Avignon 2024 – Oksana de Stargi Skalat : il était une voix…

Oksana de Stargi Skalat nous emmène en musique et en poésie à la rencontre d’une jeune femme ukrainienne qui se rêve chanteuse en France.

Oksana de Stargi Skalat est un petit bijou brut. Un spectacle dont vous n’entendrez probablement pas parler, et pourtant ! Il le mérite amplement, et c’est pourquoi nous sommes heureux de nous y attarder. La comédienne et chanteuse Oksana Zhuravel-Ohorodnyk livre ici une prestation théâtrale et musicale de toute beauté, inspirée de son histoire

Quand le rêve devient réalité

C’est un peu par hasard que nous nous sommes retrouvés devant ce spectacle qui n’était pas prévu à notre programme. Le fameux « hasard » qui fait si souvent bien les choses… Une rencontre, un échange, une place qui se libère dans notre planning, un peu de curiosité, et nous voilà à verser quelques larmes devant l’authentique beauté d’une voix, d’une présence, d’une histoire.

Celle d’Oksana Zhuravel-Ohorodnyk, née dans le village de Staryi Skalat, en Ukraine. Une adolescente qui, devant le miroir de sa chambre, reprend des tubes de Céline Dion et se rêve chanteuse dans la ville si romantique de Paris. Une jeune femme que le hasard (encore lui) amène au bon endroit au bon moment, dans sa robe brillante : un concert lors de la fête du village auquel elle remplace au pied levé l’artiste qui ne peut pas se produire. Alors son rêve est peut-être là, à portée de main…

Une artiste lumineuse

Nous avons eu un coup de cœur pour cette jeune femme solaire et sa voix merveilleuse. Pour cette manière si simple, si vraie, et si jolie avec laquelle elle nous conte et nous chante son histoire. C’est d’abord en grenouillère dans sa chambre d’enfant qu’elle nous apparaît. Là où le rêve est né. Elle prend d’abord le temps de nous regarder, silencieuse, puis nous raconte l’essentiel. Son enfance dans ce village d’Ukraine auprès de ses parents, son frère, ses deux chiens… et toutes les créatures imaginaires que son père inventait dans les histoires qu’il lui contait. Et puis Amir aussi, son amour secret, mais pas assez riche pour sa mère qui lui cherche désespérément un mari.

Dans l’intimité de cette chambre, c’est comme une confidence qu’elle nous livre. Elle a 17 ans et veut devenir chanteuse, rêve de Paris, idolâtre Céline Dion. Très habilement accompagnée au piano par Sébastien Lanz, dont les interventions musicales sont toujours intelligemment placées, elle nous livre quelques chansons qui s’intercalent parfaitement au récit. Des textes qu’elle aime, qui la racontent aussi, et qui révèlent une voix absolument sublime. L’émotion n’a d’ailleurs pas tardé à nous attraper. Que c’est beau, et pur, et si plein d’humilité et de générosité…

Oksana de Stargi Skalat, un enchantement

Une émotion et une poésie de laquelle son toutefois venus nous tirer certains moments d’interaction trop directe avec le public, dommage. Mais le spectacle est tout neuf, et déjà si réussi que son avenir est prometteur. Et puis, l’émotion, on y retourne vite. Dès que cette artiste ensorcelante s’empare à nouveau des mots de Céline Dion, de Louane, de Brel, ou nous délivre un superbe chant ukrainien.

Et tandis que nous la regardons s’approcher si près de son rêve, la petite fille hésitante s’évanouit peu à peu, laissant place à une posture, à un regard, à une attitude assurée, celle d’une femme prête à conquérir ses rêves avec passion. Alors bien sûr, il y a la vie qui joue des tours, les obstacles qui se présentent, la guerre évidemment, impossible à ne pas évoquer, mais qui ne vient à aucun moment recouvrir l’histoire. La poésie, l’enthousiasme, l’humour aussi, sont plus forts que tout. Et cette voix presque miraculeuse semble avoir le pouvoir inouï d’éclairer toutes les ombres.

Oksana de Stargi Skalat, mise en scène et musique live Sébastien Lanz, avec Oksana Zhuravel-Ohorodnyk, se joue du 3 au 21 juillet 2024, à 20h15, au Théâtre Humamum.

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