Tout simplement noir est un faux documentaire qui invite à rire et à réfléchir autour des thèmes brûlants du racisme et du communautarisme.
Tout simplement noir débarque dans les salles avec son florilège de guests ! 27 avril : c’est la date qu’a choisi JP pour organiser la première grande marche de protestation noire. Ce père de famille et acteur raté de 40 ans est déterminé, et un brin mégalo ! Son ambition ? Devenir le Nelson Mandela ou le Martin Luther King français. Et pour y parvenir il va, avec culot et maladresse, aller à la rencontre de personnalités influentes de la communauté noire, dont il espère obtenir le soutien.
Noir, tout simplement
Rien que par son titre, le film interpelle forcément. Parce qu’il ose le mot « noir », devenu tabou, pour rappeler justement qu’il ne s’agit que d’une couleur, pas d’un jugement. Et qu’il devrait pouvoir être utilisé de manière aussi décomplexée que « black » ou « renoi ».
Et puis, comme cette comédie le rappelle, certes avec humour mais néanmoins fermement, cette précision n’a pas lieu d’être dans bien des situations où on la retrouve pourtant. On retiendra notamment cette scène dans laquelle une « journaliste noire », lassée de s’entendre désigner de la sorte, s’insurge et revendique être une journaliste, point. Et être arrivée là où elle en est par ses efforts et son talent, point.
Un film ancré dans le réel
Un humour engagé, du politiquement incorrect, un ton simple et très « street » avec pour seul but : celui de revenir à l’universel, de rassembler. La place du noir dans les années 80, l’afro féminisme, ce qu’implique être noir dans la société d’aujourd’hui… Des thématiques plus que jamais d’actualité tandis que le mouvement Black Lives Matter secoue le monde entier.
« Une critique du communautarisme par l’absurde », c’est ainsi que Jean-Pascal Zadi – l’un des réalisateurs et acteur principal du film – définit ce film. Ainsi, c’est avec leur propre style et toujours avec beaucoup d’autodérision, que les nombreuses personnalités de ce film délivrent des messages positifs et autant d’invitations à réfléchir.
Un casting gavé de paillettes
Toute une série de guests jouent ici leurs propres rôles : Claudia Tagbo, Fary, Fabrice Éboué, Joey Starr, Éric Judor, Jonathan Cohen ou encore Soprano, pour ne pas tous les citer. Mais soyons clair : cela ne suffit pas à faire un bon film. Au contraire, ce défilé de « stars » peut finir par devenir lassant. Et les deux réalisateurs échappent difficilement au piège d’une simple succession de scènes burlesques, reliées par un fil conducteur qui a parfois du mal à maintenir son cap.
La comédie évènement de l’été ?
Puisque c’est ainsi qu’on nous la vend, qu’en est-il ? Si le thème et la manière dont il est abordé nous ont convaincus, c’est beaucoup moins le cas du casting et de la dimension humoristique à proprement parler. En effet, nous avons souri (un peu), réfléchi (à peine)… mais le film n’a pas réussi à nous décrocher un seul rire.
Probablement aurions-nous du le découvrir au cinéma, car sa dimension fédératrice en fait un film à voir en groupe. C’est le partage des rires qui fait fonctionner sa mécanique. Seul (ou même à deux) devant sa télé : on a du mal à être embarqués.
Et puis, on ne s’attache à aucun personnage de cette fresque burlesque. Pas même à ce JP qui tente de trouver sa place dans la société et qu’aucun obstacle ne semble pouvoir arrêter. Quant au dénouement, précipité pour ne pas dire bâclé, il nous a laissé un goût amer d’inachevé. Une comédie qui ne semble pas s’être donné les moyens de ses ambitions… Dommage.