Fin d’année oblige, Disney est de retour avec un tout nouveau film d’animation ! Wish – Asha et la bonne étoile sort donc en salle, avec comme mission de commémorer les 100 ans de la firme aux grandes oreilles. En résulte une histoire à la fois beaucoup trop classique pour pleinement s’affranchir de ses influences, mais avec suffisamment de charme pour ne pas rester aux oubliettes.
Depuis le succès de La Reine des Neiges 2, la situation semble un peu plus compliquée pour Disney Animation. En effet, entre un très chouette Raya et le Dernier Dragon sorti directement en streaming et vidéo, et un Avalonia qu’absolument personne n’a vu, le studio semble avoir perdu sa suprématie au box-office. On se souvient heureusement d’Encanto sorti il y a 2 ans, et Wish – Asha et la bonne étoile entend poursuivre cette voie.
En effet, Wish renoue avec un classicisme Disneyien parfaitement identifié, avec une jeune héroïne intrépide, des acolytes magiques, des chansons et un vilain très vilain ! Pour se faire, le film est réalisé par Chris Buck (papa de La Reine des Neiges et co-réalisateur de Tarzan) et Fawn Veerasunthorn (qui a bossé sur Raya, Vaiana, Zootopie..), avec comme objectif d’être une petite madeleine de Proust dans l’univers Disney.
Wish nous emmène donc dans le royaume de Rosas (une île méditerranéenne fictive au large de la péninsule Ibérique), gouverné par le roi Magnifico. Ce mage a choisi de recueillir les vœux de chaque habitant afin de les protéger (car qui dit souhaits, dit aussi son lot de déception ou de chagrin au cours de la vie), tandis qu’il en exauce un pris au hasard chaque mois au cours d’une cérémonie.
C’est alors que nous découvrons Asha, une jeune femme de 17 ans prête à tout pour travailler auprès de Magnifico, dans le but que ce dernier exauce le vœu de son grand-père centenaire Sabino. Mais suite à une troublante découverte, Asha va découvrir que le roi use des vœux selon son bon gré. Épaulée par une étoile tombée du ciel, elle va tout faire pour s’élever face à la tyrannie ambiante !
Récit (trop) classique
Wish déroule ainsi rapidement son programme, avec divers motifs immédiatement reconnaissables. L’héroïne un peu gauche au grand cœur, son animal de compagnie, ses amis évoquant les Sept Nains, le vilain magicien faisant penser à la Reine de la Belle et la Bête… On retrouve même un segment avec divers animaux parlants faisant du name dropping !
On regrettera donc aisément que Wish s’accorde à proposer le minimum syndical en terme de singularité dans l’exploitation de son univers coloré, ainsi que de ces personnages tout à fait communs : les amis d’Asha en sont l’exemple principal, difficilement identifiés malgré 1 ou 2 qui se démarquent au sein de la structure du récit. Même rengaine pour la chèvre Valentino (doublé par Alan Tudyk en VO et Gérard Darmon en VF) qui n’a strictement aucune utilité autre que pour le merchandising !
Néanmoins, Wish a la bonne idée d’user de la figure de la bonne étoile (symbole représenté dans tout conte de fée classique y compris chez Disney) comme artefact magique, dont le design semble sorti d’un Super Mario Galaxy. Son rôle reste finalement plutôt fonctionnel cependant, laissant avant tout place à un affrontement idéologique entre Asha et Magnifico.
Magnifico : un des meilleurs méchants Disney récents
Et c’est là que Wish amène une certaine incarnation !Asha a donc tout de la protagoniste Disney dans le sens classique du terme, mais c’est bien Magnifico qui tire véritablement son épingle du jeu, en s’imposant comme le meilleur méchant de l’écurie Mickey depuis un bon bout de temps ! Doublé par Chris Pine en VO/Lambert Wilson en VF, ce dernier supporte tout le contexte original du film en détournant la figure rassurante (et galvaudée) du mage blanc.
En résulte donc un magicien monarche perverti par ses actions initialement bienveillantes, et dont l’amas de pouvoir engendre un despotisme bien véhiculé par le personnage, notamment à travers les divers numéros musicaux du film. Car si on regrettera que la trame avance pour ainsi dire majoritairement au cours des diverses parenthèses chantées, Wish bénéficie d’un vrai soin dans la confection de ses musiques entraînantes.
Ainsi, This Wish/Je fais le vœu, Knowing what we know/Ce n’est plus mon roi, Welcome to Rosas/Bienvenue à Rosas ou bien Ma promesse/At all costs sont autant de morceaux de qualité signés Julia Michaels & Benjamin Rice. Vecteurs de sens, ils donnent ainsi toute leur saveur au récit de Wish, se muant rapidement en rébellion face à l’ordre tyrannique établi. Des qualités que l’on doit également aux impressionnantes performances de cantatrice d’Ariana DeBose en VO et Océane Demontis en VF, aussi à l’aise dans le doublage que pour véhiculer l’émotion par le chant.
Visuels entre classicisme et modernité
Enfin, un mot sur l’animation du film, qui tente de renouer avec une patine 2D tout en animant le tout en 3D. Si le résultat est sans aucun doute moins singulier techniquement que pour un Across the Spider-Verse ou Le Chat Potté 2, Wish parvient à un bel équilibre techniquement réussi, émulant un style aquarelle avec charme (à défaut d’être une claque à la Encanto).
Charmant est donc bien le mot que l’on peut appliquer à Wish – Asha et la bonne étoile, un nouveau Classique Disney qui ne parvient pas à égaler ses influences (contrairement à un Raiponce ou La Princesse & la Grenouille par exemple), mais dont le style pictural attrayant, les numéros musicaux de qualité ou bien son vilain parviennent à un résultat sympathique..à défaut d’être transcendant !
Wish – Asha et la bonne étoile sortira au cinéma le 29 novembre 2023
avis
Wish - Asha et la bonne étoile manque de liant narratifs et d'une structure plus travaillée pour pleinement se démarquer, préférant accoucher du minimum en terme de récit. Néanmoins, ce nouveau Classique d'animation Disney se révèle régulièrement charmant de par son contexte original, son style visuel singulier par rapport aux précédents films de la firme aux grandes oreilles, son méchant réussi et ses numéros musicaux de qualité. Pas trop mal pour toute la famille donc, mais rapidement oubliable !