Fossoyeur de films en tout genre, Rimini Edition a déterré en fin d’année dernière Audrey Rose en la ramenant à la vie en combo blu-ray et DVD. Abordant le thème de la réincarnation, le réalisateur de West Side Story semble moins inspiré que pour sa comédie musicale légendaire. Alors, Robert Wise sur un drame horrifique, ça raconte quoi ?
Janice (Marsha Mason) et Bill Templeton (John Beck) forment avec leur fille Ivy (Susan Swift) une famille heureuse et sans histoire… jusqu’au jour où un mystérieux étranger, Elliot Hoover (Anthony Hopkins) se met à les suivre partout où ils vont. L’inconnu finit par leur proposer un rendez-vous et leur révéler qu’Ivy serait la réincarnation de sa propre fille, morte onze ans plus tôt…
Le cinéma a toujours été marqué par le cinéma d’horreur. Parmi les merveilleux classiques de la période où Audrey Rose sort, on peut citer The Exorcist (1974) de William Friedkin. D’autres films, peut-être moins marquants mais assez connus sortent aussi, comme Carrie au bal du diable (1977) de Brian de Palma.
Inspiré, mais pas inspirant
Grands succès de l’époque, on ressent une véritable inspiration chez Robert Wise auprès de ces films. Si Audrey Rose est une adaptation du roman du même nom, on ne peut s’empêcher de comparer le film à ses prédécesseurs, qui sont meilleurs à bien des niveaux… Robert Wise tire en longueur son métrage impactant directement son rythme.
Une différence majeure demeure cependant avec les monuments du cinéma évoqués plus haut, celle du refus de virer vers le fantastique. En effet, Robert Wise préfère traiter son récit sans artifice, de manière réaliste, afin de céder le doute au spectateur et qu’il puisse lui-même se faire son propre avis sur l’affaire.
Si on peut souligner une réalisation vraiment soignée – voire marquante au travers de certaines scènes – le véritable problème de Audrey Rose vient de son écriture. Les dialogues sonnent faux, le développement des personnages est parfois beaucoup trop rapide ou bien même lunaire, ce qui fait directement sortir le spectateur de l’intrigue. Enfin, les actions ainsi que les réactions des personnages – allant de l’insensé à l’incohérent – ne rendent service qu’à un scénario saugrenu.
Audrey Rose ne cesse de se perdre à mesure que le film avance. C’est dommage, surtout lorsque l’on parle de son thème principal. S’il tente parfois de développer un véritable folklore au travers de la réincarnation et du personnage incarné par Anthony Hopkins, on n’y croit pourtant à aucun moment. Même si on peut entendre le fait de vouloir brouiller les pistes afin que le spectateur se fasse sa propre opinion, on constate un développement mal dosé et mal placé, rendant le pseudo antagoniste et les pseudos twists peu plausibles et peu marquants. En bref, on a pas vraiment envie d’y croire et surtout, on s’ennui…
On rendra cependant hommage aux quelques scènes semant le doute entre réel et surnaturel, avec de véritables intentions de réalisation de la part de Robert Wise. Tandis que ses protagonistes traversent plusieurs nuits compliquées, le réalisateur arrive à chaque fois à renouveler sa mise en scène et l’utilisation de sa caméra pour raconter leur histoire. Le cinéaste parvient à mettre en perspective l’action immédiate et l’impact émotionnel qu’il engendre au sein du foyer des personnages, ce qui rend la réalisation des plus intéressantes.
La dualité
Si Robert Wise rate son traitement de la réincarnation, on peut quand même souligner son travail omniprésent avec les reflets. Présent dans de nombreuses scènes, il y filme ses personnages dans différentes situations, sous différents angles. Cela permet de matérialiser la question de la folie et du dédoublement. Comme deux mondes, rêve et réalité, habité par la vie ou bien par la mort.
Audrey Rose est défintivement oubliable. Malgré une approche alliant Rosemary’s Baby à The Exorcist, le film fonctionne très difficilement… Trop premier degré, avec une mise en place des enjeux très maladroite et à laquelle on a définitivement beaucoup de mal à croire, surtout à cause du traitement illogique des personnages au travers du film. Se déclenche alors un manque profond d’attache et d’empathie, comme avec le film, malgré une réalisation intéressante. On préfère la forme à son fond, mais pas assez pour vraiment s’abandonner au métrage.
Audrey Rose est disponible en Blu-ray & DVD chez Rimini Editions.
AVIS
Audrey Rose aurait pu être sympathique, mais c'est dommage, car il est plutôt ennuyeux. Le métrage est trop premier degré, on a un profond manque d'empathie envers les personnages... Le film est assez lunaire, de début à la fin. Bref... Pas le plus bon film de Robert Wise.