Vanishing est une adaptation du roman de Peter May « Les Disparues de Shanghai », réalisé par Denis Dercourt (La Tourneuse de Pages, Demain dès l’Aube). Malgré une alléchante et convaincante tête d’affiche, on découvre pourtant un thriller linéaire manquant gravement d’enjeux…
Denis Dercourt est un cinéaste français aux origines musicales. Alto pendant cinq ans au sein de l’Orchestre Symphonique Français, il enseigne la musique de chambre au Conservatoire de Strasbourg. Il acquiert une renommée internationale en tant que réalisateur au festival de Cannes en 2066. La tourneuse de Pages est sélectionnée dans la catégorie « Un Certain regard », tout comme son sixième long-métrage trois ans plus tard, Demain dès l’Aube. Vanishing est le douzième long-métrage du réalisateur.
Alexis Dantec, producteur, obtient les droits d’adaptation de l’œuvre originelle onze ans auparavant. La chair de ma chair sera l’occasion d’une première collaboration du duo. Le metteur en scène reprend alors le script à zéro, épaulé de Marion Doussot, pendant six ans. Vanishing raconte l’histoire d’une professeure en médecine légale qui présente une méthode révolutionnaire de prise d’empreintes digitales à Séoul. Associée par la police coréenne à une affaire en cours, elle plonge dans une enquête ardue et entêtante, au risque de réveiller des démons qu’elle croyait oubliés…
Vanishing est donc un thriller policier. Le spectateur est projeté aux côtés d’Alice – la professeure en médecine légiste – incarné par Olga Kurylenko et de Jin-ho Park – un policier menant l’enquête– incarné par Yeon-seok Yoo. L’intrigue et l’objectif sont simple : résoudre l’investigation.
En général, le registre du thriller permet de jouer avec le spectateur. Le scénario propose différentes théories, hypothèses, menant vers d’éventuelles fausses pistes. On retrouve par exemple des mécaniques dramatiques, comme le payoff, ou encore le twist. Le souci de Vanishing, c’est qu’il n’en contient aucun, ou peu (et pour le peu qui existe, on les voit venir de très loin). En résulte un scénario linéaire. Les enjeux et les motivations des personnages ne sont ni clairs, ni en adéquation. On découvre une absence de développement des protagonistes, qui manquent cruellement de relief. Les interprétations des comédiens manquent de profondeur et on a du mal à croire à l’intrigue et aux interactions entre les personnages.
Un autre souci d’écriture semble également venir du montage du long-métrage. En effet, Vanishing ne fait que recycler ses ruptures, ses transitions et son découpage. Chaque scène commence par son plan large, puis se poursuit avec ses différents champs et contrechamps. Les compositions des cadres et les décors urbains se ressemblent. On ressent parfois des raccourcis scénaristiques, quand un challenge s’installe et qu’il est résolu une scène plus tard… Ainsi, comme les enjeux dramatiques n’ont pas vraiment d’impact marquant et que le montage ne renouvelle pas la rythmique du drame, le film s’essouffle peu à peu.
Malgré ses nombreux soucis d’écriture, on découvre en revanche un véritable travail de l’image et de la colorimétrie. Le film est imprégné de couleurs chair dont le film fait sujet. On découvre une palette de putréfaction morbide avec du rouge, du vert ou encore du jaune. Malgré de gros écarts colorimétriques, l’étalonnage arrive toujours à marier le tout, à les rendre très esthétiques, tout en leur donnant un véritable fond.
Vanishing s’amuse également avec de nombreux surcadrages à la limite du split screen. Denis Dercourt utilise son décor, avec leur ouvertures de portes ou encore leur fenêtres. Le metteur en scène n’hésite pas à proposer comme deux niveaux de lecture dans l’espace d’un plan, comme s’il venait matérialiser l’expression de la forme et du fond. Vanishing s’imprime également au travers d’optiques de caméra assez particulières. Le film dévoile de jolis flares et profondeur de champ, aux boquets très ésthétiques. Le long-métrage donne à voir une image personelle et scientifique.
Le bilan de Vanishing s’avère finalement assez bancal. Malgré de fortes intentions sur sa forme, on remarque un scénario manquant d’enjeux et surtout trop linéaire. Les personnages stagnent, le drame est absent, tout comme les émotions. Le long-métrage semble beaucoup trop in your face et manque de finesse, faisant tout passer par le dialogue. Vanishing parait s’éteindre à mesure qu’il avance, et on en ressort sans trop de souvenir, voire aseptisé…
Vanishing est disponible sur Canal+.
Avis
Un thriller multiculturel avec Olga Kurylenko ne pouvait qu'être intriguant ! Dommage que le film ne décolle jamais, dommage que les personnages restent aussi aséptisés...