Que peut faire un chien lorsqu’il est sous muselière ? Lécher. Métaphore toute trouvée pour s’attaquer au sujet épineux de l’embargo.
Loin de nous l’idée d’accabler les attaché(e)s de presse, victimes bien conscientes de la stupidité de la chose. Non, visons plus haut, visons celles ou ceux qui oublient que cela fait bien longtemps que la presse et le public ont divorcé, le premier n’influençant que modérément le second (sinon de nombreuses daubes ne rencontreraient pas un tel succès), rendant ainsi la crainte d’un mauvais papier obsolète.
Et comme le public est un bien meilleur critique, il n’est pas rare de voir l’embargo s’arrêter après des avant-premières, et dans le pire des cas, après les séances matinales le jour J. Ainsi on augmente les chances de voir le spectateur défendre lui-même le film face au journaliste. Malin non ? Surtout lorsque les deux sont invités à la même séance et que l’un peut en parler, pas l’autre.
On touche là à un contrôle pur et simple de la presse, l’embargo servant à la fois d’outil de chantage – si tu le romps, tu peux être poursuivi – et de privilège – on offre l’exclu aux gros médias souvent partenaires. Vous nous tenez déjà en laisse, permettez-nous au moins d’aboyer.