Pressenti pour la prochaine course aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, distribué directement en vidéo par The Jokers et Lonesome Bear en ces temps troublés pour les salles, L’Homme du Président n’est pas la nouvelle claque Sud Coréenne qu’on aurait pu espérer.
L’Homme du Président propose, dans les années 70, la Corée dirigée d’une main de fer par le président Park, un ancien révolutionnaire ayant renversé la dictature précédente. A ses côtés, son ami et collègue KIM Gyu-Pyeong, lui aussi ayant aidé à démonter l’ancien régime, est nommé commandant de la KCIA, l’agence de renseignement Coréenne.
Alors que Park tombe de plus en plus dans les travers d’une gouvernance dictatoriale comme ses prédécesseurs, Kim se désolidarise de plus en plus des choix de son président et se retrouve face à un lourd dilemme : doit-il laisser le pouvoir en place ou aider à renverser son ami pour le bien du pays ?
Assassiné par ses compatriotes ?
L’Homme du Président relate donc ce moment réelle et charnière de l’histoire de Corée sous la caméra de Min-ho Woo qui abandonne cette fois-ci le milieu des gangster (Inside Men, The Drug King) pour s’adonner à un thriller d’espionnage politique, porté par le charismatique Lee Byung-Hun. Tout était réuni pour nous allécher et pourtant nous nous retrouvons devant un film qui, sans être mauvais pour autant, ne marque aucunement les esprits. Est-il victime de ses compatriotes ?
En effet, lorsqu’une œuvre Sud Coréenne atteint nos écrans occidentaux, elles se révèlent souvent être des claques cinématographiques (Parasite, Dernier Train pour Busan, Mademoiselle, The Strangers, J’ai rencontré le diable etc…). Toujours est-il que l’histoire avec grand H passionne beaucoup plus que l’objet cinématographique qui la relate.
Peu accoutumé à la politique asiatique et à son passé, le spectateur occidental un minimum curieux pourra en effet se retrouver happé par ces événements monumentaux et hors du commun qui auront complètement redéfini la société Coréenne. Mais comme s’il se retrouvait dépassé par son histoire, le film oublie qu’il doit être avant tout un film.
La réalisation, bien qu’accompagnée d’une photographie très soignée, ne resplendit qu’à très peu de moment et se contente généralement d’un académisme un peu fade. La mise en scène l’est tout autant par son stoïcisme constant, exception faite d’un plan séquence final bien exécuté mais trop tardif.
L’homme du Président, un film dépassé par son Histoire
Le film se refuse tout effet de style et la tension est absente dans sa globalité pour vraiment marquer le spectateur et embrasser pleinement le genre du thriller. Alors que les enjeux politiques sont énormes, ils ne nous impactent pas vraiment, manquant cruellement d’une dimension humaine.
Le récit se limite à garder les points de vue de ces dirigeants et espions, sans pour autant nous montrer les conséquences des décisions prises. L’enjeu émotionnel du dilemme du personnage principal ne nous touche pas car la complicité et l’amitié des deux futurs antagonistes n’est pas approfondie, alors qu’elle est le cœur du récit.
Cela n’est pas aidé par des personnages dépourvus de personnalité et de motivation profonde, limités au rôle qu’ils ont joué dans ce grand échiquier politique. En résulte un récit d’une froideur qui ne rend pas hommage à ce héros de Corée. Alors qu’il aurait l’occasion de nous émouvoir avec l’exécution de son protagoniste et de nous faire ressentir un sentiment d’injustice, Min-ho Woo préfère finir son film sur des cartons résumant la fin de cette partie d’histoire de son pays.
Le long métrage est donc passionnant pour son aspect historique assez dingue qu’il met en image correctement, mais n’arrive jamais à le transcender en récit cinématographique vibrant.