Tempête se met au galop pour être le film familial français de cette fin d’année. Non sans difficultés.
Tempête perpétue la grande tradition du « film familial avec des animaux dedans ». Rejoignant ainsi des projets souvent dévoilés à l’aube de vacances scolaires comme Belle et Sébastien (dont Christian Dugay a même réalisé le deuxième opus), les films de Gilles de Maistre (Mia et le lion blanc, Le Loup et le Lion), Mystère de Denis Imbert (ayant aussi travaillé sur Belle et Sébastien) où encore l’incontournable Nicolas Vannier (Donne moi des ailes, Poly et… Belle et Sébastien). Christian Duguay, metteur en scène ayant travaillé aux États-Unis pour les suites de Scanners et sur le film d’action L’Art de la Guerre avec Wesley Snipes, avait signé son retour en France avec Jappeloup qui traitait déjà de l’équitation. Un retour en demi-teinte pour un film familial au demeurant sympathique.
Reconstruction équine
Tempête suit donc Zoé et sa famille vivant dans un haras. Après une naissance (presque mutante) dans une écurie, en même temps que la mise à bas d’un jeune poulain, la jeune fille décide de devenir jockey, rêve brisé par un accident qui lui fait perdre l’usage de ses deux jambes. La reconstruction sera lente et douloureuse, et le scénario de Christian Duguay et Lilou Fogli y perd ainsi en vigueur. , Parce que de ce choc physique et post-traumatique, le récit de Tempête semble patiner, se réfugiant dans la destinée assez fade d’une écurie alignant les échecs et faisant face à l’inévitable banqueroute : on aura même droit au riche repreneur américain (avec accent), campé par l’inattendu Danny Houston.
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Heureusement, outre les superbes images de chevaux courant sur la plage, dont on imagine un office de tourisme normand très friand, Christian Duguay a eu l’excellente idée de s’entourer d’acteurs de talent. Outre une Mélanie Laurent très convaincante dont la prestation rappelle celle vue dans Mia et le lion blanc, une fois de plus c’est Pio Marmaï qui l’emporte, en homme à tout faire bourru et surinvesti dans sa passion. Accompagné d’un Kacey Mottet-Klein toujours juste, les jeunes Charlie Paulet et Carmen Kassovitz s’avèrent toutes deux très convaincantes dans le rôle de Zoé.
Sans trot d’efforts
Mais là où l’on retrouve un peu de fougue, c’est lorsque Tempête s’est délesté de toutes ses sous-intrigues pour se réorienter vers la course. Comme dans Jappeloup, et comme le démontre son expérience américaine, Christian Duguay sait mettre en scène l’action, et lorsque son long-métrage doit se conclure sur une scène de compétition de la dernière chance, le metteur en scène sait en saisir la fougue essentielle. Sous la neige, sur la terre battue, Tempête montre ce qu’il aurait pu et dû être tout du long : un spectacle familial honnête et prenant, où le tempo de la course épouse celui d’une jeune femme voulant se reconstruire à force de rêve et détermination acharnée.
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Et c’est heureusement sur cette note positive que se clôt cette proposition en demi-teinte, s’étant cantonnée au trot pour déployer son intrigue familiale déjà vue et disons-le, plutôt mollassonne, pour finalement retomber sur ses pattes dans un final satisfaisant. L’occasion de conclure et de se dire que Tempête n’en est pas vraiment une, mais plutôt un courant d’air frais, au demeurent plutôt doux, que l’on visionne sous un plaid, de préférence en famille, pour ne pas trop (ou trot, à vous le choix) s’ennuyer.
Tempête est sorti le 21 décembre 2022.
Avis
Si l'on est loin de passer un moment désagréable devant Tempête, c'est grâce à ses acteurs de talent et de très belles scènes de course. Dommage que le film passe plus de temps à s'étirer en de sous-intrigues fades et mollassonnes qu'à lâcher ses grands chevaux pour offrir le spectacle familial de fin d'année qu'il aurait pu et dû être.