Peu importe le moment où on découvre une œuvre dont tout le monde parle, il n’est jamais trop tard pour rattraper ses classiques. Qu’ils soient reconnus ou ceux d’une génération. Alors aujourd’hui, je pars à la découverte de L’homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock , parce qu’il y a toujours une première fois.
L’homme qui en savait trop démarre dans un bus au Maroc. On y retrouve le docteur McKenna (interprété par James Stewart) et sa femme Jo (Doris Day), accompagnés de leur fils Hank. Ils vont faire la rencontre de Louis Bernard, homme d’affaires français, qui se proposera de leur faire visiter Marrakech. Mais M.McKenna va être témoin du meurtre de l’homme d’affaires, qui se révélera être un espion britannique. Il confiera au docteur un message d’une importance capitale avant de mourir : un attentat va avoir lieu à Londres. Or, les terroristes étaient à Marrakech, ont kidnappé Hank, puis menacé le couple de vacanciers de le tuer si les derniers mots de Bernard étaient divulgués. McKenna et sa femme vont donc se diriger vers Londres, dans l’espoir de sauver leur fils et déjouer l’attentat…
Quelle réputation ?
L’homme qui en savait trop n’est pas le Hitchcock le plus culte, mais il reste quand même connu et puis, c’est un Hitchcock ! Alors comme France Tv a prévu une rétrospective Hitchcock, j’ai décidé de me pencher sur le premier diffusé sur la plateforme. Sorti en 1956, le métrage est un remake d’un autre film éponyme réalisé par Hitchcock sorti en 1934 alors qu’il vivait encore au Royaume-Uni. On peut déjà noter que rares sont les auteurs voulant revenir sur leur œuvre pour la perfectionner. Le talentueux réalisateur disait d’ailleurs à propos des deux versions de son long-métrage « la première est l’œuvre d’un amateur talentueux, la seconde celle d’un professionnel ». Avec un succès critique et commercial lors de sa sortie, le film est donc une pierre angulaire du cinéma d’espionnage, et de la filmographie d’Hitchcock.
D’ailleurs on ne présente plus ce dernier. Il a tellement influencé le cinéma qu’une technique cinématographique porte ainsi le nom d’un de ses films (l’effet Vertigo). Avec des chefs d’œuvres qui comptent parmi les meilleurs films de tous les temps, tel Psychose, rare sont les gens n’ayant jamais entendu parler du maître du suspens. De plus, c’est en grande partie grâce à lui si on considère aujourd’hui le cinéma comme un art à part entière, et les réalisateurs comme des artistes. Alors du coup, qu’est ce qu’on retient de cette rencontre avec ce si grand nom du cinéma ?
Résultat de la rencontre
Dès le début, on comprend la réputation du réalisateur. L’homme qui en savait trop témoigne d’une maîtrise de l’art cinématographique et du langage de l’image. Les cadres sont étudiés pour faire comprendre l’histoire et les relations qu’entretiennent les personnages sans besoin de parole. La lumière met toujours en valeur les actions et les éléments importants, sans pour autant faire factice, sans fioritures. La direction d’acteur est aussi au rendez-vous, ce qui témoigne encore du talent de Hitchcock. James Stewart s’en sort bien en mari empoté et peu dégourdi, et Doris Day n’est pas en reste en tant que femme éplorée mais néanmoins courageuse.
Le suspens et la tension, célèbres éléments de cinéma hitchcockien, sont cristallisés dans la scène de l’attentat à l’opéra. 12 minutes de séquences sans dialogue, avec une musique classique en fond. La tension monte et l’angoisse s’accélère au fur et à mesure que la scène avance, avec le montage alternant entre le docteur McKenna, démuni, sa femme et l’assassin dont on sait qu’il va tirer, mais à quel moment ? De quoi rester scotché au fond de son canapé pendant une dizaine de minutes.
En 1956, on comprend très bien la claque monumentale qu’a pu être L’homme qui en savait trop, ainsi que le reste des œuvres d’Hitchcock. Début de la guerre froide, et donc début des films d’espionnage, celui-ci est sorti au bon moment. L’histoire ayant un peu vieilli aujourd’hui, tant on a vu de schéma similaire, la découverte en devient moins choquante. Mais replacé dans son contexte, on comprend totalement ce qu’a pu apporter ce film au cinéma. Et puis, en ce qui concerne l’image, le film n’a pas pris une ride (outre quelques effets). Il est si rare de trouver des longs-métrages dirigés avec tant d’intelligence et de pertinence, que celui-ci reste toujours actuel, et n’en est pas moins impressionnant !