Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City remet la franchise cinématographique à zéro après les fatigantes errances de Paul W.S Anderson et Milla Jovovich. Pour une série B efficace mais qui ne va malheureusement jamais plus loin.
Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City se doit de conjurer bien des malédictions. Que l’on soit joueur où non, il est peu dire que le climat d’horreur et l’ambiance anxiogène du jeu-vidéo en aura impressionné plus d’un, et que le matériel du produit original promettait déjà une expérience plus que traumatisante dans une salle obscure. Malheureusement, c’était sans compter sur la malédiction qui règne sur les adaptations de jeu-vidéo au cinéma et que seul le Silent Hill de Christophe Gans aura su conjurer, ainsi que la prise en main plus que douteuse de la franchise par le tâcheron Paul W.S Anderson qui aura peu à peu éteint la promesse d’une adaptation fidèle. Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City, en revenant aux origines et en promettant un véritable film d’horreur réussira t-il à conjurer le sort ?
Ambiance réussie
Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City passe ainsi beaucoup de temps à travailler son inquiétante ambiance, parfois trop, jusqu’à sacrifier ses personnages et sa minuscule intrigue. Revenant aux deux premiers jeux vidéos, Johanness Roberts, metteur en scène derrière les honnêtes 47 Meters Down et la suite ratée de The Strangers, s’attèle donc également au scénario du retour à Raccoon City de Claire Redfield. Cette dernière, orpheline ayant passé son enfance avec son frère dans les locaux de l’orphelinat de l’entreprise pharmaceutique Umbrella Corporation, revient renouer les liens familiaux dans une ville désertée où les secrets de l’entreprise vont enfin être révélés…
Le long-métrage joue ainsi clairement la carte de l’atmosphère inquiétante du jeu-vidéo, aidé par la belle photographie de Maxime Alexandre, ayant travaillé avec Alexandre Aja sur son Oxygène et de l’oppressante partition de Mark Korven, fidèle compositeur de cinéma de genre. Ne cédant que trop peu aux fatigants jump-scare inhérents au genre, Johanness Roberts fait ainsi de Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City une honnête série B proprement exécutée, qui derrière son travail artistique n’a hélas que trop peu à offrir en supplément d’âme.
Série limitée
Parce que malgré le fait que ce Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City demeure un bel objet à l’ambiance réussie, les personnages se font quand à eux plus que maltraiter (coucou Léon), ne campant que de pâles survivants pensés en simple chair pour zombies. Resserré sur une petite équipe, il sera ainsi impossible de s’attacher à l’un d’entre eux tandis que leurs récits respectifs ne serviront qu’à faire avancer un scénario en pilote automatique que l’on aurait aimé voir mué en un étouffant huis clos prenant entièrement place dans le fameux Manoir Spencer. Rompus à énoncer des dialogues laconiques pour ménager un quelconque mystère, c’est ici la limite évidente de Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City et ce qui n’en fait hélas qu’une honnête série B malgré son puissant matériau d’origine.
Si le métrage de Johanness Roberts relève ainsi de la petite déception, il est ainsi quelque peu exagéré de voir le film se faire incendier par la critique alors qu’il a clairement été conçu avec de bonnes intentions qui se ressentent nettement et permettent de passer une heure et quarante-sept minutes tout à fait divertissantes. La malédiction ne semble donc pas prête à se dissiper pour Resident Evil, au moment même où deux autres adaptations cinématographiques de franchises vidéo-ludique adorées, Mortal Kombat et Monster Hunter (encore signé Paul W.S Anderson) se sont encore honteusement plantés artistiquement et commercialement.