Avant la sortie de La Chute de la maison Usher, nouvelle série de Mike Flanagan pour Netflix, on se repenche sur sa précédente création, The Haunting of Bly Manor, pour un visionnage de rattrapage.
En 2018, The Haunting of Hill House présentait l’évolution d’une famille ayant grandi dans une maison hantée. Dévorée par leurs secrets, ses enfants évoluaient chacun dans leur sphère, subtilement reliés par ce passé douloureux. Parfaitement ficelé, le scénario montait tranquillement en puissance, saupoudré de la magie que l’on connait à son créateur, Mike Flanagan. Celui-ci livrait sans doute l’une de ses meilleures œuvres. Naturellement, les fans de cette excellente saison attendaient avec impatience sa suite, The Hunting of Bly Manor.

The Hauting of Bly Manor prend place dans un manoir anglais, imprégné de mystérieuses disparitions. Flora et Miles, deux enfants de huit et dix ans, y grandissent entourés d’une gouvernante, d’un cuisinier, d’une jardinière et de leur nouvelle institutrice, Dani. Au fil des épisodes, les secrets et drames de chacun refont surface, tout comme les fantômes coincés dans l’immense propriété. Si la poésie imprégnant Before I Wake et Hill House demeure présente, quelque chose semble toutefois manquer à cette saison.
Romances gothiques en territoire hanté
Plusieurs histoires s’entre croisent dans cette saison. Celle de la disparition tragique de deux amants, le jeune valet et l’institutrice précédente des enfants, reste en toile de fond. Imprégnant les lieux de leur présence, ceux-ci se montrent parfois à Miles et Flora, qui perçoivent les fantômes hantant les lieux. Le plus redoutable d’entre eux prenant la forme d’une femme sans visage emportant avec elle toute personne se trouvant sur son chemin. Amours perdues, trahisons, jalousies ont façonné le manoir de Bly, dont le fonctionnement se précise dans l’épisode 5. Entre rêves et souvenirs, beaucoup d’âmes se trouvent condamnées à errer sur la propriété.

Comme à son habitude, Flanagan illustre les relations entre ses personnages de manière poétique et indirecte, renforçant à la fois le mystère et l’attachement du spectateur pour les personnages. Le décor, baignant dans un clair-obscur parfaitement maîtrisé, contribue aussi à renforcer l’ambiance mystérieuse et fanée de ce lieu glacé. Quelques scènes s’avèrent néanmoins un peu cliché, comme celle des fleurs de lune. La romance entre Jamie et Dani tombe d’ailleurs un peu à plat et n’apporte finalement pas grand-chose au scénario. Netflix exigerait-il que toute amitié entre deux femmes évolue forcément vers une relation amoureuse ? La saison globale reste, malgré ces quelques longueurs, très poétique et bien interprétée.
Enfants perdus et casting éblouissant
Force est de reconnaître qu’en plus de la magie de ses œuvres, ce réalisateur a également un don pour choisir ses acteurs. Mention spéciales aux interprètes de Benjamin Evan Ainsworth et Amelia Bea Smith, absolument fabuleux. Le geemick de la petite fille devient de plus en plus glaçant au fil des épisodes et le regard de son frère relève du génie. Les performances de ces deux très jeunes acteurs en feraient presque oublier celles des adultes ! Victoria Pedretti se révèle tout à fait juste dans le rôle de la jeune femme torturée par la culpabilité. T’Nia Miller présente aussi un jeu tout en finesse, subtil et discret, à l’image de son personnage.
The Haunting of Bly Manor: entre Les Autres et l’Orphelinat
Certains afficionados de Hill House pourraient cependant trouver quelque chose de manquant à cette série. On y retrouve pourtant la patte de l’auteur : la tragédie aboutissant sur un renouveau, les ponts entre la vie et la mort servant des retrouvailles parent-enfant… Difficile toutefois, de passer à côté d’une quantité de références qui finissent par éclipser un peu l’univers de départ.

En effet, on ressent une forte inspiration de l’excellent film fantastique Les Autres. Le twist de fin mémorable de cette œuvre magnifique semble ici avoir servi de base pour le scénario. D’autre part, plusieurs éléments rappellent L’Orphelinat, produit par Guillermo Del Toro. Une influence présente, sans être étouffante.
The Haunting of Bly Manor reste une très solide proposition de Mike Flanagan, mais sans retrouver toute la magie créatrice et, surtout, horrifique, de sa création précédente. On reste sur notre faim.
The Haunting of Bly Manor est disponible sur Netflix.
Avis
Mike Flanagan reste un maître de la mise en scène et de l'histoire de fantôme, mais The Haunting of Bly Manor est habité par des poncifs qui l'empêche de renouer avec le charme de Hill House.