La deuxième saison de Reacher vient de se conclure sur Amazon Prime et si on avait été plutôt emballés par la première, ces nouveaux épisodes semblent finalement d’une platitude extrême, soit l’exact opposé de la circonférence des biceps de Alan Ritchson.
Sans domicile fixe mais toujours armé de sa brosse à dents, Jack Reacher déambule sur les routes américaines jusqu’à ce que le meurtre d’un de ses anciens coéquipiers le pousse à retrouver son équipe pour casser des culs et botter des bouches. Un programme parfaitement régressif pour la suite des aventures de ce Reacher, plus énervé, plus costaud et plus insipide que jamais avec une deuxième saison musclée tout juste diffusée sur Amazon Prime Video et déjà oubliée avant la prochaine redescente neuronale, soit dans un an et des brouettes.
Toujours adaptée des romans de Lee Child par Nick Santora, également à l’écriture du season premiere, cette nouvelle saison de Reacher accumule les poncifs et les superlatifs pour tomber dans un too much épuisant, certes rigolo et plaisant via son aspect bourrin détendu, mais éreintant dans son absence totale de propos inédit ou son développement de personnages. Mais on va détailler, promis. Et pas s’énerver, promis. Ou pas.
Je mets les pieds où je veux Little John…
Pourtant, tout partait bien. D’une première saison maîtrisée, on attendait sinon beaucoup au moins un bon moment devant le retour de l’ex policier militaire. Nouveaux épisodes donc nouvelle intrigue, encore parfaitement transposée d’un roman, en adaptant cette fois le bouquin Bad Luck and Trouble, sorti en 2007. Au cœur d’un complot promettant de menacer l’aviation aussi bien militaire que civile et forcément, Reacher va devoir faire parler ses biscotos avec les potos de son ancienne unité pour flinguer du méchant terroriste et politicien véreux. Un programme somme toute classique, encore une fois, on ne s’attendait pas à un pitch révolutionnaire, mais difficile de croire qu’on peut cependant nous proposer quelque chose d’aussi laconique.
Justement, avec cette deuxième saison de Reacher, on apprend que la production tente d’affecter le temps de parole du personnage en fonction du respect qu’il témoigne à son interlocuteur. S’il est respectueux, il papotera, s’il ne l’est pas, il sera lapidaire, dans tous les sens du terme. Ainsi, les dialogues semblent comme autant de stéréotypes. Surtout que ce Reacher est dépeint comme le plus fin détective du monde (on comprend pourquoi Ritchson milite pour incarner Bruce Wayne dans le nouveau DCU). Trop intelligent, tout est tout cuit directement digéré par l’intellect aussi monstrueux que la physionomie de son protagoniste.
.. et c’est souvent dans la gueule.
Rapide, réussie, sans accroc, l’enquête menée par Reacher et ses copains est forcément parfaite. Trop pour nos petits cerveaux dubitatifs évidemment. Tout y est réglé en deux-deux et mêmes les vannes et « traits d’esprits » paraissent paresseux. La référence à Terminator tombe comme un cheveu sur la soupe, même si on adore Robert Patrick, et tout le pathos développé autour des personnages, et leur fascination pour le big boss est également abusée. Ses anciens subalternes sont littéralement fascinés par leur ex-commandant, ne tarissent pas d’éloges et vont même jusqu’à mettre son nom comme mot de passe… Faut dire qu’il en impose. Mais ça reste abusé.
Par contre, malgré tout ce non-sens narratif, ou cette écriture délavée, le plaisir reste intact quand ce bon vieux Jack décide de casser des clavicules ou claquer des mâchoires dans le béton. Le bougre, bien aidé par sa musculature impressionnante, voit son gabarit magnifié par une réalisation carrée en contre-plongée, aux petits oignons dès lors qu’il s’agit de le montrer décortiquer chaque recoin d’anatomie de ses adversaires avec ses phalanges. Surtout que pour l’occasion, il est bien aidé par ses équipiers, également moteurs et non plus spectateurs de l’action comme dans la première saison.
Beaucoup plus démonstrative, cette deuxième saison lâche donc la bride sur les rebondissements physiques opposés à nos héros. Ainsi, nos 4 lascars vont devoir fracasser des militaires, un gang de motards, des tireurs embusqués, des terroristes énervés ou des hommes de mains patibulaires. Un beau bestiaire pour des séquences riches en action, et c’est vrai que ces moments forts sont plutôt plaisants, même si délaissant totalement l’aspect psychologique du personnage. Mais on a déjà beaucoup parler de la platitude narrative de cette nouvelle saison de Reacher…
Si vous cherchez de l’action décérébrée, vous êtes au bon endroit, mais si vous attendiez du retour de Reacher un développement du protagoniste, vous vous méprenez sévèrement. Ça castagne, certes, mais c’est à peu près tout ce que ça propose.
La saison 2 de Reacher est disponible sur Amazon Prime Video.
Avis
Même si on apprécie l'aspect régressif du show, cette saison 2 de Reacher est malheureusement décérébrée, d'une platitude narrative effarante. Dommage.