Sorte de préquel spin-off de la franchise Jason Bourne, la série Treadstone s’élance avec un pilote efficace, suffisamment emplie de mystères pour nous intriguer.
Depuis des essais à Berlin en 1973 à nos jours, un programme secret de la CIA met en place des tueurs implacables, lesquels s’éveillent pour compléter leurs missions. Après des remakes ou reboot sériels de Taken ou même de Jack Ryan, il en est un qui ne pouvait échapper à la mode, le fameux Jason Bourne. Treadstone prend donc pour terrain de jeu les balbutiements de l’agence éponyme à l’origine de la formation du célèbre espion amnésique.
Si sa franchise cinématographique commençait à péricliter, Treadstone réussit plutôt bien le pari de plonger dans l’univers de Jason Bourne sans s’attaquer aux missions du maître pour se forger sa propre identité. Ça tombe bien, c’est ce qu’on attendait, en supposant qu’on attendait quelque chose de cette idée pas follement novatrice. Pourtant le show de Tom Kring (Heroes) parvient de façon sympathique à nous emporter dans un thriller pertinent et pour le coup, original. Si si.
You know their names…
Plutôt que de tomber dans la facilité en suivant un super agent badass qui casse des gueules en tentant de comprendre dans quel guêpier il est tombé, la série opte pour deux approches. Temporelle d’abord, en alternant deux timelines, de l’origine en pleine guerre froide de l’opération Treadstone, à l’éveil récent de nouveaux espions endormis, et humaine puisque le show ne court pas derrière un mais trois protagonistes. Le sujet 0 en 1973 (Jeremy Irvine), une innocente professeure de piano en Corée du Sud (SoYun Pak) et un foreur pétrolier (Brian J. Smith, éternel Sense8).
Une multiplicité narrative qui dynamite le rythme de la série, électrique. L’action y est lisible, le montage efficace et racé pour ne perdre aucune miette des prises léthales alors que la caméra de Ramin Bahrani opère pour un classicisme percutant. Un style visuel brutal renforcé par un brouillard narratif agréable, où le spectateur mène également l’enquête, tentant de reconnecter les informations au fur et à mesure. On est maintenus dans l’ombre et il n’aurait manqué que la musique de Moby pour parachever le tableau bien réalisé qu’est Treadstone, du moins pour l’instant.