Sur un air de tango nous parle des liens familiaux, d’amour, de la vie qui passe et de l’impermanence des choses, des êtres.
Sur un air de tango est l’histoire de Pierre et de son père, d’un amour maladroit. C’est aussi l’histoire de Pierre et d’Alice, sa femme et la mère de ses enfants, d’un amour dont la flamme vacille jusqu’à s’éteindre. C’est l’histoire de liens qui se font, se défont, du souvenir de ceux qui ne sont plus, du temps qui passe. La vie, en somme, en toute simplicité.
Parlez-moi d’amour…
La pièce s’ouvre sur des sonorités jazzy dans le décor chaleureux et douillet d’un bistrot de bord de mer dont l’air semble déjà imprégné d’effluves de nostalgie. Il est 2h du matin et Pierre vient de fermer son restaurant quand son père débarque. À 78 ans, ce-dernier refuse d’entendre parler de maison de retraite. Il préfère se remettre à la danse et faire des claquettes, bien décidé à profiter de la vie pour le temps qui lui reste !
Rapidement, la conversation entre les deux hommes laisse entrevoir leurs fragilités. En effet, chacun y va de ses angoisses, de ses reproches, de ses sarcasmes, de ses remises en question, de ses souvenirs… Ça se chamaille, mais toujours avec tendresse. La complicité n’est jamais loin. Un peu plus tard, c’est la femme de Pierre qui arrive au restaurant à son tour, et la tension monte d’un cran tandis qu’ils évoquent à demi-mots la séparation…
Un trio qui fonctionne à merveille
Il y a beaucoup de délicatesse dans le jeu des trois comédiens. À commencer par Michel Papineschi qui nous agace, nous attendrit et nous amuse tout à la fois dans le personnage nuancé du père. Chloé Froget resplendit dans le rôle d’Alice et capte notre regard dès qu’elle apparait. Quant à Damien Boisseau, il incarne avec juste ce qu’il faut de pudeur et de vulnérabilité le personnage de Pierre.
D’ailleurs, la scène dans laquelle ce-dernier lit la lettre que lui envoie son père depuis la maison de retraite où il s’est finalement décidé à aller est belle et touchante. Se tenant juste derrière lui, c’est son père qui lit ses propres mots, ce qui créé un effet de proximité et de complicité très réussi entre les deux hommes.
Sur un air de valse, plutôt
Les rapports humains sont donc au cœur de cette pièce qui aborde le lien père-fils, le lien amoureux, mais aussi le sentiment de perte et les non dits au sein des relations au fil du temps qui passe. L’histoire est jolie, tendre, réaliste, et l’on s’y blottit bien volontiers aux côtés de ces personnages attachants et sympathiques. On passe un bon moment c’est certain. Mais un petit quelque chose nous a manqué pour que notre cœur s’emballe.
En effet, l’ensemble manque tout de même de relief, d’intensité, de ce qui caractérise finalement le tango. Il y en aurait, pourtant, des choses à dire, à explorer davantage, à creuser sur les thèmes de la filiation et de la relation amoureuse qui s’étiole. Or, rien ne vient nous surprendre, nous attraper par les émotions, nous remuer vraiment.
D’ailleurs, aussi réalistes que soient la pièce et le jeu des comédiens, nous ne sommes pas parvenus à nous projeter dans l’histoire, à nous retrouver quelque part. Sans doute parce que le propos reste en surface, là où le rythme se fait tranquille et monotone. Là où le bon moment se change en souvenir que les vagues emmèneront rapidement au large.
Sur un air de tango, d’Isabelle De Toledo, mis en scène par Pascal Faber et Bénédicte Bailby, avec Michel Papineschi, Chloé Froget & Damien Boisseau, se joue jusqu’au 25 mai 2022, les mardis et mercredis à 19h, au Studio Hébertot.
Avis
Cette pièce délicatement jouée aborde le thème des liens familiaux avec réalisme et simplicité. Un peu trop de simplicité toutefois pour nous transporter vraiment. On passe tout de même un agréable moment en compagnie de personnages attachants.