On avait beaucoup aimé la saison 1 de Shrinking mais force est de constater que la saison 2 est encore meilleure, à tous les niveaux !
S’il commence à accepter le décès de sa femme et à retrouver son mojo paternel, Jimmy va bientôt rechuter en se retrouvant face-à-face avec la source de son traumatisme, le chauffeur à l’origine de l’accident de sa femme. Apple TV+ vient de nous régaler (c’était il y a quelques semaines mais les fêtes tu connais) en diffusant la deuxième saison de Shrinking qui s’est révélée encore plus pertinente que l’était la première, et pourtant c’était déjà du très beau boulot !
Créée par les trois mousquetaires de la comédie télévisuelle américaine, j’ai nommé Bill Lawrence (créateur de Scrubs), Jason Segel (Marshall dans How I Met Your Mother) et Brett Goldstein (Ted Lasso), Shrinking est bien couvée par son trio de papas infernaux qui accouchent encore d’une magnifique dramédie dont ils sont également tous producteurs et scénaristes (même si Goldstein et Lawrence utilisent plus la plume que Segel). Pourtant, trouver son rythme de croisière à partir d’une saison 1 très sympathique mais assez légère, ne s’avérait pas évident. C’était sans compter sur cette excellente saison 2. « My bad ».
Tears… of joy!
Forcément il est des stéréotypes du genre de la comédie et des sitcoms, dont se veut héritière cette fameuse Shrinking, qui viennent tendrement entacher le plein potentiel de cette délicieuse dramédie. Les scènes s’enchainent et s’apparentent parfois à de simples plans de coupes, des rebondissements ou de mini-sketchs plutôt qu’à des arcs narratifs propres. C’est souvent décousu, régulièrement artificiel et malheureusement répétitif et, sous couvert de thérapies appliquées à chacun des protagonistes (directes ou indirectes), le show a la fâcheuse habitude de faire régresser la psychologie de ses personnages à des fins humoristiques (souvent efficace, mais on y reviendra) un peu granguignolesques (pitié, le surjeu comique de Segel n’a d’égal que ses prouesses dramatiques).
De même, si les personnages et les intrigues tournent autour de la thérapie, quel euphémisme, et qu’il est donc attendu qu’ils évoluent avec le temps, apprenant de leurs erreurs et embrassant l’acceptation de changements évidents (après des phases de déni, de colère, de marchandage et de dépression), certains semblent plus factices que d’autres. On conçoit que l’adolescente, en pleine découverte d’elle-même, soit à même d’opérer de brusques changements d’attitudes et adopte un comportement… de gamine. Il en est autrement plus dommageable quand il s’agit de personnages adultes, voire assez âgé.e.s. Mais bon, on chipote.
Parce que, si ce petit détail et aussi l’aspect résolument cheap des « décors » du show viennent amoindrir ce joli moment, force est de constater que Shrinking est paradoxalement excellente sur tout le reste. L’écriture de ces nouveaux épisodes (qui en comprennent 12 au lieu des 10 précédents) est beaucoup plus maîtrisée que dans la saison 1, et jouit enfin d’aborder plusieurs sujets importants que le show n’hésite pas à traiter frontalement. L’humour est également mieux amené, permettant de continuer à caractériser les personnages en développant leur identité comme autant de mécanismes de défenses face aux traumatismes de la vie, ou au contraire pour afficher leur bonhommie et franche camaraderie d’une bande d’acteurs attendrissants.
Car l’un des atout de Shrinking demeure son casting merveilleux à l’alchimie évidente. Catalysé autour de Jason Segel, tout ce beau monde semble parfaitement s’entendre, de l’hilarante Jessica Williams au sympathique Luke Tennie, des excellents Michael Urie et Ted McGinley à l’irremplaçable Christa Miller ou l’éblouissante Lukita Maxwell, tous se présentent sous leur meilleur jour et rutilent d’aisance dans un concours du plus choupi possible, pour cimenter de colorées relations cimentées par l’inébranlable et parfaitement délicieux Harrison Ford. L’occasion de voir une véritable famille s’illuminer alors que la véritable pépite de cette seconde saison permet de soulever de phénoménales pertinences narratives.
Ainsi, avec l’arrivée devant la caméra de Brett Goldstein, Shrinking prend un tournant magistral. Le traumatisme de la perte d’un être cher prend vie sous la forme d’un type somme tout ordinaire, loin de l’image du méchant habituel, et non content d’en faire un bouc-émissaire pour que les personnages se défoulent, la série décide d’en faire au contraire le pivot narratif (Apple va même jusqu’à mettre un message d’aide en ligne en fin de saison). Si l’accident aura (et continue) de marquer les protagonistes, cette tragédie a (et continue) marqué peut-être encore plus brutalement, son chauffard originel. Ainsi plonger dans la psyché fragile de Louis (superbe Brett Goldstein, autant dans son écriture que dans son jeu d’une grande finesse) reste l’aspect le plus fascinant de cette saison 2 de Shrinking.
En effet le show fait de son fer de lance un humour adulescent pour conjurer les lourdes thématiques telles que le suicide, la dépression, l’inéluctabilité de la mort ou la peur de l’adoption dans un couple homosexuel, on respire lorsque les personnages décompressent, et nous avec. Sauf qu’avec Brett Goldstein et les divers arcs narratifs plus profonds de cette saison 2, l’humour et les vannes laissent place à de folles envolées émotionnelles. Un dernier verre de whisky, une tape sur l’épaule, un sourire en coin, tous ces petits gestes qui prennent ici des proportions folles et appellent de chaudes larmes. On ne dit pas qu’on pleurait, mais juste que nos yeux étaient vachement humides, c’est tout.
De nécessaires confrontations avec des sujets déplaisants, malaisants, mais pourtant absolument inévitables, avec une petite touche d’humour subtile par instant. C’est ça, la vraie force de Shrinking et on a hâte de voir où la saison 3 nous conduira.
La saison 2 de Shrinking est disponible sur Apple tv+.
Avis
Toujours délicieuse et rigolote, la saison 2 de Shrinking sort des sentiers battus et propose une intrigue follement pertinente et émotionnelle dès lors qu'elle développe frontalement la dépression la plus totale.