Nouveau blockbuster estival à succès, Twisters fait suite au film culte de 1996, en mettant en scène de nouveaux météorologues face à des tornades dévastatrices. Un reboot souvent carré, mais néanmoins écrit sans passion et conceptualisé dans un taylorisme résolument décevant.
Les plus jeunes ne s’en souviendront peut-être pas, mais avant Twisters..il y avait Twister ! Véritable succès surprise de l’été 1996, le film original mis en scène par Jan De Bont (Speed) s’articulait avant tout comme un pari technologique d’ILM (Star Wars) post-Jurassic Park (également écrit par Michael Crichton).
La technologie étant capable de générer par ordinateur des effets météorologiques inédits, Amblin, Universal et Warner ont ainsi produit ce film catastrophe où un ex-couple de météorologue se retrouve face aux plus violentes tornades ayant touché l’Oklahoma depuis 30 ans.
En résultait un sympathique film de genre, porté par Helen Hunt et feu Bill Paxton en lead actors. Et à l’heure des revivals de franchise (Top Gun Maverick par exemple), Twisters fait office d’évidence devant cette « suite » longtemps mise dans les starting-blocks, notamment avec un retour d’Helen Hunt chapeauté par Joesph Kosinski.
Reboot qui passe en coup de vent
Au final, Kosinski reste à la production, mais c’est Lee Isaac Chung (Minari) qui s’occupe de ce reboot débutant de manière plutôt familière : Kate Carter (Daisy Edgar-Jones) est étudiante météorologue, mais voit sa passion de chasseuse de tornade mise sur le carreau tandis qu’un EF5 (classification maximale de dangerosité) happe plusieurs de ses amis et son petit-ami.
5 ans plus tard, un ancien collègue (Anthony Ramos) travaillant pour une entreprise privée contacte Kate pour tester un nouveau système scannographique de tornades. D’abord rivaux face à Tyler Owens (Glen Powell) et sa troupe de youtubers, les 2 clans vont devoir s’unir face à des tornades plus dévastatrices que prévues.
Un pitch tout à fait similaire au premier film, tandis que Twisters plante efficacement sa protagoniste principale (sorte de synthèse de Bill Paxton et Helen Hunt), traumatisée par la perte d’êtres chers. La mise en scène de Lee Isaac Chung se révèle d’ailleurs toujours efficace lorsqu’il s’attarde sur ses acteurs, rendant leurs personnages plus incarnés et les enjeux plus humains.
Dramaturgie aux abonnés (quasi) absents
Malheureusement, Twisters affichera très vite ses nombreuses limites, délayant au maximum toute tension dans un enchainement de set-pieces déjà-vus, tel une mise en place d’enjeux prenant plus d’1h. Rien ne semble afficher le niveau de danger de son introduction, préférant jouer avec un casting de talent (Sasha Lane, David Corenswet, Brandon Perea, Kathy O’Brian..) relégué au 2nd ou même 3e plan.
Des personnages-fonction donc, n’existant qu’à travers 1 ou 2 répliques lambda au profit d’un faux triangle-amoureux. L’occasion d’apprécier (ou non) des protagonistes trentenaires écrits comme des adolescents, diluant absolument toute dramaturgie rédemptrice vis-à-vis de Kate, et ce malgré le talent des comédiens.
Heureusement, Glen Powell affiche toujours un charisme certain, et une alchimie avec la non-moins très bonne Daisy Edgar-Jones (seul personnage ayant un arc narratif !). Mais là où Twister amenait une touchante relation mari-femme en pleine thérapie, Twisters se contente d’une amourette chaste naissante dans tout ce qu’il y a de galvaudé, jusque dans son spectacle régulièrement contrarié.
Twisters affiche certes des effets météorologiques réussis techniquement, provoquant même par instants quelques plans impressionnants. La contrepartie malheureusement tient dans une mise en scène souvent près des acteurs, et avare en plans larges. Un manque de gigantisme se traduisant par un manque de souffle et aussi de tension, loin de la construction crescendo attendue. Même le discours des corporates avares face au quidam de l’Amérique rurale (fan de rodéo oblige) demeure succinct, incapable d’aborder de manière incarnée un propos sur l’écologie
Divertissement soigné mais bas-de-gamme
Pas de défi technologique non plus, Twisters enchaîne le coups de vent interchangeables, et il faudra véritablement attendre la dernière demi-heure pour renouer avec un esprit 90’s longuement attendu. Et si l’on accepte les effets de tornade à géométrie variable (un coup des voitures peuvent s’envoler face à des humains bien ancrés dans le sol..ou bien l’inverse avec des personnages happés suivant le script), l’ensemble peut se suivre sans gros déplaisir.
Mais arrivé à son climax, Twisters se révèle être un énième divertissement du samedi après-midi aux dialogues dignes de NRJ12, à la fabrication certes soignée (jolie photographie de Dan Mindel) et au casting charismatique, mais à l’écriture/ambition/singularité au rabais.
Twisters est sorti au cinéma le 17 juillet 2024
avis
Twisters se voudrait une résurrection pour le blockbuster catastrophe des années 90. Mais malgré une fabrication soignée et un casting charismatique, difficile d'adhérer à une dramaturgie quasi inexistante, délayant toute tension au profit d'un divertissement sans ambition. Un coup de vent estival en somme !