Planète B arrive via la promesse d’un récit cyberpunk se déroulant dans un Grenoble futuriste, où les environnements virtuels servent désormais de prison à un État aux mesures extrêmes. Mené par Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub, cette proposition de cinéma de genre français vire malheureusement à la série Z sans grande ambition !
On observe une vraie résurgence du cinéma de genre français ces derniers temps (Le Règne Animal, Vermines, Gueules Noires, Mars Express ou même L’Amour Ouf). Les résultats sont certes disparates en terme de qualité, mais la preuve que le système hexagonal est animé de vélléités artistiques variées pour conter des histoires de tout type. Planète B débarque donc avec une promesse simple : de quoi est fait notre futur proche ?
Planète B, le futur dystopique pour les boomers
Nous sommes à Grenoble en 2039, tandis que les fractures sociales et la non-communication entre le peuple et l’État a atteint un point de division sans précédent. Planète B introduit ainsi 2 protagonistes : Julia Bombarth (Adèle Exarchopoulos) est une militante renégate arrêtée avec un autre groupe d’activistes après la mort accidentelle d’un policier ; Nour (Souheila Yacoub) est un ex-journaliste Irakienne reconvertie en femme de ménage sur le sol français et dont le visa va expirer.

Tandis que cette dernière va tomber sur un curieux module VR dernier cri au sein des locaux où elle travaille, Julia et ses amis vont se retrouver au sein de la Planète B, une prison virtuelle fait pour rééduquer la jeunesse. Prenant la forme d’une bâtisse balnéaire chaleureuse, le lieu va rapidement virer au cauchemar pour les personnages… mais aussi pour le spectateur !
Ambitions au rabais pour idées anémiques
Car oui, Planète B accuse d’entrée de jeu d’un flagrant manque de budget vu ses ambitions sur le papier. Pourtant, le manque de moyens n’a jamais été un argument, parvenant très souvent à contourner des contraintes matérielles ou techniques. Au contraire, c’est dans ces culs-de-sacs que la créativité naît, et le film d’Aude-Léa Rapin semble initialement contrer les sentiers battus du cinéma d’anticipation via une intro plutôt efficace encapsulant tous les enjeux du film.

Plans au drone, décors désolés minimalistes, plans de rue légèrement « Les Fils de l’Homme du pauvre »… le tout a le mérite de poser relativement efficacement son contexte. Mais rapidement le bas blessera à tous les niveaux : si le cadre en apparence idyllique de la Planète B offre un contraste intéressant vis-à-vis de sa véritable nature, le film ne va strictement rien faire pour jouer avec les attentes du spectateur ni même avec les possibilités de son setting.
Pire, le rythme en pâtira drastiquement à chaque retour au sein de cette station balnéaire sans réelle singularité, préférant faire cabotiner son casting dans des échauffourées verbeuses sans poids ni émotion. Un comble lorsqu’on veut traiter du devenir d’individus disparus, sans pour autant donner de vraie place aux quidams ou à leur famille à l’extérieur. On se contentera seulement de quelques saillies de montage nuit/jour (oui ça ne vole pas haut) allié à un sound design plutôt efficace pour tenter d’illustrer le processus de torture orchestré. Mais même là le goût de trop peu est prépondérant sur les 2h de Planète B !
Bonne protagoniste au sein d’un casting en roue libre
Outre des comédiens embarrassants, même Adèle Exarchopoulos laisse l’impression d’être en pilote automatique en jouant un personnage sans aspérité et complètement passif. Là où le métrage se réveille heureusement tient dans son autre personnage joué par la toujours impeccable Souheila Yacoub (Les Femmes au balcon, Climax).

Une protagoniste proactive, définie par l’urgence de trouver un moyen de ne pas être expulsée, mais qui se révèlera peu à peu dans la mise en lumière de ce qu’est la Planète B (le tout en anglais !). C’est dans ces instants que l’intrigue trouve sa voie, avant que le retour disruptif aux chamailleries de cour de récré du milieu carcéral ne vienne mettre de nombreux coups d’arrêt à un univers jamais réellement traité.
Et pourtant, malgré des thématiques complètement survolées (n’est pas Kathryn Bigelow qui veut malheureusement), c’est bien l’ennui qui prévaut dans ce Planète B aussi fade qu’impersonnel. Casting globalement aux fraises, personnages mal dégrossis et insipides, production design inexistante, mise en scène sans point de vue… du cyberpunk à chiens en somme !
Planète B sortira au cinéma le 25 décembre 2024
avis
Malgré ses ambitions thématiques sur le papier, Planète B vire au Z aussi rapidement que de manière spectaculaire : script en pilotage automatique, mise en scène impersonnelle, casting en roue libre, idées au rabais, rythme poussif... seule la talentueuse Souheila Yacoub surnage dans ce film d'anticipation définitivement raté qui n'a rien à dire.
Un commentaire
Bonjour,
Je ne suis pas persuadé que les grands réalisateurs français de cinéma emploient cette jeune actrice – alias, Adèle Exarchopoulos – à sa juste valeur. Avec sa « bouille constamment boudeuse », des réalisateurs de cinéma et de télévision pourraient lui concocter des « rôles sur mesures ». Un avis personnel que je partage avec moi-même !