Un succès critique et deux oscars plus tard, Manchester by the Sea est désormais précédé de sa réputation de chef-d’œuvre bouleversant. Si la réussite reste indéniable (voir notre critique de l’époque), il ne faut quand même pas sortir les mouchoirs trop vite…
De la beauté de l’intime. Avec un immense talent, le réalisateur et scénariste Kenneth Lonergan parvient à accomplir beaucoup avec peu, à faire du beau avec du moche. Ici, c’est dans la simplicité que se découvrent les plus grandes émotions. Pas de moral, pas de rédemption, juste une réalité des choses. Un « moment de vie » capté magistralement et qui, au détour de rares dialogues, dévoile une profonde poésie mélancolique. Le film ne frappe pas fort, il frappe juste.
Le cas-ey Affleck. On rendra facilement à Casey ce qui appartient à César, tant le bonhomme porte le métrage sur son visage tristounet. Mais il y a une certaine lassitude à voir le jeune frère Affleck traîner sa moue inconsolable pendant 2h15. Tantôt plombant, tantôt énervant, celui qui a toujours le même regard d’un veau qu’on traînerait à l’abattoir fait ce qu’il sait faire de mieux… enfin, juste ce qu’il sait faire. S’il n’a pas volé ses récompenses, on ne peut pas dire qu’il aura pris des risques…