Premier long-métrage de son réalisateur Maxime Caperan, Un monde violent est un thriller français qui parvient à trouver sa voie tout en suivant une route déjà tracée.
Avec Un monde violent, Maxime Caperan signe un long-métrage qui emprunte autant au film noir qu’au drame social. Loin de révolutionner les codes du genre, il parvient à créer une atmosphère qui lui est propre notamment grâce à la caméra d’Eva Sehet. Le récit suit deux frères, Paul et Sam, après le braquage d’un camion de smartphones qui entraîne la mort du conducteur. Accompagnés de leur complice Suzanne, ils vont tout faire échapper à la prison.
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Dès les premières minutes, Caperan impose son style en mêlant de profonds clairs-obscurs – où les visages blanchis se détachent de fonds noirs à la manière des peintures de Caravage -, des teintes variées (rouges, bleues, vertes) et un grain d’image qui rappelle les films de braquages des années 70’. Ces choix esthétiques inscrivent le long-métrage dans une ambiance oppressante et intemporelle que le réalisateur ne tarde pas à contextualiser : l’histoire d’Un monde violent prend place au cœur de la lutte sociale des gilets jaunes dans une France périphérique et agricole.
Une situation qui vire au drame
Le scénario, coécrit avec Thomas Finkielkraut, repose sur un schéma connu : un braquage, un mort, une spirale infernale de violence, une fuite en avant. La singularité du film se trouve, non pas dans le scénario, mais dans l’alchimie des personnages. Sam (Kacey Mottet-Klein), doux et silencieux, incarne la révolte étouffée, ce désir inassouvi de “partir loin d’ici”. En miroir, son frère Paul (Félix Maritaud), charismatique et brutal, incarne l’homme violent qui ne recule devant rien. Les deux acteurs jouent dans un registre familier, principalement Félix Maritaud que l’on connait pour ses performances dans des drames violents tels que Sauvages et Jonas. Ici encore, la férocité de son personnage cache une fragilité inattendue qui ébranle ses certitudes, notamment face à Suzanne (Olivia Côte). Entre eux trois, les tensions montent lentement, exacerbées par la fille de Suzanne entraînée à son insu dans l’histoire.
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Caperan joue sur cette montée dramatique : la violence est omniprésente, mais elle reste tapie telle une bête qui guette son moment. La musique de Gaspar Claus tantôt stridente, tantôt mélancolique, l’accompagne et amplifie les émotions. Un monde violent n’offre ainsi ni surprise ni répit ; dès le début, on sait que tout finira mal. C’est un classique du film noir, mais l’intérêt réside ailleurs : dans la manière dont les personnages s’effondrent lentement. Comment se déroulera cette chute inéluctable ? De quelle manière s’effritera un rêve partagé ?
Si le film souffre de quelques longueurs et d’une trame parfois trop convenue, il se démarque par sa mise en scène minutieuse. Kacey Mottet-Klein et Félix Maritaud forment un duo auquel on s’accroche, oscillant entre amour fraternel et rivalité destructrice. Olivia Côte, en contrepoint, peine parfois à convaincre mais apporte tout de même une touche d’humanité désabusée, ancrant l’histoire dans un univers profondément humain.
Un monde violent est à découvrir au cinéma le 29 janvier 2025.
Avis
Un monde violent possède un scénario propre au film de cambriolage : on sait comment tout va se terminer. Pourtant, Maxime Caperan réussit tout de même à nous accrocher, notamment grâce à son duo de frères et à la caméra d’Eva Sehet.