Quand une oeuvre aussi culte que Watchmen rencontre un scénariste et producteur de génie, le résultat est forcément attendu. L’exercice est périlleux mais Damon Lindelof prouve encore une fois qu’il a du talent à revendre. Ce premier épisode pose les bases d’une saison qui s’annonce excellente.
A la recherche d’une série majeure depuis la fin de Game of Thrones (notre critique de la saison 8), HBO mise beaucoup sur Watchmen. Et le nouveau bébé de Damon Lindelof fait figure de prétendant idéal. En prenant comme matériel de base la série de comics d’Alan Moore et Dave Gibbsons ainsi que le film de Zack Snyder sorti en 2009, le créateur de Lost et The Leftovers (notre critique de la saison 3) avait à sa disposition un univers riche et complexe.
Intelligent, le bonhomme a préféré travailler sur une extension de l’oeuvre originale plutôt que créer une suite ou un reboot. Si chronologiquement l’action se situe en 2019, soit après le film, la série s’émancipe du long métrage et des comics. Seuls quelques personnages (on laissera la surprise) se retrouvent dans le pilote. Un choix que l’on peut qualifier de judicieux car en exploitant de nouveaux protagonistes, l’Américain s’assure une liberté qu’il n’aurait pas eue autrement.
Les habitués du style Lindelof ne seront pas déboussolés. Visuellement, ce premier épisode force le respect. Le style est léché et les plans variés. De jour comme de nuit, les scènes en mettent plein la vue. La musique n’est pas en reste. Entre morceaux existants et compositions du duo Trent Reznor/Atticus Ross (en charge de la bande originale), c’est un pur régal pour les oreilles. Le générique de fin tourne en boucle depuis lundi.
Un casting phénoménal
Et que dire de la distribution tout simplement hallucinante. Regina King, le monstre Jeremy Irons, le revenant Don Johnson ou l’excellent Tim Blake Nelson sont tous parfaits dans leur rôle. Même les interprètes moins connus sont justes et charismatiques. A l’image du film ou des comics, la galerie de personnages est variée. Encore une fois, Damon Lindelof ne commet aucun impair.
Sombre et violente, la série est fascinante. Elle offre la vision d’une société ou deux conceptions s’opposent. Une uchronie où les super-héros sont considérés comme des fugitifs mais prennent tout de même les armes pour tenter de renverser le pouvoir en place. Clairement politique, le show fait passer des messages à sa manière et ne se cache pas.
Seul petit hic (ça dépend pour qui), pour être pleinement appréciée, la show nécessite un minium de connaissances du background de Watchmen. Les téléspectateurs n’ayant jamais lu les comics ou vu le film auront bien du mal à capter les références et les clins d’oeil en forme d’hommage. Deux ou trois résumés devraient faire l’affaire, mais autant être prévenus avant de se lancer. Cependant, là où la série fait fort, c’est que même si elle s’éloigne de l’oeuvre originale, elle en respecte les codes et le ton irrévérencieux.
Avec ce premier épisode, Damon Lindelof prend le temps pour mettre en place les fondations de ce qui s’annonce comme une nouvelle réussite sur son CV. La perfection n’existe pas, mais cette première heure s’en rapproche grandement. Les attentes pour la suite sont énormes. Néanmoins vu ses antécédents, on a de quoi être rassurés.