Stillwater voit le réalisateur oscarisé de Spotlight poser ses valises à Marseille pour filmer un père prêt à tout pour innocenter sa fille. Un drame honnête et sans bavures.
Stillwater est le sixième long-métrage de Tom McCarthy, réalisateur couronné de succès pour son précédent long-métrage, l’oscarisé Spotlight. Si l’on peut facilement remettre en question le génie de mise en scène de ce dernier, qui l’avait tout de même emporté cette année-là face à George Miller pour Mad Max : Fury Road, on ne peut remettre en cause l’efficacité de celle-ci, toujours au service de récits forts et prenants. Stillwater ne déroge pas à la règle, et sur un scénario du duo Thomas Bidegain et Noé Debré, qui ont déjà tous deux collaborés pour Jacques Audiard, Tom McCarthy livre un drame efficace et prenant mettant au premier plan la solide interprétation d’un Matt Damon tout en fêlures taiseuses.
Sans artifices
Stillwater nous narre donc le combat d’un père, honnête foreur de pétrole américain rendant visite à sa fille à Marseille incarcérée pour un meurtre qu’elle n’a pas commis. Solidement campée par Abigail Breslin, le reste du casting n’est pas en reste autour d’un Matt Damon impliqué, qui de sa stature imposante traduit sans trop en dire bien des blessures. Camille Cottin est ainsi rayonnante, au service d’une intrigue solide qui délaisse l’enquête pour croquer le chemin de rédemption d’un homme au passé difficile.
Filmé dans un Marseille sans artifices, le film de Tom McCarthy suit ainsi un Matt Damon de tous les plans, retrouvant un peu de lumière dans le rôle de paternel protecteur qu’il n’avait su correctement tenir. Investi dans sa mission, le film met ainsi en exergue les deux faces d’un homme qui s’affrontent, celle d’un père souhaitant rattraper ses erreurs passées et accédant peu à peu au bonheur à l’aune d’un avenir plus radieux au sein du logis d’une actrice française et de sa jeune fille. Sans manières, et au plus près des acteurs, Stillwater s’échine à tenir sa modeste promesse au sein d’un récit prenant, qui à défaut d’être haletant se suit avec beaucoup d’intérêt.
Au père tranquille
C’est d’ailleurs ce qu’on pourra regretter dans Stillwater, qui, à part le fait d’honnêtement remplir son contrat, ne saisit jamais le souffle romanesque de son intrigue pour dynamiter son récit et le mener vers des retranchements d’autrement plus excitants. À l’image de son personnage principal, le film de Tom McCarthy souffre parfois de son classicisme qui s’évertue à mener sa quête sans jamais dépasser les lignes de son récit. L’on aurait ainsi aimé voir se creuser les zones d’ombre d’une affaire dans laquelle personne n’est vraiment innocent, et d’une dualité plus marquée dans le cheminement de son personnage principal.
Il n’en sera cependant rien qui ne ressemble à une quelconque sortie de route, d’un film qui à défaut de tourner à plein régime se contentera d’emprunter des routes plus paisibles. Comme son personnage d’honnête américain, Stillwater suit ainsi précisément et scrupuleusement sa ligne de conduite et sans trop en faire, réussit toutefois à pleinement satisfaire, aussi modeste soit-il.