Sélectionné officiellement dans la catégorie « Court métrage de fiction » pour les César 2024, Rapide de Paul Rigoux a toutes ses chances pour décrocher le prix. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en moins de 25 minutes ce film nous donne envie de vivre, encore, et toujours plus vite. Un buddy movie à la philosophie de vie extrêmement communicative et jouissive !
Alex et Jean sont colocataires mais surtout amis. Pourtant, à les regarder, ils n’ont absolument aucun point commun. D’un côté il y a donc Alex (Abraham Wapler), jeune homme énergique qui souhaite vivre chaque instant à fond sans laisser la moindre petite pause exister. Et de l’autre Jean, jeune homme addict aux médicaments qui calcule quotidiennement sa fréquence cardiaque et qui pourrait rester allongé toute la journée sur son lit. La vitesse / la lenteur, deux antagonismes qui semblent difficilement réconciliables. Pourtant, il faut croire que l’expression « qui se ressemble s’assemble » n’est pas toujours vraie…

La vitesse
“Vite, tout va vite”, la phrase d’Alex Beaupain ne pourrait pas trouver meilleur sujet d’analyse. Est rapide quelque chose “qui se meut avec vitesse” et justement, Rapide, c’est la vitesse du présent porté à son paroxysme. Les scènes s’enchaînent et pour Alex et son amie Lou (Mélodie Adda) il ne faut plus réfléchir mais agir. Alors ils courent, ils jouent, ils suivent le BPM rapide de leur propre musique, un train de vie qui doit sans cesse accélérer. Et rien ni personne ne peut l’arrêter, pas même Jean et Caroline (Mathilde Weil) qu’ils tentent désespérément de faire monter dans un des wagons en marche. Y parviendront-ils ?

“La vitesse s’est vivre dans l’immédiat parce que le présent se raccourcit”. Quelle belle façon de percevoir la vie : un temps présent dont il faut profiter continuellement, ne pas penser au passé, ni au futur pour vivre pleinement chaque moment. Rapide donne à entendre autour d’une longue séquence filmée en plan statique différentes philosophies de vie. Chacun pourra se faire la sienne mais il semblerait qu’être impétueux rende heureux.
Et l’amour dans tout ça ?
L’interprétation qu’offre Edouard Sulpice (A l’abordage de Guillaume Brac) de Jean est touchante et drôle. Il joue de son corps longiligne pour présenter un personnage timide qui baisse continuellement la tête. Son mal être en société se retranscrit dans sa gestuelle maladroite et sa manière de parler : il tarde à trouver ses mots, hésitant à chacune de ses phrases. Cette attitude aux charmes étranges agit sur les personnes qui l’entourent jusqu’à une déclaration amoureuse qui n’aura jamais véritablement lieu. La recherche de “l’harmonie éprouvée par un couple qui se suffit à lui-même”.
Rapide jusque dans son format puisqu’avec une durée de 25 minutes, ce court-métrage évite le piège d’une durée qui aurait vu son sujet se diluer dans des longueurs. Paul Rigoux préfère que sa forme épouse son fond et si on en aurait bien redemandé un peu plus, nul doute que la clé de la réussite dans le cas présent est de rester… Rapide.

Avis
Le court métrage de Paul Rigoux Rapide a tout ce qu'il faut pour entrainer le spectateur. Une réflexion sur la vie et le temps qui passe qui file à toute allure. Si vous ne parvenez pas à profiter de l'instant présent, suivez cette folle escapade et vous en sortirez transformé !