important de Lake Juliet visité fera ressurgir des souvenirs profondément enfouis. Dans un autre registre, des personnages comme celui de Ryan porteront un discours centré sur la mémoire des défunts. Le titre se nourrit constamment du thème de la mort pour créer sa propre mythologie, comme le dispositif de l’Another pouvant modifier les souvenirs.
Cependant, cette intrigue compose avec quelques tares. Les destinées d’Ashley et Matthew s’entremêlent moins bien qu’avec D dans Mémoires Doubles. Au début du jeu, tandis que Matthew enquête sur la disparition inquiétante de son père, l’intrigue tente maladroitement de faire redescendre la pression. Lorsque le petit nous appelle à un endroit pour en savoir plus sur son passé trouble, Ashley est alpaguée par ses amis qui, soit se crêpent le chignon, soit préparent leur participation au concours de rock. Deux salles, deux ambiances, qui cohabitent particulièrement mal. De ce fait, les révélations sur le passé d’Ashley se concentrent sur la fin du titre, lui offrant deux derniers chapitres au rythme effréné.
Toujours plus long, toujours plus vivant, toujours plus simple
Another Code les Portes de la Mémoire se dote d’une durée de vie presque deux fois plus longue que son prédécesseur. Il faudra compter entre 12 et 15 heures pour en voir le bout, contre 5 à 7 pour le premier opus. Ici aussi, les dialogues sont presque entièrement doublés par des comédiens et comédiennes convaincants. Et tout en reprenant les points forts de son grand-frère, ils se déroulent sous forme de cases de BD pêchues. Au sein desquelles, les personnages sont animés de sorte à ne pas demeurer trop statiques et disposent d’expressions faciales bien marquées.
À l’inverse, le gameplay déjà fragile de cette nouvelle mouture s’est encore plus appauvri. Si Mémoires Doubles essayait de conserver la veine énigme originelle de la licence, Another Code les Portes de la Mémoire ne fait plus d’effort. Il ne faudra pas en attendre qu’il développe les bonnes idées de son prédécesseur ! Les puzzles disparaissent presque complètement pour laisser place à de rares interactions vagues avec le paysage. À raison d’une ou deux fois par chapitre, il faudra chercher quelques items dans les décors ou appuyer sur des suites de touches pour déverrouiller des portes. Ces séquences font seulement acte de présence, pour s’assurer qu’on ne s’est pas endormi pendant un dialogue.
La mémoire n’est pas un long fleuve tranquille
Another Code les Portes de la Mémoire se distingue de son prédécesseur, pour le meilleur comme pour le pire. D’une part, il écope d’une ambiance moins immersive par ses décors fades et ses phases de jeu oubliables. De l’autre côté, son intrigue tire sa force de thèmes et de personnages attachants et intéressants. Chacun apporte sa pierre à l’édifice dans cette réflexion géante sur la mort. Ce subtil mélange des points de vue permet au titre de jouer sur tous les plans. En mêlant arguments scientifiques et émotions fortes, l’aventure ne peut laisser indifférent.
Another Code les Portes de la Mémoire est sorti le 19 janvier 2024 sur Nintendo Switch. Il est uniquement achetable en lot avec son grand-frère Mémoires Doubles, dans la compilation Another Code Recollection.
Avis
Ashley investit ce second opus toujours en cell shading et toujours à la recherche de son passé. Malgré quelques petits ratés le scénario développe une intrigue prenante, tandis que le gameplay s'écrase totalement et n'a ici plus rien à offrir.
- Scénario
- Gameplay
- Durée
- Graphismes
- Bande-son