Le projet avait tout pour plaire, les premières images étaient intéressantes. A vrai dire, on avait même de bons espoirs après avoir découvert les premières images à Gérardmer en début d’année. Un film de requin français, réalisé par le prometteur Xavier Gens avec Bérénice Béjo et Nassim Lyes, en partie tourné sous l’eau : Sous la Seine était séduisant. Et pourtant…
Été 2024, Paris accueille pour la première fois les championnats du monde de triathlon sur la Seine. Sophia (Bérénice Béjo), brillante scientifique, est alertée par Mika, une jeune activiste dévouée à l’écologie, de la présence d’un grand requin dans les profondeurs du fleuve. Elles n’ont d’autre choix que de faire équipe avec Adil (Nassim Lyes), commandant de la police fluviale pour éviter un bain de sang au cœur de la ville.
On ne va pas y aller par quatre chemins. Sous la Seine est une déception majeure. Malgré une réalisation plutôt maîtrisée, on découvre un scénario qui découle directement – non pas de scénaristes – mais des eaux usées de Paris. Le film est submergé d’incohérence scénaristiques mais également de comportements des personnages soit insensés, soit antilogiques vis à vis de la mise en place effectuée dans la scène qui précède l’action en question. En résulte un film inondé de raccourcis de scénarios.
Les personnages sont ennuyants au possible. Sous la Seine présente des héros passifs qui subissent plus des péripéties qu’ils ne les résolvent. Le script ainsi que les protagonistes tournent en rond. Pire encore, le spectateur a toujours un coup d’avance sur le film, ce qui devient un véritable problème lorsque le métrage tente d’amener des pseudos twist ou révélation. Bref, Sous la Seine n’a qu’une seule volonté, noyer son script et ses personnages pour avancer et brasser du vide, tout comme ses dialogues.
Toujours en termes d’écriture, on constate un travail de dialogue des plus basiques et ennuyant. Le pire – et le plus embêtant surtout – vient également de l’interprétation des comédiens, qui relève plus de l’exposé scientifique et de la récitation plutôt qu’une interprétation crédible et dramatique. Sous la Seine est trop bavard. Et lorsqu’il entame les parties qui auraient pu être intéressantes, passe directement à une autre scène pour avancer dans le film plutôt que de développer ses personnages ou bien même ses enjeux.
Si le scénario touche le fond, il n’en est pas autant pour la réalisation de Xavier Gens. Sous la Seine est plutôt bien réalisé, en particulier ses séquences sous-marines. C’est bien découpé, c’est lisible, même si un peu trop répétitif sur la longueur… Le long-métrage a du mal à renouveler sa mise en scène aquatique, très épuré dans ses décors. On constate aussi pas mal de répétitions sur les cadres, les déplacements et les actions des personnages ou bien même celle de la créature aquatique. D’ailleurs, côté SFX et VFX, c’est une très bonne surprise. On pourrait presque y croire. Le requin est joli, bien intégré, bien animé, comme la majorité des autres effets spéciaux du long-métrage.
Bien que les quarante premières minutes soient vraiment à la ramasse, Sous la Seine regagne quelques points avec sa première attaque sous-marine beaucoup plus spectaculaire. Car s’il y a une chose qu’on ne pourra pas reprocher au film, c’est sa générosité. Xavier Gens se donne à fond, n’épargne personne, propose quelques effets plus gores et visuels. Et surtout, on retiendra deux grosses séquences en deuxième plutôt mémorables, originales et spectaculaires, proposant une imagerie encore jamais vue, spécifiquement dans le cinéma français.
Généreux et divertissant
Dans Sous la Seine, on sent une certaine fougue dans la réalisation. Le cinéaste s’amuse avec sa caméra et propose plusieurs moments plutôt divertissants. Parfois en mode vue à la première personne, elle se retrouve ensuite en mouvement aérien, plus spectaculaire et dramatique, proposant plusieurs plans assez iconiques. Dommage que la majorité du film rame autant sur sa première grosse partie et qu’il soit aussi déséquilibré, tant sur sa forme que sur son fond.
Sous la Seine est un film très – trop – premier degré. On se rappelle encore de Xavier Gens qui indiquait à Gérardmer vouloir faire un film à l’opposé d’un Sharknado. C’est Bérénice Béjo elle-même qui évoquait les enjeux écologiques que le long-métrage devait défendre, à la limite d’un manifeste politique. Une approche et une promesse des plus intrigantes, qui s’avèrent finalement aussi être un fiasco total…
Rire ou pleurer
Le propos de Sous la Seine défendu par Xavier Gens ne fonctionne que de loin. On pourrait l’expliquer par son problème de ton. Tandis qu’il traite son sujet avec un premier degré total et une approche quasi documentaire, il contrebalance avec des figures politiques clichées sortant tout droit de la série B américaine, genre cinématographique avec laquelle le réalisateur voulait pourtant prendre ses distances.
Vous l’aurez compris, c’est une grosse déception… Sous la Seine est trop déséquilibré et fragile sur le papier pour être la réussite qu’on s’était imaginé. Le film reste néanmoins une proposition de cinéma de divertissement français encore jamais vu.
Sous la Seine sera disponible le 5 juin 2024 sur Netflix.
AVIS
Sous la Seine promettait beaucoup et délivre finalement bien peu… Malheureusement très déçu même si on continue de soutenir ces propositions hors du commun du paysage cinématographique français.