Avec Razzia, le réalisateur Nabil Ayouch signe l’aboutissement de son portrait d’un Maroc empli de paradoxes dont il avait commencé à révéler les failles dans Les Chevaux de Dieu puis Much Loved.
Cinq hommes et femmes comme figures de proue d’un sentiment de liberté qui envahit peu à peu les rues de Casablanca. Le cinéaste a décidé de donner à Razzia un visage humain. Celui d’un prof, d’un artiste, d’un juif restaurateur, d’une jeune fille homosexuelle ou d’une femme aisée. Plusieurs générations étroitement liés par cette même soif d’être elles-mêmes dans un pays qui n’aura de cesse de vouloir les restreindre.
Razzia ou le calme avant la tempête
Le long-métrage possède une puissance évocatrice incroyable, à l’image de Salima marchant au milieu d’une manifestation contre les droits des femmes. Razzia montre, mais ne dit pas, ou peu. Tout est dans l’action, l’émotion et le regard impuissant de ces protagonistes jusqu’à l’implosion. Et au milieu des cris de détresse, des cris de colère, il y a aussi une forme d’amour pour un Maroc qui se cherche encore, entre modernité et archaïsme, mais où l’espoir n’est peut-être pas mort.
Le film empreinte parfois un chemin trop balisé avec un schéma narratif qui manque de surprises. Il fait preuve aussi d’un excès de pudeur par moment, refusant de s’arrêter trop longtemps sur des événements clés comme la révolte dans les rues. Mais au final ce ne sont que des grains de sable sur une plage baignée de lumière.
Razzia est sorti en DVD chez Ad Vitam le 21 août 2018
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