Netflix vient de proposer la troisième saison de Ozark, laquelle se termine mieux qu’elle ne commence, malgré des développements de personnages pertinents.
Alors qu’ils continuent à blanchir l’argent du cartel Navarro, les Byrde essuient des perturbations qui viennent de l’extérieur comme de l’intérieur de leur famille. Initié avec sa saison 2, Ozark continue de faire la part belle aux personnages féminins et développe ses intrigues personnelles plutôt que de verser dans la nième série sur les cartels de drogue.
La série créée par Bill Dubuque souffre pourtant de trop diversifier ses arcs narratifs. L’intrusion du FBI dans le système financier du casino des Byrde, l’arrivée du frère de Wendy ou les relations particulière entre cette dernière, l’avocate et le parrain Navarro sont autant de divergences qui peinent sur la durée. Néanmoins, même si on chouine, Ozark reste une très bonne série dans laquelle on sent bien que Netflix met le paquet dans l’étude de ses personnages et dans son ambiance oppressante, sur le papier comme visuellement.
Noir c’est beaucoup trop noir
De nouveaux joueurs font leur entrée dans cette nouvelle saison de Ozark. Focalisés sur l’arrivée de Tom Pelphrey en tant que frère bipolaire de Laura Linney, ces nouveaux épisodes préfèrent développer les intrigues personnelles à l’extension du réseau de blanchiment. Des séquences à l’émotion palpable qui permettent de dynamiser les liens entre les protagonistes. A l’instar de Jason Bateman qui reprend différentes combines après avoir laissé le devant de la scène à sa femme ou l’excellente Julia Garner. L’occasion de développer les relations gravitant autour de la famille, comme l’omniprésence de l’avocate arriviste qui montre la toute puissance des femmes à la tête des cartels et ce même face à l’introduction de Navarro himself et de ses méthodes de torture. Paradoxalement, des personnages très importants tendent à s’éclipser au profit de nouveaux peu indispensables et le show semble en pâtir.
Peut-être parce que le show expérimente avec une narration beaucoup plus sombre que jamais, mais les enjeux se font plus tendus qu’à l’accoutumée. Fini les temps jadis où la réalité mexicaine n’était que fantasmée, cette fois Ozark nous emporte de l’autre côté de la frontière où la guerre entre les cartels fait rage. Têtes coupées, séquestration, assassinats, tout est là pour instaurer une pression folle jusque dans les relations familiales entre Wendy et Marty, aux répercussions psychologiques incroyablement justes. Dommage que l’intrigue fasse par moment du surplace, notamment quand la fin du show paraît s’accélérer alors que plusieurs épisodes centraux patauds et dispensables.
Mais il est forcément de bon ton de noter que la magie de Ozark opère toujours via une réalisation magnifique, sordide et léchée. Jason Bateman officie encore une fois derrière la caméra des deux premiers épisodes et continue de peindre le ton pour une saison qui se termine par un climax d’une violence rare. Oppressée par des tons gris et bleus immuables, la caméra n’est elle même que distanciation clinique où les lents travelings circulaires lorgnent et mettent les protagonistes dans leurs retranchements. Tout n’est que sourde tension, une constante mise sous pression quand des vagues de violences plein cadre viennent perturber le délicieux malaise narratif dans lequel on évolue.
Si la tension scénaristique de cette saison 3 de Ozark pâtit d’un faux rythme allié à des développements de personnages peu indispensables, Netflix frappe encore un grand coup dont on attend maintenant la transformation tant espérée.