Walt, la folie Disney nous emmène avec poésie et passion dans l’envers du décor de la création d’une icône du XXe siècle.
Il est l’un des producteurs de films les plus célèbres au monde. Pionnier en matière de film d’animation et icône du XXe siècle, il a bâti un véritable empire. Mais qui était Walter Elias Disney ? Ce seul en scène poétique et captivant nous emmène à la rencontre de l’homme derrière le mythe.
De la passion à l’obsession
30 octobre 1933. Walter Elias Disney s’assied à son bureau et ouvre le grand livre de son histoire. Il était une fois un homme passionné, visionnaire, sans doute un peu fou à sa manière, un enfant prisonnier d’un corps d’adulte, un artiste coincé entre le rêve et l’imaginaire… Passionné par le dessin dès son plus jeune âge et bercé pendant toute son enfance par les contes des frères Grimm, il se lance un défi inédit : adapter Blanche-Neige en le modernisant et créer le premier long métrage d’animation en son et en couleurs.

Personne, pourtant, ne croyait à ces histoires de princesse. « Les gens veulent voir du Mickey » lui martelait Roy, son frère qui deviendra aussi son associé et un soutien important dans son ascension. Et tandis que tout le monde évoquait « la folie Disney », la détermination de l’homme ne fit que grandir jusqu’à se muer en véritable obsession : créer un chef-d’œuvre.
Il était une fois, Disney…
L’histoire est fascinante à bien des égards. Car rien ne prédestinait Walt Disney au destin qui fut le sien et à ce succès qui traverse le temps et les époques sans le moindre essoufflement. La pièce de Fanny Dupin et Damien Maric nous fait ressentir l’emballement progressif jusqu’au véritable tourbillon dans lequel Walt et son équipe, « ses gars », se trouvèrent pris pendant les quatre années de création de Blanche-Neige, premier long-métrage produit par les quelque 600 salariés, à l’époque, de Walt Disney Company.

En effet, c’est dans une autre dimension que l’homme entre alors, pas effrayé un seul instant par la démesure de son ambition. Car après tout, « si tu peux le rêver, tu peux le faire »… Et à mesure que l’entreprise grandit afin de pouvoir donner vie à ce projet fou, jusqu’à créer les Studios Disney pour construire des décors grandeur nature, l’homme n’a plus qu’une chose en tête : bâtir un empire. D’une exigence folle avec ses équipes, il est prêt à tout pour imposer sa vision, sauf à des compromis. Et force est de constater que l’avenir lui donnera raison de n’avoir jamais renoncé à l’idéal qu’il poursuivait sans relâche.
Un seul en scène aux airs de conte
Si l’histoire, nous le disions, est passionnante, la mise en scène de Victoire Berger-Perrin et la scénographie de Juliette Azzopardi et Jean-Benoît Thibaud lui donnent vie avec une forme de féérie admirable, soutenues par la superbe musique originale d’Éric Capone. Dès les premiers instants, la poésie s’invite et la magie opère par de jolis effets sur scène. Et cela se poursuit tout du long, comme avec ce jeu d’ombres qui évoque avec force et subtilité les moments de violence qui se déroulaient dans la cave quand Walt était enfant ; ou encore avec ce moment drôle et joyeux où le comédien, seul sur scène, mime en accéléré le film de Blanche-Neige.

Il est rare que, dans un spectacle, le texte, la mise en scène et le jeu soient aussi impactants les uns que les autres dans la beauté de ce qui nous parvient. Car Clément Vieu est lui aussi exceptionnel dans ce rôle complexe de Walt dont il dévoile les différentes facettes avec de très belles nuances. Il fait littéralement jaillir la passion de cet homme étonnant, de ce patron autoritaire, de ce père souvent absent, de ce grand enfant insatiable, bien décidé à prendre sa revanche sur la vie et à prouver qu’il vaut mieux que ce qu’on lui a laissé croire.
« Il faut créer l’enchantement » disait Walt Disney, et c’est exactement ce que parvient à faire cette pièce inspirée et hypnotique qui réunit intelligemment le fond et la forme en nous mettant des étoiles plein les yeux et de la magie plein le cœur. Une merveille. Un coup de cœur.
Walt, la folie Disney, de Fanny Dupin et Damien Maric, mise en scène Victoire Berger-Perrin, avec Clément Vieu, se joue du 5 novembre au 18 janvier au théâtre du Lucernaire.

Avis
Nous avons regardé ce spectacle comme nous aurions tourné les pages d'un livre de conte... Quelle prouesse de réussir à transmettre ainsi, dans la forme, ce que le fond raconte ! Un seul en scène de toute beauté.

