Police est un titre trompeur. Anne Fontaine ne signe pas là son premier film policier mais continue son observation humaine dans un long-métrage porté par de superbes acteurs.
Police nous conte, au détour des portraits de trois policiers parisiens, la prise de conscience de ses derniers lors de la reconduite d’un étranger à la frontière et de sa mort certaine.
Anne Fontaine, malgré plusieurs films inégaux au sein d’une impressionnante filmographie, a toujours su s’entourer de grands acteurs. On peut ainsi citer des noms tels qu’Isabelle Huppert, Naomi Watts, Benoit Poelvoorde où encore Fanny Ardant qui ont su livrer derrière la caméra de la réalisatrice des performances qui valaient à elles seules la qualité de plusieurs de ses longs-métrages.
Strip-Triste
Police ne déroge ainsi pas à la règle. Le dix-huitième long-métrage de la réalisatrice est une fois de plus porté par de superbes interprètes. Le trio Virginie Efira (qui demeure actuellement l’une de nos plus grandes actrices), Omar Sy (désarçonnant de justesse) et le toujours formidable Grégory Gadebois ne faillit ici pas à sa réputation en livrant des prestations fortes qui mènent vers le haut un film qui observe l’humain dans toute sa torpeur.
Car Police n’est évidemment pas un film policier, et le film d’Anne Fontaine ne s’y essaye même pas. Dès le début, le long-métrage joue de la déconstruction du récit pour nous faire observer par le prisme de chacun de ses personnages un quotidien asphyxiant dont la profession éloigne de problèmes pour un échappatoire malheureusement tragique. Police les regarde se débattre, dans de labyrinthiques dilemmes qui auront malheureusement raison d’eux-mêmes.
Le film épouse ainsi la sécheresse de ces sombres quotidiens, et déshabille ici les gardiens de l’ordre de leur uniforme pour les observer au plus près de leur âme, même lorsque l’un des personnages ne s’en séparera quasiment jamais. La force du film est donc une fois de plus la prestation de ses acteurs, ici véritablement habités par leurs personnages, dont Anne Fontaine filme l’étouffement, en ne s’encombrant jamais des codes du film policier pour une observation humaine et sociétale aussi noire que forte.
Police se déleste ainsi de la tension propre au film policier pour n’en conserver que le climat aride et observer ses personnages pris dans la torpeur pour un film aussi sec qu’émotionnellement fort.
Police est sorti le 2 septembre.
Critique écrite par Kantain.