Sorti sur Netflix en janvier, Pieces of a Woman se penche sur le deuil d’une femme ayant perdu son bébé quelques minutes après sa naissance.
Presque sans prologue, Pieces of a Woman nous plonge très rapidement dans un accouchement qui durera près d’une vingtaine de minutes à l’écran. Pas question ici d’enjoliver la chose, au contraire, tout y est dépeint sans tabous et de façon assez crue. Voilà donc une entrée en matière percutante qui contraste avec ce qu’on a l’habitude de voir et qui nous promet un film qui sortira des sentiers battus.
C’est en partie le cas. L’intention de la scénariste, Kata Wéber, n’est pas de s’enfoncer dans une intrigue centrée sur le procès de la sage femme qui pourrait être reconnue coupable de la mort du nouveau-né. L’histoire est ailleurs et se veut plus incarnée. Le film de Kornél Mundruczó accorde en effet une place très singulière à la maman qui vient de perdre sa petite fille et qui se retrouve confrontée aux attentes des uns et des autres concernant son propre deuil. Pieces of a Woman déconstruit ainsi l’idée qu’il y aurait une bonne ou une mauvaise façon de faire son deuil.
Pour porter cette vision très intime du deuil, le réalisateur peut compter sur la très talentueuse Vanessa Kirby. Loin de proposer une vision mélodramatique des sentiments de son personnage, la comédienne sait parfaitement peser les émotions de l’héroïne qu’elle incarne pour les faire éclater au bon moment. Pièce maitresse de ce long métrage, sa nomination aux Oscars dans la catégorie meilleure actrice n’a pas de quoi surprendre.
Pieces of a Woman n’a pas été nommé pour l’Oscar du meilleur film
Le scénario ne laisse, néanmoins, pas beaucoup de place à son partenaire de jeu, Shia LaBeouf, interprétant son compagnon. Si le couple fictif annonce dès le début du long-métrage former une équipe, la suite de Pieces of a Woman démontrera le contraire. A tel point que le personnage du père – lui aussi dans les tourments de la perte de son enfant – nous deviendra complètement antipathique. En choisissant de le mettre de côté, la scénariste occulte presque complètement la vision du deuil paternel qui apparait ici comme un chainon manquant de l’histoire et qui aurait mérité qu’on s’y intéresse un peu plus (surtout dans un film durant plus de 2 heures).
Après une entrée en matière percutante, et malgré un bon ensemble narratif, Pieces of a Woman se perd dans le drama et finit par nous offrir des poncifs sur la vie et la renaissance (symbolisés par les pommes). Un écueil poussant, certes, à l’optimisme mais qui se situe à l’exact opposé de la volonté – visible dans les premières minutes de ce long métrage – de proposer quelque chose de nouveau et de plus ambitieux.