Tenet sort la semaine prochaine, une nouvelle fois l’occasion de revenir sur Christopher Nolan et sur la conclusion de sa saga Batman avec le troisième volet The Dark Knight Rises, une fin épique pour notre héros !
Dans The Dark Knight Rises, cela fait maintenant 8 ans que l’homme chauve-souris a disparu et endossé la mort de Harvey Dent, le chevalier blanc déchu. Dans une Gotham en paix grâce à la création d’une nouvelle loi basée sur un mensonge, le mercenaire Bane sort de l’ombre pour briser Batman et anéantir la ville. Le chevalier noir va devoir alors revêtir le costume et apprendre à se relever…
Peut-on faire mieux que la perfection ? Car ce qu’était The Dark Knight et passer après était une mission impossible tellement la barre avait été mise haute. Et qu’on se le dise : Non, The Dark Knight Rises n’est pas meilleur que l’opus qui le précède. Pour cela, beaucoup pourront le trouver décevant et on les comprend. Mais ce n’est clairement pas notre cas.
Une épopée initiatique et épique
S’inspirant des comics The Dark Knight Returns, Knightfall et No Man’s Land, Nolan met son héros face à son échec et sa chute dont il devra apprendre à se relever, car il n’est plus ce qu’il était. Dans cette dynamique encore jamais vue dans les comicbook movie, le métrage se révèle passionnant. La déconstruction du mythe puis son ultime relèvement avant son héritage final en fait une conclusion parfaite.
De plus, sa manière d’adapter les éléments extravagants des comics à son style réaliste et son histoire est très ingénieuse : La prison de Bane est un puit de Lazar dans lequel Bruce va symboliquement renaître; Ras Al Ghul est immortel de par son héritage et le costume de Selina Kyle, superbement incarnée par Anne Hataway, évoque un chat de par ses lunettes relevées.
Dans l’exécution narratif, certains pourront trouver un ventre mou en milieu de film, dû à sa durée de 2H45 et au fait que nous suivons un héros déchu qui doit apprendre à se redresser. Pas forcément des plus spectaculaires donc mais un pur parcours du héros qui fait sens et qui ne rend la fin que plus extraordinaire.
Car une fois le Batman de retour, Christopher Nolan se donne à cœur joie à nous abreuver d’un maelstrom de tension, de retournement et d’images héroïques des plus exaltantes (le nombre de figurant dans la bataille finale est ahurissant) ! Le tout encore une fois magnifiquement accompagné par la bande originale de Zimmer qui nous donne des frissons. Une vraie épopée épique.
Une narration complexe maitrisée
En ce sens, le cinéaste gère parfaitement l’efficacité de son histoire. Son talent habituel pour raconter plusieurs timelines sert ici à ses multiples intrigues et ses grosse ellipses de plusieurs mois, éléments scénaristiques souvent assez complexe à gérer. Il prouve une fois encore que c’est un talentueux storyteller. Des éléments restent volontairement sous silence (comment fait-il pour revenir dans cette Gotham cloisonnée ?), certains clameront à l’incohérence mais se sera avant tout pour la fluidité de son récit.
On pourra peut-être regretter ce postulat narratif plus complexe et le pitch un peu plus tiré par les cheveux (une ville est carrément prise en otage) comparé au classicisme sans faille de The Dark Knight. Mais n’oublions pas que le film reste la conclusion d’une saga, elle se devait d’élever les enjeux à un niveau encore supérieur. La bombe nucléaire peut s’avérer être un outil quelque peu artificiel en ce sens mais nous lui pardonnons pour l’urgence et la tension qu’elle provoque et qui nous scotche au fauteuil.
Le cinéaste n’abandonne pas pour autant la portée politique de son film déjà bien présente dans l’opus précédent. Ici, nous découvrons une Gotham en paix non plus rongée par le crime mais par les puissantes élites qui se complaisent et se repaissent sur le dos des prolétaires, le tout grâce à une lois basée sur un mensonge. Un cadre qui n’est pas forcément sans évoquer nos politiques actuels. Et c’est à travers ce prisme, que Bane mènera la révolution et donnera l’illusion du pouvoir au citoyen. Mais cela aussi ne sera qu’un mensonge démagogique, Nolan esquivant donc le simple manichéisme et condamnant les deux extrêmes.
Niveau réalisation, Nolan augmente d’un cran en nous proposant des photogrammes et des scènes dantesques. Le crash d’avion de l’introduction est simplement époustouflant de par son absence d’effet numérique. La Gotham enneigée finale offre des visuels rarement vu chez le réalisateur. Et pour une fois, le cinéaste brise (un peu) son réalisme pour verser dans un symbolisme pas forcément subtil mais efficace (la prison souterraine représentant sa déchéance, les chauves-souris volantes lorsqu’il en sort, le bat-signal en feu symbole d’espoir…).
The Dark Knight Rises reste donc un film imparfait, qui souffre de la comparaison avec son prédécesseur. Mais sa maîtrise formelle, ses idées narratives, l’initiation de son héros et les images spectaculaires en font la parfaite conclusion pour une saga super-héroïque qui aura révolutionné le genre.