Incroyable mais vrai débarque à domicile. Le neuvième long-métrage de Quentin Dupieux est ainsi l’un de ses meilleurs, et on vous dit pourquoi c’est aussi incroyable que vrai.
Incroyable mais vrai, au-delà d’un titre prometteur, pourrait être la parfaite définition du cinéma de Quentin Dupieux. Tournant à une cadence infernale depuis Au poste ! en 2018 qui signait son grand retour en France, Le Daim nous avait réellement enthousiasmés avant la déception Mandibules. Parce que ce dernier semblait voir le metteur en scène rapidement tourner en rond, et sa fantaisie semblait alors se muer en une sorte de démonstration de vide. Pourtant, Quentin Dupieux continuait à enchaîner les projets, tournant coup sur coup cet Incroyable mais vrai avant Fumer fait tousser, dont la bande-annonce révélée ces derniers jours nous promet le meilleur de ce que peut proposer le réalisateur.
Obsessions comiques
Incroyable mais vrai s’éloigne ainsi de Mandibules pour perpétuer quelques-uns des thèmes évoqués dans le glaçant Le Daim. Sans ne rien vous révéler, un couple décide d’acheter une maison dont un tunnel sous-terrain possède une particularité tout bonnement stupéfiante. Un passage qui sera l’occasion pour le metteur en scène d’évoquer l’obsession du paraître, et comme Le Daim avec son manteau transfiguré en mythe de Narcisse, son neuvième long-métrage s’empare de celui de la jeunesse éternelle, et s’il conserve un côté glaçant, surtout dans son épilogue, le cinéaste n’a également jamais été aussi drôle.
Parce que si Alain Chabat s’avère être un véritable alter-égo pour le cinéaste, offrant sa sympathique bonhomie de spectateur effaré et quelque peu dépassé depuis ce qui restera comme le chef d’œuvre de Dupieux, le fantastique Réalité, on trouve ici de fabuleux numéros d’acteur, avec en tête de liste un Benoît Magimel tout bonnement hilarant. Patron beauf à la moustache parfaitement dessinée, Incroyable mais vrai lui doit ainsi ses scènes et répliques les plus hilarantes, incarnant ici le parangon de ce que s’entend croquer le cinéaste. Cette prestation confirme l’impressionnante mue que traverse l’acteur, alignant les prestations habitées et impressionnantes ces dernières années.
Défauts glaçants
L’autre figure qui irrigue vraiment Incroyable mais vrai, c’est la toujours impeccable Léa Drucker. Campant ici une femme sombrant peu à peu dans la folie, c’est ici que Dupieux oscille brillamment entre tragédie et comédie, même quand il semble éviter lors de son épilogue d’affronter directement ce basculement qu’à coups d’ellipses aussi frustrantes que véritablement glaçantes. Parce que dans son dernier quart, une fois que le cinéaste a brillamment introduit tous ses thèmes et personnages et que son efficacité semble faire mouche, Incroyable mais vrai semble alors précipiter sa conclusion, à notre plus grande désarroi.
Quentin Dupieux semble alors un temps alimenter cette image d’un cinéaste productif mais dont les idées folles ne dépassent jamais le stade de l’exposition. Ce n’est heureusement pas aussi problématique dans Mandibules, et l’impression de vide ne se fait jamais ressentir. Parce qu’il y au fond une réelle tendresse pour les personnages, une réelle efficacité comique, et un vrai propos qui dépasse aisément l’étrangeté inhérente au cinéma de Dupieux. Parce qu’Incroyable mais vrai paraît être l’essai le plus populaire et accessible du cinéaste, il est plus que temps d’aller se plonger dans cet univers où l’incroyable peut aussi être vrai.
Incroyable mais vrai sera disponible en Blu-ray et DVD chez Diaphana Distribution le 18 octobre 2022.
Avis
Avec Incroyable mais vrai, Quentin Dupieux signe son projet le plus drôle et le plus accessible. Dépassant aisément la jolie bulle vide de Mandibules, même s'il reste frustrant lors de son dénouement où le cinéaste semble simplement caresser sans saisir son superbe sujet, son neuvième long-métrage demeure cependant, et une fois de plus porté par des interprètes géniaux.