Après de remarquables performances dans Mildred Pierce ou Mare of Easttown, Kate Winslet revient dans The Regime. Une 3e mini-série HBO, mise en scène par Stephen Frears. 6 épisodes nous immergeant dans une satire politique à la fois pertinente dans sa dramaturgie, mais ratée dans son aspect comique.
The Regime a tout du package prestigieux auquel HBO nous a bien souvent habitué. Cette mini-série en 6 épisodes mise en scène par Stephen Frears (Les Liaison Dangereuses) et Jessica Hobbs (The Crown) nous emmène dans un pays fictif d’Europe centrale (sorte de mix entre l’Angleterre et l’Europe slave). La subtilité étant que ce fameux pays est soumis à un régime des plus autoritaires, gouverné par la Chancelière Elena Vernham.
Ayant pris la tête du pays à la mort de son père, Elena devient de plus en plus paranoïaque, entre les machinations politiques de son entourage, les débats sur la position que doit occuper son pays sur l’échiquier mondial, mais aussi le taux d’humidité global de chaque pièce du royaume (une contamination par un virus est si vite arrivée !). Désireuse d’étendre son influence, Elena va recruter un soldat volatile du nom d’Herbert Zurbak pour en faire son garde du corps. L’influence de ce dernier va ainsi engendrer une fracture au sein de ce régime haut en couleurs.
Verre à moitié vide/plein
Haut en couleur est sans doute le maître-mot de The Regime, via un ton sardonique exposé d’emblée. La série écrite par Will Tracy (Le Menu, Succession) s’amuse évidemment de ce régime où la dirigeante (entre Putine et Kim Jong-hun) joue autant à déblatérer un langage fleuri à ses opposants politiques/la presse que de chanter (faussement) en cabaret ou s’assurer que chaque pièce qu’elle traverse ne présente aucune moisissure.
Bref, le ton est léger, mais c’est dans la satire que The Regime parvient (initialement) à nous tenir et nous intéresser. En effet, difficile de ne pas y voir un regard tout à fait contemporain à l’heure de l’invasion de l’Ukraine, tandis que Vernham va se détacher de l’influence américaine pour recentrer son économie via l’exploitation de cobalt.
Dès lors, c’est lorsque The Regime effleure la noirceur et épouse une dramaturgie que la série trouve son intérêt, à l’instar du personnage de Matthias Schoenaerts. Ce dernier fait preuve une nouvelle fois d’une présence aussi imposante que son personnage à fleur de peau. Un jeu d’attraction-répulsion va ainsi se mettre en marche, alors que Zurbak va influencer la Chancelier après avoir survécu à une violente révolte de mineurs.
Et là où la relation devient plus vénéneuse qu’il n’y parait tient non seulement dans le brouillage motivationnel qui suit (Zurbak étant constamment dans un rapport d’amour-haine), mais également dans la qualité d’interprétation de ses comédiens. Le reste du casting comporte Andrea Riseborough, Hugh Grant ou même Guillaume Galienne, pourtant leurs personnages se retrouvent rapidement périphériques.
Kate Winslet Show
Un constat assez triste, nuisant complètement à l’aspect politique de The Regime. Non, la star reste bien sûr Kate Winslet, capable de lier le drama comme dans Mildred Pierce ou Mare of Easttown (Elena se veut intimidante rien qu’avec un rictus en coin), mais aussi la comédie. Ce dernier aspect est malheureusement le point faible de la série, annihilant tout possible message ou prise de position de son auteur.
Ainsi, les épisodes auront de fâcheuse tendance à enchaîner certaines ellipses (la plus troublante étant entre le 5e et le 6e épisode), comme pour se dédouaner là encore toute dramaturgie politique alors que le régime de Vernham semble s’écrouler. Passée cet aspect grossier, The Regime nous attrape assez régulièrement par son duo principal et quelques saillies satiriques bien senties. Toujours est-il que passé le Kate Winslet Show (des plus agréables certes), il ne reste pas grand chose à grapiller.
The Regime est diffusée chaque semaine sur le Pass Warner de Prime Video
avis
The Regime a beau être une sympathique mini-série entre satire et dystopie, ce nouveau show HBO a bien du mal à pleinement exploiter son cadre géopolitique pourtant aguicheur. De plus, le versant comique diminue assez régulièrement les réflexions dramatiques beaucoup plus impactantes. Un résultat en demi-teinte donc, sauvé par les performances de son casting inspiré, et une Kate Winslet toujours étincelante dans n'importe quel registre.