Pour le meilleur et pour le dire est une comédie légère et pleine de bons sentiments qui nous plonge dans l’intimité d’un couple.
Oui, nous sommes enfin allés découvrir Pour le meilleur et pour le dire. Cette pièce pour laquelle nous nous souvenons fort bien avoir été tractés lors du Festival d’Avignon 2021 ! Nous avions longuement hésité d’ailleurs, tentés par l’affiche, par l’histoire… mais moins par le genre qui semblait s’apparenter à du vaudeville. Ce qui nous avait fait passer notre tour.
Depuis, la pièce créée en 2018 a fait du chemin. Jusqu’à se retrouver dans le charmant Théâtre Lepic, à Paris, cet été. Notre curiosité a donc fini par l’emporter. Alors, a-t-elle bien fait ?
Bienvenue chez la psy !
Nous avons donc ce couple, interprété par Roger Contebardo et Céline Perra. Ils vivent une belle histoire depuis un an, mais ne s’entendent pas sur l’envie d’avoir un enfant. Enfin, ce n’est pas tant qu’ils ne s’entendent pas, c’est surtout qu’ils ne se disent pas. Et c’est la séparation qui les menace. Alors, lui se confie à sa meilleure amie, et à sa psy. Elle aussi, de son côté, se confie à sa psy. Et la meilleure amie en fait autant ! Tous et toutes défilent donc dans le même cabinet sans le savoir. Pour le moment, il n’y a que nous qui savons…
Et puis il y a LA fameuse psy, personnage central de l’histoire. Dans tous les sens du terme d’ailleurs puisque son cabinet se trouve au milieu de la scène, astucieusement encerclé d’un tissu qui nous permet de voir par transparence ce qui s’y déroule, ou sur lequel est projeté un décor lorsqu’on change de lieu. Astucieux. Ah, et il y a le fils de la psy. Un… ado à priori, qui « essaye de se trouver » en suivant les conseils de sa mère, « Vis, ris, et jouis ! ». Et qui va vivre une aventure avec la meilleure amie… qui est donc aussi la patiente de sa mère si vous avez bien tout suivi ! Ce que tout le monde ignore aussi, bien sûr. VOI-LÀ.
« La parole est au centre de tout »
Évidemment, petit à petit, dans une rythmique propre à la comédie de boulevard, tout le monde va tout apprendre et se mêler de tout. Et les non dits et autres malentendus vont doucement se dissiper. Bon… nous ne sommes pas dans une grande finesse ni subtilité de texte, de jeu, ni de scénario. En effet, l’histoire est invraisemblable, les personnages n’échappent pas à la caricature, les rebondissements sont prévisibles, et les jeux de mots lacaniens et autres décorticages linguistiques dont use (et surtout abuse) la psy deviennent vite un peu lourds.
Pour le meilleur et pour… le pire ?
Alors, après avoir dit tout ça, ça semble plutôt mal parti… Eh bien pas tant que ça figurez-vous ! Nous gardions juste le meilleur pour la fin. Car on se laisse finalement assez volontiers embarquer dans cette histoire rythmée. La mise en scène de David Basant fonctionne plutôt bien et, entre humour et tendresse, on garde le sourire tout au long de la pièce. Et puis, nous mentirions si nous disions que nous n’avons pas passé un bon moment, que nous n’avons pas ri (excellent, le message d’accueil du répondeur qu’enregistre le fils de la psy pour lui faire une blague !), et que nous ne nous sommes pas attachés à certains des personnages.
En effet, la distribution de la représentation à laquelle nous avons assistée nous a semblé assez efficace. Caroline Brésard, dans le rôle de la meilleure amie espiègle, nous a particulièrement séduits par son naturel et son charme solaire. Dans celui de la psy, Tessa Volkine dégage une chaleur humaine très communicative et réconfortante. Elle parvient ainsi, malgré le côté parfois un peu too much de son personnage, à le rendre attachant. Tout comme son fils, interprété par Virgile Daudet, comédien dont nous avons déjà pu apprécier le talent dans la formidable adaptation d’Occident, de Rémi Devos.
Un vent de légèreté
C’est léger, oui, et parfois ça fait du bien aussi. Car la simplicité et la légèreté ne sont pas des gros mots après tout, surtout lorsqu’elles s’accompagnent de cette forme de justesse. Celle qui vous fait parfois adresser un sourire de connivence à votre voisin.e (ou à vous-même d’ailleurs) parce qu’une parole, une réaction, une situation vous apparaît familière, vient résonner à un endroit de votre histoire.
Car chacun de ces personnages laisse entrevoir ses vulnérabilités, ses enjeux personnels, ses failles, ses contradictions. Si bien que l’on peut facilement se retrouver quelque part dans cette difficulté à communiquer parfois, à être ensemble, ou même simplement, à être avec soi. Et c’est finalement plutôt un bel hommage que rend ici David Basant à sa psy, Elsa Cayat, victime de l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015, et à laquelle cette pièce est dédiée.
Ainsi, dans son genre, Pour le meilleur et pour le dire remplit efficacement sa mission en nous offrant un moment de théâtre divertissant et agréable. Alors non, ce ne sera pas l’un de nos coups de cœur de l’année. Mais oui, nous avons passé une très bonne soirée en compagnie de cette sympathique équipe. Alors si vous êtes amateur de vaudevilles, foncez, vous ne devriez pas être déçu.
Pour le meilleur et pour le dire, de David Basan & Mélanie Remaux, mise en scène David Basant, avec Tessa Volkine, Roger Contebardo ou Cédric Carlier, Edouard Giard ou Virgile Daudet, Caroline Bresard ou Florence Hebbelynck, Céline Perra ou Gaëlle Bourgeois ou Charlotte Darragon, se joue jusqu’au 27 août 2023 au Théâtre Lepic.
Avis
David Basan & Mélanie Remaux, les plumes de cette pièce, sont psychologue et coach pour elle, auteur de théâtre et coach en communication pour lui. Ils ont ici privilégié une écriture "au plateau". Ainsi, c'est à travers des improvisations des comédien.e.s à partir du script rédigé que chacun de ces personnages a pu trouver "sa vérité".