Qui dit famille, dit amour, mais qui dit famille, dit aussi conflit. Avec sa mini-série Tout va bien (8 épisodes) – produite par Disney – Camille de Castelnau entre dans le vif du sujet, en décortiquant une famille à la limite de l’implosion. On en découvre chaque membre, tous tiraillés par leurs démons intérieurs : comment réagiront-ils à la maladie de Rose ? A se demander si réellement tout va bien …
Tout va bien n’est pas une série qu’il faut prendre à la légère, le titre est trompeur. Comment tout pourrait bien aller sachant que Rose, 9 ans, est atteinte d’une leucémie ? Qu’elle est à la portée de la mort, ce spectre qui en hante plus d’un ? En s’emparant de ce sujet, la scénariste du Bureau des légendes Camille de Castelnau était certaine de pouvoir jongler entre de multiples enjeux dramatiques. D’abord il y a Rose, et puis tous ceux qui se trouvent autour d’elle, qui la soutiennent, qui subissent directement ou indirectement sa maladie. Au drame se mêle avec poésie tendresse et humour.
Une fresque familiale qui ne ment pas
Tout va bien ne dépeint pas la famille parfaite, celle où justement, tout va bien. Au contraire, Camille de Castelnau fait ressortir les personnalités de chacun – qui ne sont pas toutes blanches ou noires -, les conflits enfouis et naissants, les non-dits, les reproches tapis dans l’ombre. Comme toute famille, cette famille a ses secrets, elle regorge de caractères différents qui ne vont pas forcément ensemble. Mais dans cette épreuve partagée, il faut savoir être soudé, alors comment faire ? Chacun y va à sa manière, essayant de trouver des solutions, ses solutions, pour supporter et surmonter l’insurmontable, ne serait-ce que quelques minutes.
Au centre, il y a les femmes…
On découvre ainsi des personnages variés. D’abord, il y a Rose (Angèle Miele), cette petite fille qui ne peut plus rien faire, empêchée par sa leucémie. Elle lutte en silence, avec le sourire. Sa mère, interprétée par Sara Giraudeau est une femme discrète, pensive, qui parle peu et reste discrète, pudique. A l’inverse, sa soeur Claire, la tante de Rose, est très expansive, exubérante. Virginie Efira l’incarne à merveille, lui donnant toute sa force de caractère : elle ne lâche rien et ira jusqu’au bout, quitte a un peu trop s’oublier. Et bien sûr, il y a leur mère, Anne, la grand-mère de Rose. Nicole Garcia livre un personnage qu’il est difficile de supporter tant elle est égocentrée. Mais sous ses airs optimistes, sa religion du “tout va bien”, elle cache ses failles, ses douleurs. Toutes ces femmes sont au centre de l’histoire, elles portent le récit et le font avancer. Chacune à leur façon nous trouble et nous émeut.
Et puis, il y a aussi les hommes, qui restent un peu plus effacés, en retrait. Eduardo Noriega joue Antonio, le mari de Claire. Il la soutient dans cette épreuve et tente de l’aider à contrôler un minimum ses émotions. Aliocha Schneider interprète Vincent, le frère d’Anne et Claire, celui qui n’arrive pas à accepter la maladie de Rose, qui fait tout pour s’en éloigner, quitte à partir le plus loin possible. Bernard le Coq est le mari de Anne, Pascal. Au fil des épisodes, on apprend à mieux le connaitre, lui qui vit caché derrière sa femme. Quant à Stéphane, le père de Rose (Yannik Landrein), est peut-être celui que l’on voit le moins, le plus effacé. L’amant de sa femme, Louis (Mehdi Nebbou), le remplace en amenant un peu de clownerie.
Un peu trop de sentimentalisme …
Dans son ensemble, la série Tout va bien nous prend au jeu. Ce casting hétéroclite la porte de bout en bout et on souhaite continuer à côtoyer les membres de cette famille, à les accompagner dans cette épreuve. Avec cette dramédie, on jongle continuellement entre le rire et la larme. On est attendri par leurs vies, et on s’identifie à certaines situations, à l’instar de cet épisode de Noël où tout le monde se retrouve, pour le bien comme pour le pire.
Mais on ressent aussi une volonté de faire durer l’émotion, et ce sentimentalisme forcé est parfois de trop. Sans dévoiler la fin, les deux derniers épisodes de la série tirent sur la ficelle. On voudrait que ça se termine, mais Camille de Castelnau fait durer la situation, beaucoup trop. Il aurait peut-être fallu miser sur plus de réalisme quitte à abréger d’une heure cette fresque familiale.
Tout va bien est une mini-série agréable à voir. Il est indéniable que l’on passe un bon moment et que l’on s’attache à cette multitude de personnages. On est touché par leur situation et on espère pour eux que tout ira bien.
Tout va bien est disponible sur la plateforme Disney + à partir du 15 novembre.
Avis
Tout va bien est une fresque familiale qui jongle continuellement entre la comédie et le drame. On s'accroche aux personnages grâce à un casting de haut vol. Mais parfois, Camille de Castelnau fait durer un peu trop les situations, un sentimentalisme un peu trop poussé qu'il aurait fallu abréger. Une série agréable à voir, surtout en famille.